287. Письмо к. с. Мазаровича к ген. Ермолову, от 10-го января 1817 года. — Эривань.

J'ai eu le bonheur d'arriver ici sain et sauf a trois heures apres midi Le temps a ete affreux et tout est rempli de neige. Le Serdar est absent. La chasse dans ce moment l'occupe plus que ses devoirs. On a coupe bien des oreilles et des nez en quantite. Le frere du Serdar est celui qui a ordonne cette cruelle execution. La population souffre ici avec resignation; cependant il y a des exemples du contraire. Un Armenien qui vit du produit du coton, recut l'ordre de payer une somme [143] superieure a son capital. Il courut chez le Serdar, et apres avoir essaye inutilement de faire diminuer l'imposition, il revint chez lui et mit le feu au coton et a sa maison qui etaient toute sa propriete. Le Serdar le traita d'imbecile, il le fit arreter sur le champ, et on croit qu'il sera pendu, afin de mettre un frein a tous ceux qui s'aviseraient de faire parade de la force de leur caractere. Les impots sont insoutenables Chaque arbre assez fort pour soutenir sur sa branche principale une pierre de cinq livres, doit payer beaucoup plus de ce que vaut l'arbre lui-meme. Le peuple emigrerait pour sur dans les pays appartenant aux Russes, si l'on ne craignait d'etre rendu. V. Ex. juge au point de vue russe; je ne puis rien lui dire sur le lieutenant du Serdar, je ne l'ai pas encore vu. Cependant je puis vous comfirmer la nouvelle que vous avez eue sur les impots extraordinaires et sur l'armement qui est ordonne depuis l'age de onze jusqu'a soixante-dix ans On dit que le frere de notre Empereur a ete avec vous jusqu'aux frontieres, et qu'apres avoir tout vu et examine avec vous, il est reparti pour Petersbourg. Je dois finir, car les visites de ces messieurs se succedent sans interruption.