78. Òîæå, ãåí. Åðìîëîâà ê ãåí.-ì. Ïåñòåëþ, îò 18-ãî ñåíòÿáðÿ 1818 ãîäà.— Êð. Ãðîçíàÿ.

J'ai appris avec plaisir les nouvelles que vous me donnez sur Moustapha-khan, et je desirerais que ces contrees fussent tranquilles un certain temps. Il faut cependant s'en assurer davantage, car le rapport du major Baratoff sur les preparatifs qu'il faisait ne peut pas etre tout a fait denue de verite. Quand vous aurez, mon General, des renseignements certains la-dessus, vous pourrez occuper votre camp plus longtemps et ne partir que quand vous aurez epuise tous les moyens pour avoir des otages, et encore faudra-t-il choisir un pretexte decent pour retourner sans avoir obtenu de succes. Je compte pourtant sur la reussite.

Je suis tres fort de votre avis que le khan d'Avar et l'Outzmey voudraient que vous rentrassiez dans vos cantonnements de Kouba, pour faire voir aux Akoucheliens et Baschliens leur puissante influence sur nos affaires, et peut-etre meme persuader a ces peuples credules qu'ils nous inspirent de la crainte. Il faut rester, General, jusqu'a ce que la rigueur de la saison ne vous force a partir.

Tachez de vous attacher Emir-Gamza, s'il est reellement aime par le peuple de Baschly; faites lui expliquer par quelques-uns de nos officiers que l’Outzmey veut le perdre dans l'esprit des Russes. 11 faut semer la discorde parmi eux, sans que le Schamkhal s'en apercoive, qui, dans l'etroite liaison ou il est avec l’Outzmey, peut lui ouvrir les yeux sur notre conduite; c'est pourquoi vous devez vous tenir a l'ecart et ne pas agir vous meme dans des cas pareils. Si le fils de l’Outzmey vient aupres de vous, vous le recevrez bien, pour lui oter tout soupcon de la mefiance que nous avons contre son pere.

Menagez le Schamkhal autant que possible, mais chargez Aga-beck, lorsqu'il sera de retour de Chirvan, de lui faire comprendre que Kazamche ne peut lui etre rendu que quand nos troupes auront une station permanente a Tarkou (comme il l'a lui-meme desire); qu'alors, protege par elles, il pourra posseder Kazaniche sans craindre de le perdre. Il ne vous convient pas d'avoir avec lui a ce sujet une exphcation qu'il ne manquerait pas de prendre pour un refus motive par mes ordres, ce qui me compromettrait vis-a-vis de lui, car je veux que l'espoir des secours le soutienne dans le zele et la bonne volonte qu'il nous fait voir jusqu'a present. Vous me pardonnerez, General, si je ne suis pas tout a fait de votre opinion sur Aslan-khan. Le connaissant pour un homme assez bete et beaucoup trop ivrogne, je suis cependant tres lom de le croire traitre il doit tout a la bonte de l'Empereur et ne peut meconnaitre l'interet qu'il a de rester fidele. Je ne disconviens pas que par son peu de ressource il ne nous soit mutile, mais jamais il ne hasardera de vouloir contrarier nos interets, a moins que ce ne soit par betise. L'admmistration vicieuse de sa province ne differe en rien de l'administration des autres etats, et c'est un mal qu'il faut supporter un certain temps, faute de moyens d'amelioration.

Il ne faut pas non plus le forcer d'habiter Kourag, car en hiver cela l'assujettirait a de graves inconvenients. Ne precipitez rien, General, la situation tranquille et heureuse des habitants de Kouba donne une bonne lecon aux voisins et aux autres peuples, pour desirer d'appartenir a la couronne et de se soustraire a la tyrannie de leurs maitres. Tout viendra avec le temps et plus tot qu'on ne le croit.