463. Донесение к. с. Мазаровича ген. Ермолову, от 7-го ноября 1821 года, № 210.

L'expedition du Naib-Sultan contre les Turcs est a son terme. Les troupes reviennent de tout cote et son Altesse lui meme est attendue en cette ville dans le courant de la semaine. Sa vengeance a ete exercee sur une etendue de presque 600 verstes de pays a la ronde. Une partie a ete saccagee pour avoir voulu s'opposer a la marche des Persans; l'autre a ete placee sous la protection immediate du Prince en recompense de sa prompte soumission La note ci-jointe, Excellence, vous fera connaitre les districts et villages compris dans la premiere et seconde categorie.

Selim-pacha de Mousch est le seul guerrier commandant qui se soit battu avec l'ennemi Avec 2 m. hommes d'infanterie et 5 m. cavaliers il a tenu bon une journee entiere. Le lendemain ce personnage s'est rendu le sabre au cou a la tente du Naib-Sultan, qui apres avoir fait l'eloge de la bravoure du pacha, l'a revetu d'un habit d'honneur et nomme Khan-beglerbeg du pays tombe en son pouvoir. Plusieurs canons ont ete cloues, d'autres ont ete laisses pour la defense des forteresses et tous ceux qui ont ete trouves avec le nom du Sultan Ahmed sont en route pour Teheran, comme trophees remportes sur les ennemis.

Mamed-Ali-mirza, soit par opposition a son frere, soit par l'influence des agents Britanniques qui depuis [252] quelque temps tachent de se rapprocher de plus en plus de la cour de Kirmanschah, n'a pas tenu la campagne avec sa vigueur accoutumee. Il s'est borne des le commencement a detruire quelques villages aux environs de Bagdad et est rentre bientot apres dans ses foyers, quoiqu'un des pachas ennemis se fut, dit-on, range du cote du Prince, avec 8 m. guerriers. Tout le monde ici, y compris les Anglais, soutient qu'au printemps prochain il y aura guerre a outrance entre la Turquie et la Perse. Je crois cela tres possible, mais dans le cas seulement ou Sa Majeste Imperiale serait dans la necessite de punir les Turcs. Mais si de notre cote il n'y a point d'hostilites contre eux, le Schah ne manquera pas de conjurer la tempete par des envoyes, des presents et par l'entremise des Anglais.

Je tiens d'une source tres sure, que par ordre de leur ambassadeur a Constantinople, le charge d'affaires de cette nation a fait son possible aupres des Persans pour qu'ils eussent a se tenir en paix et ne rompissent point leurs relations amicales avec la Sublime-Porte. Le Naib-Sultan s'etait meme engage a ne point depasser les frontieres. Cependant il lui plut de faire autrement et c'est alors, comme j'ai eu l'honneur dans le temps d'en rendre compte a Mr. le General Weliaminoff, que les officiers anglais quitterent le camp de son Altesse qui, par depit, leur fit enlever les mulets et les chameaux destines au transport de leurs effets, si bien qu'ils furent obliges de les transporter a Tauris sur des b?ufs et des anes. Le public en a bien ri et c'est pour la premiere fois qu'il m'est arrive d'observer que plusieurs seigneurs d'ici ont temoigne a cette occasion beaucoup de plaisir.

Une circonstance sur laquellle j'aurais bien souhaite, Mr. le General, de connaitre sommairement vos intentions et celles du ministere Impenal, c'est l'eventualite ou la Perse, venant a s'attirer des refus de l'Angleterre dans les differents entre elle et le Grand-Seigneur, me chargeait d'invoquer la mediation de l'Empereur: puis-je ou non lui faire esperer du succes? Par notre sollicitude pour la Perse ne gagnerions-nous pas a la cour du Schah et ici du credit et de la confiance en proportion? La Porte Ottomane ne verrait-elle pas par la decues toutes les esperances dont les Anglais peut-etre la berceront en representant aux yeux des Osmanlis le royaume de Perse comme un etat devoue exclusivement au cabinet de St.-James? L'Angleterre meme ne serait-elle pas forcee de baisser le diapason d'apres lequel ses agents ont accorde jusqu'a ce jour l'harmonie des pieces jouees sur les scenes de ces deux cours d'Asie? Je n'ose point, Excellence, m'abandonner davantage aux manifestations de

l'ame d'un employe qui doit faire dependre entierement ses vues de celles que vous daignerez bien lui communiquer sur un sujet digne de votre attention.

Dans le Pars il regne une epidemie (cholera morbus), qui a enleve de cette province presque 12 m. personnes en peu de jours Plusieurs enfants, la mere et des epouses du Schah-zade sont de ce nombre. Un de mes amis, consulte par le Schah, a soutenu en cette occasion que les Anglais seuls propageaient ce fleau par l'occupation des iles situees vis-a-vis du rivage de cette riche satrapie. On a defendu en consequence par interim toute communication avec les pays en proie a un ennemi si redoutable, de maniere que l'envoye extraordinaire de Bombay, Mr. Youks avec sa suite, n'a pas encore recu la permission de quitter Schiraz et de poursuivre son voyage jusqu'a Teheran. Je crains fort que pour l'ete prochain nous n'ayons a redouter nous-memes la fureur de cette epidemie d'autant plus inevitable qu'elle repand son venin dans l'air qui lui sert de vehicule. Que Dieu nous preserve a jamais de ce malheur!