538. Отношение гр. Нессельроде к ген. Ермолову, от 19-го июля 1824 года, № 573.

От поверенного нашего в делах в Персии получена мною депеша из Тифлиса от 8-го марта. В ней заключается донесение о новейших происшествиях в Персии, наиболее заслуживающих внимание, и изложение двух политических событий, которые, по мнению его, должны произвести невыгодный переворот для сношений наших с Тегеранским двором. Сии последние суть. 1-е, принятая решимость со стороны Великобритании вверить все дела свои относительно Персии Ост-Индской Компании, вследствие которой Англия не будет впредь иметь непосредственного своего агента в Персии, а таковой присылан будет из Калькуты, и 2-е, заключение в Лондоне, 15-го июля прошлого года, условия между Англиею и Персиею, на основании которого должна быть учреждена в Адербейджане Англо-Немецкая колония, имеющая целью, по словам Мазаровича, служить Персии прочным оплотом против замыслов ее соседей.

На оба сии события взирает помянутый поверенный в делах с ошибочной точки и входит по предмету оных в разные суждения, которые показывают, что он ожидает от того неминуемо произойти имеющего вредного действия на влияние наше в Персии и выводит заключения о неблагонамеренности политики Англичан.

Таковые мысли его признаны Г. И. несоответствующими прямым понятиям политическим и я получил Высочайшее поведение дать Мазаровичу нужные по сему предмету наставления, содержащиеся в депеше моей в нему от сего числа.

Препровождая при сем означенную депешу, как равно копию с оной к сведению в. выс-а, прошу первую приказать доставить по принадлежности.

Присутствие Мазаровича в Тавризе необходимо нужно, как он и сам замечает в своем донесении, и я не сомневаюсь нимало, что он туда уже отправился и усердною своею деятельностью возобновит опять и утвердит прежние свои связи, кои поставят его в возможность продолжать свое служение с пользою для дел наших. Если же паче всякого чаяния он находится еще в Тифлисе, то в таком случае прошу вас предписать ему, дабы он отправился к своему посту.

Депеша гр. Нессельроде к к. с. Мазаровичу, от 19-го июля 1824 года, № 572.

J'ai recu les rapports que tous m'avez adresses en date de Tiflis, le 8 (20) mars Comme ce travail se divise en deux parties distinctes dont l'une developpe le point de vue sous lequel vous envisagez le changement des relations diplomatiques, survenu entre l'Angleterre et la Perse, et l'autre presente un expose des faits, je vais suivre dans ma reponse l'ordre qne vous meme avez adopte

Nous n'avons pu nous empecher de remarquer avee peine que vos raisonnements snr la politique de l'Angleterre offrent des traces de preventions et une tendance absolument divergente de la ligne qui vous a ete tracee par vos instructions du 18 aout 1823. Ces instructions indiquaient a la fois, dans les termes les plus explicites, le but que Sa Majeste Impenale se propose d'atteindre en Perse, la nature des relations qu'il nons importe d'y conserver, de meme que les principes qm doivent diriger invariablement votre conduite et votre langage dans l'accomplissement de tous les devoirs attaches au poste que vous occupez.

Maintenir les traites existants, etendre le commerce qui se fait entre les deux Etats, fortifier a Teheran et a Tauns une confiance salutaire dans la droiture de nos vues et le desinteressement de nos conseils, tels sont les resultats auxquels l'Empereur borne ses voeux par rapport a la Perse Mais Sa Majeste n'ambitionne point d'y accroitre son influence au dela de ce qui est necessaire pour remplir les objets ci-dessus designes Nous ne voulons pas nous immiscer dans les affaires interieures Ide ce pays, et la concurrence des etrangers nous inspire d'autant moins d'inquietude, qu'elle n'a apporte jusqu'a present aucun prejudice reel a nos interets; encore moins semble-t il en etre resulte pour la Perse elle-meme une cause de danger eloigne ou prochain. [294]

Nous ne saurions voir en effet dans le rappel de Mr. Willock et dans la resolution qne le cabinet de St James a prise de confier desormais Bes rapports arec la Perse aux soins du Gouverneur-General des Indes, le projet d'assu-jetir un des etats les plus considerables de l'Asie au regime des peuples indiens tributaires de la Grande-Bretagne Si l'on devait tirer quelque induction d'une pareille mesure, il serait bien plus naturel de supposer que l'Angleterre, justement offensee de la conduite que l'on a tenue envers Mr. Willock, ne veut plus avoir de representant aupres d'une Puissance qui respecte aussi peu le caractere des agents publics Mats quoiqu'il en puisse etre, le cabinet de Londres n'aura point renonce sans donte a un moyen d'action et d'influence directe, en rappelant sou charge d'affaires; il n'aura pas fait prendre a ses communications avec la Perse un detour qui les rendra necessairement plus languissantes, dans la vue de mieux etablir sa suprematie et d'exclure toute rivalite du dehors Cette combinaison serait doublement fausse, en ce qu'un agent de la Compagnie des Indes qui tiendra ses pouvoirs d'une autorite intermediaire, ne jouira assurement point a la cour de Perse de la meme consideration m du meme credit qu'un envoye nomme par le Monarque et revant directement de son ministere.

Or, s'il est difficile de croire que des vues ambitieuses aient gnide le gouvernement Britannique en cette occasion, nous ne voyons aucun motif d'apprehender les consequences qm, selon vous, doivent frapper d'une sterilite irremediable nos relations fntures avec la Perse. De ce que les envoyes du Schah n'arriveront plus a Londres, et que les affaires se traiteront dorenavant a Calcutta, vous concluez que la Perse verra tarir les sources d'ou decoulait sa civilisation naissante, qu'elle ne sera plus a meme d'etudier les voies du perfectionnement social, ni d'etre eclairee sur ses veritables interets, enfin qu'elle se detachera entierement de l'Europe. Certes de pareilles craintes nous semblent fort exagerees. Les progres de la civilisation et des lumieres parmi les Persans dependent beaucoup moins des voyages assez rares de leurs ambassadeurs dans les etats d'Europe, que de l'affluence des Europeens en Perse, de l'accueil qu'ils y obtiennent et des disposition personnelles des princes qui gouvernent ces contrees. Nos rapports avec elle sout fondes sur la situation limitrophe des deux Empires, sur les convenances d'un commerce reciproquement avantageux, et ces causes portant en elles-memes la garantie de leur duree, doivent nous rassurer completement quant aux suites des liaisons intimes qne la Perse pourrait former ailleurs Nous ne voulons d'elle, je le repete encore, que l'exacte observation des traites existants, nous lui devons a notre tour les bons procedes qu'elle peut attendre d'un loyal voisinage et d'une amitie sincere, mais Sa Majeste l'Empereur est loin de se croire appele a embrasser dans sa sollicitude les futures destinees d'une monarchie etrangere et independante

Ces principes se trouvent consignes avec plus de developpement dans vos dernieres instructions Je ne puis donc, Mr , que vous inviter instamment a en faire l'objet de vos meditations les plus constantes Vous y trouverez la regle certaine de tontes vos demarches, et elles serviront anssi a vous marquer les limites dans lesquelles doit se renfermer votre correspondance, pour etre toujours satisfaisante et toujours utile

Le Ministere n'a aucune direction a vous donner relativement a la colonie anglo • allemande que l'on se propose de fonder dans l'Adzerbeidjan ? est indubitable que le gouvernement Persan est maitre de prendre a cet egard toutes les dispositions qu'il jugera necessaires, et puisque cette colonie doit se recruter de savants, d'artistes, de cultivateurs, de manufacturiers etc , nous ne saunons qu'applaudir a une mesure qui contribuera a naturaliser en Perse les connaissances utiles, a repandre ainsi les germes de cette civilisation dont vous avez craint, Mr , qu'elle ne restat privee

Je passe a la seconde partie de votre depeche, et il m'est infiniment agreable de vous dire que celle-ci a obtenu le suffrage de notre Auguste Maitre Les nouvelles dont vous nous faites part, sont pleines d'interet, choisies avec discernement, clairement exposees et l'on voit surtout qu'elles ont ete puisees a une bonne source Kons desirons vivement que la meme empreinte se retrouve dans tontes vos communications de ce genre

Vous me mandez, Mr , que l'on s'est prevalu a la cour de Perse de votre absence, pour combiner de nouveaux griefs ou plutot pour reproduire de nouvelles chicanes au sujet du traite de Gulistan, que l'on travaille egalement par toutes sortes d'intrigues a la ruine de votre credit. S'il en est ainsi, j'y vois un motif de plus de vous engager, Mr., a vous rendre sans delai a votre poste En reprenant les fonctions dont vous etes charge aupres du Prince Hereditaire de Perse, il vous sera facile, je l'espere, de faire disparaitre les impressions facheuses qui se sont elevees par suite de votre eloignement.