299. Отношение гр. Нессельроде к ген. Ермолову, от 25-го мая 1817 года.

Les rapports que V. Ex. a adresse's a l'Empereur en date du 17 et du 25 avril, ainsi que les depeches qui les accompagnaient, nous sont parvenus au moment ou Mr. le baron de Strogonoff nous a communique l'expedition dont il a charge pour elle Mr. le capitaine Nasaroff.

Rassure ainsi sur l'etat favorable de nos negociations avec la Porte, vous pouvez, mon General, apprecier davantage les intentions du gouvernement Persan a notre egard. Elles vous ont semble pacifiques; vous en aurez une nouvelle preuve.

Votre mission parait donc s'ouvrir sous des auspices tres-favorables. L'Empereur voit avec satisfaction que V. Ex. y procede dans des vues eclairees qui embrassent le present et l'avenir.

C'est aussi en approfondissant les differentes questions consignees dans votre correspondance, que Sa Majeste Imperiale a ordonne a Son ministere la redaction du memoire ci-joint. Il renferme l'enonce positif des principes d'apres lesquels Sa Majeste envisage les interets confies a V. Ex. ainsi qu'a Mr. le baron de Strogonoff.

Il ne vous sera donc point difficile de remplir la volonte de notre Auguste Maitre, quelles que soient les chances qui peuvent resulteret de la negociation dont vous etes charge, et de la situation de la Perse, et de ses rapports tant interieurs qu'exterieurs.

Sans vous repeter encore particulierement ce qui a ete dit a cet egard en general dans le memoire qui vous est destine, nous avons l'ordre de tracer neanmoins ici quelques erremens qui se rapportent aux ouvertures qui vous ont ete faites par le khan de Schajevan (?) et par Mahmoud-Kouli-khan. Ils s'appliqueront de meme a celles de tout autre Persan qui voudrait se placer sous la suzerainete ou sous le sceptre de notre Auguste Maitre.

Nous ne croyons pas avoir a pretendre a un pareil devoument. Nous croyons moins encore qu'il derive d'un sentiment vendique et sincere. Si meme il l'etait, ne pouvant et ne devant pas etre accueilli, ce serait nuire a notre credit aupres des peuples deja passes sous la domination Russe, comme aupres du gouvernement Persan, que de ne point ecarter jusqu'a la possibilite de voir se developper des dispositions de cette nature.

Si donc les jours du Schah se prolongeaient, et si des rapports d'intimite s'etablissaient entre lui et vous, Mr. le General, pour lui donner une preuve d'amitie de notre part et pour etre aussi utile qu'il dependra de vous, aux pays et aux khans qui ont sollicite votre intervention, au heu de les encourager a chercher leur independance ou notre protection absolue, vous emploi-rez vos meilleurs offices aupres du Schah, a l'effet d'obtenir en leur faveur tous les avantages possibles que son administration peut leur procurer.

Le titre qui dans cette hypothese motivera votre intervention, se fonde sur les interets reciproques et sur les sentimens d'amitie que l'Empereur. Se plait a porter au souverain de la Perse.

Les khanats d'Erivan et de Schajevan sont des pays limitrophes. Leur mecontentement peut les induire a rompre de fait les relations qui existent entre les deux gouvernemens, soit en passant avec la population en masse sous le sceptre de la Russie, soit en se confondant comme emigres avec les autres sujets de Sa Majeste Imperiale sur le territoire incorpore a l'Empire. [152]

Des que vous aurez la conviction la plus intime des dispositions confiantes du gouvernement Persan a notre egard, et que vous pourrez de meme compter sur la sincerite du devoument des khans d'Erivan et de Schajevan, les negociations a ouvrir en faveur de ces khanats presenteront un interet digne de tous vos soins.

Loin d'en statuer l'objet par des actes formels, vous pourrez vous borner a constater le fait de cette intervention par un echange de notes confidentielles, au moyen desquelles vous saurez relever d'une part la liberalite qui caracterisait dans ce cas notre conduite, et donner de l'autre aux avantages ou privileges qu'auraient obtenus les khanats limitrophes, une garantie permanente.

Le principe de ces baisons d'intimite avec le gouvernement Persan pourrait par la suite devenir fertile en plusieurs occurrences. Le dernier resultat en serait que la Perse soiis son propre gouvernement n'existerait que par elle-meme et pour elle-meme, etant de fait et necessairement Vomie et Valliee fidele de la Russie.

Si le gouvernement Persan croyait deroger a sa dignite en accedant a des arrangemens pareils, vous pourrez aisement lui prouver le contraire. Nos transactions avec la Porte, relativement aux principautes de Moldavie et de Valachie, en offrent un exemple. Celles que d'antiques monarchies Europeennes ont stipulees de nos jours, en presentent encore un temoignage remarquable.

C'est pour votre information seule que le ministere croit devoir vous faire part a ce sujet des communications qui lui ont ete adressees par la cour de Naples. Il est reserve a V. Ex. d'utiliser ces notions en cas de besoin, et lorsque la certitude du succes l'autoriserait a y avoir recours sans compromettre aucun egard majeur.

Si la mort du Schah provoquait une guerre civile ou les complications prevues dans vos depeches, la volonte de l'Empereur est que V. Ex. garde dans ces conjonctures une attitude passive et completement neutre.

En cas que dans leurs conflits les heritiers pretendant a la royaute ou les chefs de parti s'adressent a vous, Mr. le General, comme a un mediateur, vous aurez a ecouter leurs pretentions respectives, vous examinerez leurs titres, leurs moyens; vous en jugerez sur les lieux et d'apres les donnees les moins equivoques. En leur annoncant ensuite que vous rendrez compte a l'Empereur de leurs v?ux, de leurs esperances et de leurs droits, vous gagnerez du temps. Les ordres que vous recevrez alors vous mettront a meme de vous prononcer.

Vous eviterez donc soigneusement, tant durant votre sejour a Teheran, qu'apres votre retour, d'encourager d'aucune maniere quelconque la tendance des khanats d'Erivan, de Schajevan et de Choi'sk; mais vous aurez soin neanmoins d'entretenir des relations avec eux, afin de leur etre utile dans le sens et d'apres les principes developpes dans les presentes.

Nous passons maintenant a l'examen de la question concernant les provinces de Pamback et de Schoura-ghel, que vous proposez d'eriger en khanats, en les placant sous l'administration du frere du ci-devant khan d'Erivan, Mahmoud-Kouli-khan.

Cette idee a ete fort goutee par l'Empereur. Elle s'accorde entierement avec le systeme dont Sa Majeste verrait avec satisfaction assurer l'heureuse et durable influence sur toute la Perse, au moyen de votre mission, etayee toutefois du consentement amical de la cour de Teheran.

En l'admettant donc au moment de lier plus intimement nos relations avec le Schah, elle pourrait devenir tres-salutaire.

Par contre, en la mettant a execution, alors qu'il s'agirait de rompre ou de terminer' froidement les negociations actuelles, elle prendrait un caractere hostile, et serait des lors nuisible.

L'Empereur abandonne a votre jugement comme a votre zele le choix des formes et de l'epoque a laquelle cette mesure pourrait avoir lieu sans exciter des troubles dans l'interieur de la Perse, ou sans pouvoir etre reputee par la jalousie etrangere comme la cause de ceux dont les germes existent d'ailleurs.

Il vous est iterativement recommande, Mr. le General, d'etablir pendant votre sejour en Perse, des relations confidentielles propres a vous eclairer a temps et avec precision sur le caractere des liaisons du gouvernement Britannique avec ce pays. Tant que ces liaisons n'ont pour objet que les interets britanniques, elles ne nous sont nullement contraires, parceque l'Empereur est loin de vouloir en imposer a l'Angleterre, en pretendant menacer par la Perse ses etablissements dans les Indes.

Mais si d'un autre cote la cour de Londres recelait la pensee de faire de la Perse un avant-poste contre la Russie, ce serait alors que notre politique relativement a ce pays prendrait un caractere moins confiant, et qu'elle devrait de toute necessite preparer les voies afin de rendre vains les efforts de la malveillance.

C'est donc a approfondir la nature veritable des rapports de l'Angleterre avec la Perse que se reduit la partie eminente des fonctions diplomatiques de Votre [153] Excellence, et les observations concernant les relations de ce dernier pays avec l'Empire Ottoman semblent devoir occuper la seconde ligne des soins qui lui ont ete confies. Nous nous resumons.

L'Empereur applaudit a votre zele, Mr. le General, et a l'activite infatigable avec laquelle vous avez debute dans la belle carriere que vous allez parcourir

Sa Majeste Imperiale approuve les vues etendues qui president a vos travaux. Elle a desire seulement les rattacher aux prmcipes sur lesquels se fonde. Sa politique generale. Il vous est enjoint de ne pas vous en ecarter.

En remplissant, comme nous n'en doutons pas, les intentions de notre Auguste Maitre, vous etablirez sur une base immuable la puissance d'opinion de la Russie aupres du gouvernement et des peuples Persans. Vous ferez eprouver a la Georgie les avantages d'une administration bienfaisante et paternelle. Vous consoliderez la paix. Le temps et la benediction du Seigneur feront le reste.