438. Донесение к. с. Мазаровича ген. Ермолову, от 22-го января 1821 года, № 11.

Je n'ai pu me retenir de faire part au Ministere Imperial, comme vous verrez par l'incluse, de la secrete satisfaction que j'eprouve en voyant la conduite de ee gouvernement toute a ma faveur. Tout va le mieux du monde et j'ose dire, sans me louer, que j'ai beaucoup avance dans l'esprit des Persans, quoiqu'on ait dit ou fait depuis mon arrivee ici pour me traverser dans ma gestion. V. Ex. qui, par la vigueur de la sienne, a si hien contribue a nous placer a cette elevation, doit s'en rejouir comme d'un ouvrage qui remplit le but d'une mission immediatement placee sous ses auspices. Si l'on venait jamais a dire que je n'ai pas fait assez, je vous prierai, Mr. le General, d'y suppleer en m'appuyant de tout votre credit et de votre indulgence, car je sens que je ne saurais faire ni mieux ni davantage, dans un pays ou les Anglais, clairvoyants, assidus, actifs et prones, apres tant d'annees de sejour en Perse et apres des services rendus en tout genre, n'ont pas reussi davantage. Dans ce moment, au contraire, je me flatte de jouir a beaucoup d'egards d'une consideration plus grande. Cette verite est si notoire qu'en assistant avant-hier par hasard avec son Altesse a l'exercice de ses troupes, elle m'informa en presence de plusieurs personnages de la cour que Sa Majeste le Schah avait intime au charge d'affaires d'Angleterre d'expedier quelqu'un pour faire evacuer l'ile de Kisch dont j'eus l'honneur de parler dans mes precedentes, laquelle est occupee par les soldats de sa nation, sous peine de mettre en prison et de tuer meme en cas de refus tous les individus de cette puissance qui sont maintenant ici. Quand j'eus represente au Naib-Sultan l'inconsequence d'une declaration si peu mesuree, pour ne pas dire indecenteque voulez vous faire, me repondit-il, avec des gens dont le souverain vient de nous communiquer que si quelque evenement du cote du Golfe Persique donnait jamais heu a des plaintes, ce n'est pas a lui qu'il faudrait s'en prendre, mais a la Compagnie des Indes, contre les vues et les interets de laquelle Sa Majeste Britannique declare ne pouvoir agir en aucune maniere. L'argent arrangera toutes ces contestations; du moins je crois que le Schah-in-Schah ne s'y engage que pour obtenir le plus d'especes sonnantes possible. Tant que les Anglais ne se rendront pas maitres de Schiraz, nous ne verrons point d'autre politique etablie entre eux et le ministere Persan. Il en veut beaucoup et sans cesse a leurs tresors. Cependent je n'ai vu circuler dans les bazars d'autres especes etrangeres que celles qu'apportent nos Russes et les Turcs. Les draps, le sucre et les marchandises des Indes absorbent tout le numeraire que l'on suppose retire de l'Angleterre, ainsi que celui derobe a la vue des Kadjars ou sacrifie en recompense de la protection qu'ils accordent. Pour ce qui nous regarde, en sollicitant l'envoi des consuls, Y. Ex. pourrait bien alors connaitre en detail ce qui fait pencher la balance a l'avantage des Persans, et elle trouverait peut-etre le contre-poids indispensable a la prosperite de notre commerce. Celui des Anglais parait etre le seul actif dans ces contrees, comme l'est a son tour celui que la Perse fait avec les provinces du Caucase. En retirant de l'interieur de la Russie, ou en encourageant en plusieurs endroits de votre gouvernement la production de ce qui pourrait etre substitue aux objets que les peuples du Caucase viennent [236] ou font chercher ici, vous parviendrez, Mr. le General, non seulement a conserver l'argent chez vous, mais aussi a detacher beaucoup de monde de l'habitude criminelle qu'on a de se laisser corrompre par les Persans et, sous pretexte de commerce, de servir d'instruments immediats aux relations qu'ils entretiennent avec nos sujets. On ne saurait etre trop minutieux des qu'il s'agit des interets de l'Etat, dont certes le premier est d'apprendre a se passer de ses voisins ou de les voir tributaires de son industrie II est temps de rendre la lumiere a des aveugles qui, au lieu de cultiver paisiblement un sol des plus favorables du monde, s'abandonnent a une vie oisive et errante, et s'imaginent que la Russie ou la Perse doit etre toujours la, prete a leur service.

Schikh-Ali-khan, Sourkhai-khan, Moustapha-khan et le Tzarewitch recurent tout recemment de son Altesse des secours en argent. Ce dernier a ete depossede de Daralagueuz et conseille de vivre sans aucun emploi a Erivan ou il est depuis presqu'un mois. Moustapha-khan a l'ordre de quitter Meschkine et de se fixer dans le Karadagh aupres du Serdar Emir-khan. En communiquant ces nouvelles, le Kaimakam m'a donne a entendre qu'on desirait eviter ainsi a V. Ex. tout sujet de mecontentement et meriter par un noble retour sa bienveillance; a cette occasion il s'est plaint beaucoup des brigandages auxquels s'abandonnent les Tatares de Karabagh, les Talisches, les Chachsewenes Djiourtchi et ceux de la suite de Schoukour-aga. Les pieces ci-jointes, Mr. le General, vous eclaireront sur la nature de ces desordres et vous serviront de guide, j'espere, pour trouver et punir les coupables; j'attends avec impatience des reponses aux demandes que j'eus l'honneur de vous adresser de la part de ce gouvernement qui se flatte de recevoir pleine satisfaction de votre justice et de vos bontes. Son Altesse vous prie de ne pas la tenir plus longtemps en suspens sur les bons effets que lui promettent votre sagesse et votre amour pour le bon ordre, moyens efficaces de rendre entre voisins la paix eternelle. De mon cote j'y travaille sans cesse, et quoique le Naib-Soultan et ses ministres soient bien convaincus de la purete de nos intentions, ils voudraient l'etre davantage de l'amitie particuliere de V. Ex., a laquelle ils attachent beaucoup de prix.

Ces jours-ci le Schah va arriver a Taroum, province au sud-est de Miane. Abbas-mirza et le Kaimakam ont recu l'ordre de le rejoindre. Le Guilan, je crois, sera le but de cette entrevue, car de Tauris on intrigue depuis longtemps pour decider le Roi a le pla

cer sous la dependance de l'Adzerbeidjan. En tout cas ce n'est surement que pour avoir de l'or ou quelque autre profit que Sa Majeste et ses fils se donnent la peine de voyager.