406. Тоже, гр. Нессельроде к ген. Ермолову, от 18-го декабря 1819 года, № 665.

Les depeches dont V. Ex. avait accompagne l'envoi de Mamed-Hassan-khan et celles qu'elle nous a adressees en date du 18 octobre, contiennent l'enonce de son opinion relativement a la reconnaissance d'Abbas-mirza. Toutes ces pieces ont ete mises sous les yeux de l'Empereur. Sa Majeste a pris connaissance, mon General, de vos observations avec l'attention que reclamait l'importance du sujet. L'evenement vous a deja prouve qu'Elle n'a pas cru pouvoir se conformer a votre maniere d'envisager cette question. Elle nous ordonne de vous faire connaitre les motifs de cette divergence.

Nous ne saurions mieux nous acquitter de cette tache, qu'en rappelant le principe etabli dans la depeche de Moscou du 16 fevrier 1818, savoir que les traites sont le point de depart et le regulateur de l'opinion de Sa Majeste dans toute affaire quelconque.

Invariablement resolu a faire presider ce principe salutaire a ses relations, non seulement avec les puissances de l'Europe, mais aussi avec les peuples de l'Asie, l'Empereur n'a pu et n'a du egalement dans cette circonstance consulter que les lois d'une equite severe et d'une impartialite scrupuleuse.

Or, l'engagement contracte par l'art. IV du traite de Gulistan est trop formel, des lors trop sacre a Ses yeux, pour qu'il ait pu le meconnaitre et hesiter un instant a suivre la ligne de conduite que lui tracait cette stipulation. Du moment donc que le Schah eut notifie la designation d'un successeur au trone, l'Empereur a du repondre par la declaration qu'il respectait ce choix.

C'est sous ce point de vue que la question s'est presentee a Sa Majeste et c'est en la degageant de toutes les considerations d'une politique interessee, qu'Elle a cru devoir la resoudre. Cellesci seront toujours a j ses yeux d'une importance tres secondaire et surtout i subordonnee a la lettre des transactions existantes.

En effet il ne s'agit point de nous creer un parti en Perse, moins encore de captiver les dispositions d'un des fils du Schah. Quelles que soient la malveillance, la haine meme d'Abbas-mirza, elles ne sauraient influer sur les decisions de l'Empereur, lorsqu'il est question d'executer un traite, et quant aux consequences que pourraient entrainer des sentiments aussi peu favorables, la Russie est trop puissante, elle est trop forte d'une politique fondee sur une morale rigoureuse, pour que nous ayons a concevoir la moindre apprehension a cet egard. Rien au contraire ne saurait mieux contribuer a raffermir les relations pacifiques que Sa Majeste Imperiale desire entretenir avec le gouvernement Persan, que l'ascendant que doit exercer a la longue une conduite constamment droite et loyale. Une infraction ouverte, une violation manifeste du traite de Gulistan de la part du Schah, aurait seule justifie un refus de deferer a la demande qu'il nous a fait exprimer en vertu de l'art. IV. Se prevaloir de cette reconnaissance pour obtenir de nouvelles concessions, c'eut ete suivre une marche qui n'est jamais entree dans les vues de l'Empereur. Qu'Abbas-mirza ou les membres de son ministere nourrissent de steriles regrets sur la perte des provinces cedees, peu nous importe; ils savent qu'aucune retrocession n'est possible, et si, contre toute attente, ils avaient pu conserver quelques fausses esperances, les dernieres reponses que nous avons donnees a la cour de Londres et qui sont consignees dans la depeche ci-jointe au comte de Lieven, acheveront sans doute de detruire toute illusion a cet egard.

L'etrange pretention que l'on suppose a Abbas-mirza de ne point vouloir regarder le traite de Guhstan comme obligatoire, parcequ'il n'est pas revetu de sa propre ratification, ne saurait guere meriter plus d'attention Serait-il en effet probable que ce Prince, qui a attache un si grand prix a la reconnaissance de la Russie, voulut gratuitement invalider le seul titre par lequel il aurait obtenu cet avantage? Si toutefois deux idees aussi disparates pouvaient s'allier dans son esprit, il sera facile de les detruire l'une par l'autre et de lui decouvrir les dangers ou l'entrainerait un si faux calcul. Lui montrer la ligne de conduite que lui tracent ses interets et les traites, ce sera lui indiquer ses obligations envers nous. Elles ont ete rappelees dans la reponse de l'Empereur au Schah. Abbas-mirza n'ignore donc point que les dispositions de Sa Majeste sont dependantes de sa propre conduite et que par consequent des procedes hostiles donneraient a notre Auguste Maitre le droit de regarder la reconnaissance comme non avenue.

Telles sont les considerations que V. Ex. voudra bien lui exposer par l'organe de notre charge d'affaires. [221] En lui tenant constamment le langage de la verite et de la bonne foi, en nous expliquant vis-a-vis de lui avec franchise, mais en mome temps avec fermete, en tirant enfin parti de sa positon envers ses competiteurs au trone, nous reussirons a nous placer a l'egard de la Perse dans la seule attitude qui convienne a la Russie et qui soit propre a cimenter l'etat de paix et de bonne harmonie que le traite de Gulistan a retabli entre les deux Empires.

C'est dans ce mome esprit que Mr. Mazarowitch devra poursuivre les reclamations relatives a l'entiere restitution des prisonniers et aux retards que semble eprouver la defirnitation, si, a l'epoque de la reception de cette depeche, ces deux points n'etaient pas regles.

Nous lui adressons, par ordre expres de l'Empereur, quelques observations sur ses derniers rapports. V. Ex. les trouvera dans le paquet ci-jomt a cachet volant, afin qu'elle puisse, conformement aux intentions de Sa Majeste, en prendre connaissance.

Le details dans lesquels nous sommes entres vis-a-vis de vous, mon General, vous fourniront une nouvelle preuve de l'attention et de la constante sollicitude que notre Auguste Maitre a vouees aux relations dont le maintien est confie a vos soins eclaires. Nous ne doutons pas qu'en pesant murement les considerations majeures qui ont prevalu dans cette conjoncture, vous n'en reconnaissiez la justesse et l'importance. Quelles que puissent etre d'ailleurs les consequences du parti que l'Empereur a cru devoir prendre, Sa Majeste ne le regrettera dans aucun cas, parcequ'elle ne regrettera jamais d'avoir suivi l'impulsion de sa conscience.