444. Донесение к. с. Мазаровича ген. Ермолову, от 15-го мая 1821 года, № 87. — Тавриз.

L'entrevue du Roi avec le Naib-Sultan a Taroum eut pour effet le deplacement d'Ibrahim-khan, l'assassin du Prince Tzitzianoff, celui d'Ali-khan, vizir au Guilan, et l'injonction au Prince, gouverneur de cette province, de se rapporter, en tout ce qui regarde le ministere de la guerre, aux conseils, si ce n'est aux ordres d'Abbas-mirza.

Ibrahim-khan, ci-dessus nomme, a ete remplace dans son gouvernement d'Ardebil par le Serdar Mamed-khan Kadjar, personnage, a ce qu'on dit, fort respectable et creature du Schah. Le Muneddjim-baschi, chef des astrologues, est devenu vizir en Guilan avec la prerogative de ne rendre compte de son administration qu'au tresorier de l'Empire, duquel il a recu un plan de conduite et des reglements propres a tranquilliser les inquietudes des habitants de la province en question, — province depuis deux ans dechiree par des factions que l'esprit de vengeance ou de crainte, l'ambition, la jalousie ou l'avarice ont tour a tour augmente et entretiendront sans cesse. Apres avoir fait crever les yeux, couper le nez et les oreilles a plusieurs coupables, declares tels peut-etre faute d'argent, et apres avoir ex-torque par-ci par-la au moins 50 m. tomans, le Schah rentra a Teheran, aussi fier et content que s'il eut mis tous ses etats a l'abri des concussions auxquelles ils ne sont malheureusement que trop en butte et que Sa Majeste est jalouse de conserver, soit dit sans indiscretion, parmi les privileges exclusifs de sa royale dignite.

S. A. le Naib-Sultan fit une tournee du cote d'Ardebil, ou l'on pretend que par ordre et a charge de son auguste pere il se formera un bataillon d'infanterie et deux compagnies d'artillerie auxquelles on confiera le soin de veiller au bon ordre sur les frontieres.

La derniere emigration des Chachsewenes representee au Schah, j'imagine, comme une suite du peu de forces d'Adzerbeidjan, que Ton voudrait en pareil cas opposer d'une maniere efficace, determina Sa Majeste a promettre de contribuer a la formation et a l'entretien de cette nouvelle troupe qui ne^sera pas de sitot, ni meme toute entiere, je crois, sur pied, car elle augmenterait la jalousie parmi les princes, les depenses du Roi et peut etre meme sa mefiance. Ce jugement du moins est tire de ce qui s'appelle prevoyance et savoir-faire en Perse. En attendant:

12,000 hommes doivent marcher sans delai contre le Ehorassan ou la revolte est au comble et ou Sa Majeste veut aller en personne avec toute sa cour. L'intention est d'empecher les rebelles de faire la recolte, esperant par la qu'ils se rendront a discretion. Cependant, Mr. le General, je doute que la force suffise pour mettre a la raison des peuples dont le desespoir est une grande ressource contre un gouvernement qui ne sait point se contenir dans son avarice, ni se mefier de ses lumieres, et qui n'imagine pas devoir trouver d'obstacles, parceque le Schah-in-Schah a commande l'obeissance. Ce prejuge devenu dans l'Iran maxime d'etat, fera commettre bien des fautes au ministere Persan avant qu'il subisse une modification, car des fautes de cette nature se font longtemps. D'ailleurs il y a dans le Khorassan plusieurs tribus issues de la meme race que les Afghans et entre autres celle des Abdallas qui ont pour chef Mahmoud-schah, souverain d'Herat, Balk, Caboul, Candahar et de tout l'Afghanistan. Pour peu que les troupes de Feth-Ali-Schah aient le dessus, les insurges ne manqueront point de se faire soutenir par les Afghans, et quoique Mahmoud-schah soit surveille par Schah-Oulmoulk, maitre de Kaschemir, Pendjab, Moultan et ami des Anglais, il est tres naturel que les Abdallas du moins donnent du secours a leurs anciens compatriotes.

De plus Sa Majeste le Roi de Perse voudra-t-il [240] s'approcher de trop pres des etats ou les Anglais jetteraient tout de suite le germe de complications susceptibles de le forcer a la reconnaissance (?), dans un moment surtout ou le Schah pretend a une redevance que son ministere s'efforce de lui obtenir pour l'ile de Kisch qu'ils ont occupee, comme j'eus l'honneur dans le temps de le rapporter a V. Ex. En tout cas: Les pischkeschs flechissent toujours la colere du Roi des Rois, et ce n'est, je crois, que pour en recevoir de plus riches qu'il fait courir le bruit de son voyage au Khorassan.

Apres l'occupation de Kisch et depuis les expeditions que les Anglais ne cessent de faire dans le golfe Persique et contre l'Arabie, le Prince de Schiraz a cru bien de leur temoigner de la froideur, du mecontentement et peut-etre meme de l'indignation, ce qui n'etant m dans l'habitude m dans la volonte des Anglais de supporter, ils rappelerent leur consul de Bender-Bouschir et donnerent a tout le commerce qui se faisait par Schiraz en Perse la direction formelle de suivre par les etats de Mamed-Ali-mirza. Cette mesure, independamment de l'augmentation de 60 m. tomans qu'elle apportera aux revenus de ce fils aine du Schah, cette mesure, dis-je, ne manquera pas de le reconcilier entierement avec la nation, qui procure toute sorte d'avantages a son frere puine et qui parait en ce moment fort decidee a en faire autant avec son rival.

Daoud, pacha de Bagdad, a aussi encouru la dis- j grace des Anglais. Par un traite particulier leurs marchandises ne sont assujetties a payer de ce cote-ci que le 3%, avantage que leur residant dans cette ville, Mr. Ritch, pretend etendre meme a ses proteges. Les contestations qui eurent lieu a cette occasion avec le pacha firent prendre a Mr. Ritch la resolution de quitter sa place et de defendre a tout vaisseau anglais l'entree a Bassora, ce qui ne doit etre fait certainement que d'apres les ordres de la Compagnie des Indes, surtout si l'on considere l'espece de siege que le chef des Moutefiques, tribu Arabe cantonnee entre le Tigre et rEuphrate, forte de 40 m. familles coalisees ensemble avec toutes les autres tribus d'alentour, a mis a la ville de Bassora en consequence et immediatement apres la sortie de Mr. Ritch 1 de Bagdad. Le dommage eprouve par cette province doit etre bien sensible, car elle ne saurait point subsister sans le riz des Indes, et de plus le pacha ne pourrait plus exporter le cuivre qu'il donnait en echange.

Pour ce qui regarde les articles manufactures des Indes, debites en Turquie, l'on affirme que Mehmed-Ali-pacha d'Egypte s'oblige a garantie de leur faciliter tous les moyens possibles, si on les fait passer par Suez au Caire et a Alexandrie, ne demandant pour cela que le 12% de frais, et en ce cas les Anglais auraient leur communication etablie entre les Indes et l'Europe de 80 a 90 jours. Quel que soit, Mr. le General, le degre de certitude que l'on donne a ces nouvelles, je ne me tiendrai qu'aux faits suivants

Mehmed-Ali-pacha, avec la permission de la Compagnie des Indes, a fait construire a Bombay plusieurs corvettes, du port de 40 canons, qui l'ont accompagne deja dans ses expeditions contre les cotes de la Nubie. De leur cote les Anglais se sont rendus maitres des iles situees dans le Bab-el-Mandeb, apres avoir parcouru avec 5 m. hommes d'infanterie et un escadron d'artillerie a cheval (12 pieces) sous les ordres du general Smith tout le Yemen, ou le beau royaume de la ci-devant Saba de l'Ecriture. Il est vrai que dans une de ces expeditions ils ont perdu cinq canons, deux obus, plusieurs officiers de merite et 400 a 500 soldats, par la valeur de la tribu Ben-Abou-Ali, mais tout recemment ils ont reussi d'en tuer le chef, massacre plus de 600 habitants, hommes, femmes et enfans au chef-lieu de cette tribu et repandu partout la terreur, au point que Sana et Moka ont cede par un traite ce que les cheiks n'auraient pu non plus refuser par la force s'ils avaient ose y recourir.

Que dirai-je a V. Ex. de la Turquie? L'on a soin de repandre tant de bruits differents et si contradictoires, qu'il est inutile, je crois, d'en faire aucun cas. Cependent j'ai l'honneur de vous assurer, Mr. le General, que si le pacha de Bagdad, le seraskier et le pacha de Kars avaient un peu plus de confiance dans leurs forces et moins de responsabilite vis-a-vis du Sultan, ils s'accorderaient pour faire la guerre aux Persans, tandis qu'ils se contentent de gener seulement leurs communications. Ici l'on dit au contraire qu'il y a eu des hostilites entre nous et les Turcs. Son Altesse et le Kaimakam me questionnerent a plusieurs reprises a ce sujet, quoique je n'aie jamais cesse de leur representer combien les Turcs etaient heureux de ne pas douter des intentions pacifiques de Sa Majeste Imperiale, et combien pourrait etre nuisible a leurs interets toute infraction au traite qui regle invariablement le cabinet de St.-Petersbourg.

Des gens venus de la Tartarie independante a Teheran, ont apporte la nouvelle qu'un ambassadeur Busse (Mr. Negri), escorte par des soldats et un canon etait arrive a Boukhara, ou il fut accueilli avec des marques du plus grand respect, quoiqu'au commencement l'on [241] eut fait des difficultes a lui permettre d'entrer en ville avec toute sa suite. Ce fait est trop circonstancie pour le revoquer en doute, ainsi j'ai du rassurer le Naib-Sultan en lui disant que le commerce seul faisait l'objet de cette ambassade, et comme son Altesse me reprocha de ne l'avoir point prevenue a temps, je lui repondis que je n'avais recu cette nouvelle que de Teheran. En effet Mr. le charge d'affaires d'Angleterre est le premier et le seul de qui je la tiens'

Serait-il improbable qu'on s'efforcat de donner des couleurs etrangeres a une pareille demarche de notre gouvernement? La malveillance a beau aiguiser ses armes, elles s'emousseront toujours contre le bouclier magique dont est arme le bras du plus juste des Monarques — Alexandre.


Комментарии

1. Des nouvelles recues a l'instant portent qu'il n'est pas encore parti et qu'an contraire on le garde pour ainsi dire assiege dans sa maison.