455. Донесение к. с. Мазаровича ген. Ермолову, от 12-го октября 1821 года, № 165.

Vous savez bien si les Persans sont gens que l'on peut apprivoiser, surtout quand on a un tres-grand interet a le vouloir.

Si l'on ne dispose ici les esprits avant les incidents, il y a beaucoup de difficultes a surmonter au moment ou il importe d'etablir ces faits comme base de la marche d'une affaire quelconque.

Heureusement pour moi, des que j'eus connaissance de la conduite barbare des Turcs envers les chretiens, je ne me suis laisse guider par aucune autre consideration que le simple pressentiment que je pouvais bientot recevoir des ordres dont il fallait deviner la teneur.

La depeche de V. Ex., du 1-er juillet et celle du Ministere Imperial, parvenues le 23 aout, m'ont tranquillise, car elles ont trouve tout ce monde dans des dispositions conformes a vos desirs.

Le chemm une fois fraye, il m'a ete facile de pousser Paffaire en peu de jours au point qu'il depend maintenant de la volonte de l'Empereur de mettre les Persans aux prises avec les Turcs.

Ma depeche pour Mr. le comte de Nesselrode et l'annexee d'Abbas-mirza a mon adresse vous feront connaitre assez les intentions favorables de ce Prince a notre egard et les ennemis secrets que nous avons a redouter le plus en ce pays.

La semaine passee son Altesse m'a tenu a ce sujet les propos suivants: “De jour en jour nous devoilons davantage la mysterieuse conduite de nos soi-di-sants amis. Je suis attentif a les dejouer toutes les fois que je m'attends a quelque tour nouveau de leur part; mais ils savent me prevenir, surtout a Teheran, ou ils man?uvrent dans des tenebres que la lumiere de mes agents n'arrive pas a dissiper avec assez de promptitude pour que l'on reussisse a en arreter du moins les suites. Ils me doivent de l'argent qu'ils tardent de payer sous mille pretextes differents, et ces jours-ci j'ai reussi a leur arracher avec bien de la peine seulement un peu plus de 13 m. ducats (dix mille tomans) dont j'avais besoin pour les frais de mon expedition. Nous verrons comment le Schah decidera au sujet de l'ile occupee dans le golfe Persique; mais je puis dire d'avance qu'a la fin il s'en laissera imposera En attendant je prends la liberte, Mr. le General, de vous faire ressouvenir que nous avons en ce moment plus que jamais l'occasion d'etendre nos relations commerciales avec ce royaume. [247]

Les Turcs ont retire l'annee passee trois millions de ducats des marchandises qu'ils envoyerent de Con-stantinople ici, tandis que de notre part, depuis le mois de janvier, nos fideles Georgiens, Tatares et Armeniens n'importerent de Tiflis que la somme de 319,923 roubles argent en ducats de Hollande et Imperiales pour exporter d'ici du coton, taffetas, bourmet, des toiles imprimees etc. En marchandises ils n'importerent que la valeur de 32,973 ducats.

Ce bilan est bien defavorable pour nous, dont les provinces de Chirwan et de Karabagh, avec un peu plus d'industrie, devraient donner assez de coton et de soie pour pouvoir nous passer de la Perse et de l'Italie ensemble. J'ai l'honneur, Excellence, de joindre ici une note ou j'ai specifie tous les articles qu'on importe a Tauris et qui sont, je pense, le produit de l'industrie de Venise, de Trieste et de Marseille, par consequent de l'Autriche et de la France Maintenant que toute communication est rompue entre les Persans et les Turcs, Odessa et Moscou ne pourraient-elles pas fournir par la route du Caucase de quoi subroger aux marchandises ci-dessus mentionnees?

Pour que cette hypothese ait a se realiser promp-tement, j'ai besoin de faire connaitre notre Tarif qui, en m'apprenant les vues de notre gouvernement et les reglemens que j'ignore, me mettrait a meme d'eclairer les marchands d'ici et de traiter avec ce ministere de maniere que nous pourrions nous assurer un profit perdu jusqu'a ce jour et en jouir pour longtemps.

L'objet est digne, Mr. le General, de l'attention du Ministere Imperial et particulierement de la votre, car avec peu de peine vous rendriez le commerce de la Georgie actif, et par des virements utiles vous conserveriez du moins le numeraire qu'on enleve sans cesse aux provinces confiees a vos soins.

L'envoi prompt de consuls a Enzeli, Tauris et Erivan accomplirait un dessein qui a tant de part a la prosperite de l'Etat et sert plus que tout autre a rendre eternels les rapports d'amitie avec les voisms.

La grace speciale que j'implore, Excellence, c'est de recevoir sans delai vos instructions a ce sujet, car vous savez qu'en fait de commerce, comme en beaucoup de choses, la diligence preserve les entreprises de grands inconvenients qu'on n'est pas toujours a meme d'ecarter des qu'on laisse aux concurrents ou aux jaloux le loisir de faire des speculations les premiers. D'ailleurs il serait aise de porter ce gouvernement a reconnaitre dans un traite de commerce les intentions purement pacifiques de la Russie. j’ai deja sonde la-dessus le Vizir, qui m'a donne les plus belles esperances. Il ne depend donc que des ordres de mes superieurs de les voir accomplies.