535. Äåïåøà ê. ñ. Ìàçàðîâè÷à ê ãåí. Åðìîëîâó, îò 21-ãî èþíÿ 1824 ãîäà, ¹ 69. — Òàâðèç.

Votre courrier et le Persan m'ont remis exactement vos depeches. Je m'empresse de vous en rendre graces et de vous faire part de mes conjectures sur l'entrevue proposee par le Naib-Sultan et gracieusement acceptee de V. Ex.

J'ai deja expose mes opinions clairement dans la depeche au Ministere Imperial que j'ai l'honneur, Mr. le General, de joindre ici en vous priant de l'expedier des que vous l'aurez lue. Il ne vous reste donc plus a apprendre que des accessoires qui vous regardent personnellement.

Son Altesse, si je ne me trompe, veut avoir le plaisir de vous voir dans la persuasion que ses caresses et ses flatteries gagneront votre ame genereuse et vous disposeront a lui etre favorable soit pour la delimitation, soit pour tout autre projet que son esprit a enfante ou enfantera lors de l'entrevue. On lui a mis dans la tete que l'Empereur se refuserait aux demandes que la Perse est disposee a lui faire, non a cause de ce qu'elles sont inadmissibles par elles-memes, mais en consequence de Panimosite avec laquelle V. Ex. se declarerait contre dans le cas ou le Ministere Imperial recevrait l'ordre d'en soumettre la teneur a votre appreciation Je connais l'employe Persan qui a ose insinuer a son Altesse qu'elle n'obtiendra aucun avantage par l'envoi d'un ministre a la cour Imperiale, tant que le General Yermoloff lui serait defavorable. ,,Faites en votre ami — a dit le conseiller au Prince — et alors vous aurez aisement les graces de l'Empereur. N'en est-il pas de meme ,en Perse? Qui pourrait vous decider a rendre une decision contraire aux v?ux du Serdar d'Erivan? Lui croiriez-vous moins qu'aux assertions des etrangers? Pourquoi voulez-vous donc admettre comme possible que Sa Majeste Imperiale veuille se rendre a vos declarations plutot qu'a celles que lui ferait son general? Voyez le auparavant, faites lui mille caresses et vous suivrez librement apres vos resolutions”. Ayant ete mis au fait de toutes ces considerations, je n'ai pas [292] hesite un instant, Mr. le General, de vous faire part du desir que son Altesse aurait de traiter en personne avec vous, car je presume que si nous ne reussissons point a le convaincre des torts de ses commissaires, pour ne pas dire des siens, il est du moins permis d'esperer que cette entrevue n'aura aucune suite facheuse. Son issue en tout cas justifiera nos commissaires et nous-memes aux yeux de notre Auguste Maitre.

Voila en deux mots la reponse que j'ai recue du Naib-Sultan a la communication faite relativement a votre consentement et a l'epoque de l'entrevue. Son Altesse prie de la remettre au mois d'octobre. Je crois, Excellence, que vous devez en etre content.

Dans dix jours nous allons a Sultanie. Je suis force d'y aller en compagnie du Prince, car je n'aimerais point qu'il put supposer que je veux intriguer aupres du Roi en quelque chose que ce soit. Son Altesse etant temoin oculaire de ma conduite, en tout franche et loyale, je reussirai peut-etre par son influence a me retablir dans les bonnes graces de son Auguste pere et a faciliter ainsi la marche de nos affaires, surtout de celle relative au consul.

Votre derniere depeche, sub ¹ 1908 me fait conclure que Mr. le conseiller d'Etat Vatzenko arrivera a Enzeli au plus tard a la meme epoque ou j'arriverai, moi, au camp de Sultanie. Je ne manquerai pas de suivre vos ordres avec zele et exactitude et si cet employe met, comme je n'en doute point, le meme empressement que moi pour le service Imperial, j'espere que nous ne tarderons pas a ecarter le sujet de vos justes apprehensions a son egard. Puisse la Providence eclairer les Persans assez pour qu'ils reconnaissent un jour tous les griefs que nous avons justement contre eux et que la patience, la sagesse et la bonte de mes chefs dedaignent de relever! Il est sur, Excellence, d'apres tout ce qui s'est passe et se passe sous mes yeux journellement dans cet Empire, que nous avons beaucoup plus de sollicitude que n'en a ce ministere lui-meme pour les interets veritables de son souverain. Je n'ai de ma vie recontre des personnes qui contrarient aussi decidement toute affaire quelconque comme ces messieurs le font, sans s'inquieter en aucune facon des suites que cela pourrait avoir et de la responsabilite qui tomberait a leur charge. La necessite seule corrigera le pouvoir que ces seigneurs prennent sur moi (?); la raison n'y peut plus rien. Cependant c'est uniquement a elle que je puis en appeler des torts que l'on voudrait nous faire essuyer sans cesse dans le pays.

J'ai pris la liberte, Mr. le General, de garder Simon, officier de police, porteur de vos depeches, ayant a lui confier Mamed-Ali de Chirwan, dont les affaires compliquees nous causent bien des embarras et des peines Ce prisonnier sera amene a V. Ex. sous peu de jours.

Toutes les nouvelles du pays se bornent a celles que j'ai eu l'honneur de transmettre au Ministere Imperial. Cependant, Mr. le General, il y a une anecdote qui est bonne a connaitre et qui vous fera apprecier au juste la valeur des serbazes et leur sort:

Il y a trois jours des gens de l'Emir-khan-serdar traversaient le bazar montes sur des mulets charges, au moment ou le bataillon de cette ville etait en marche pour aller aux casernes. Un des soldats ayant ete heurte rudement et outrage par un de ces gens, lui donna un soufflet. Il s'engagea alors une rixe a laquelle prit part le Serdar en personne a la tete de tout son monde. Deux serbazes perdirent la vie et 12 autres furent blesses dans ce tumulte. Le Serdar fit tant de train qu'hier les soldats recurent la bastonnade en presence du Prince-hereditaire, qui n'a pu refuser cette satisfaction a tous les Kadjars de la cour, qui la lui avaient demandee au nom de son oncle.