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№ 30

ДОНЕСЕНИЕ А. В. ЧЕВКИНА  МИНИСТРУ ИНОСТРАНИХ ДЕЛ РОССИИ К. В. НЕССЕЛЬРОДЕ

(ЧЕВКИН Александр Владимирович (р. 1804 г.). Служил в МИД с 1834 г., занимал посты консула в Эрзеруме, вице-консула в Орсове (с 1839 г.), генерального консула в Норвегии (с 1850 г.), в Римских владениях (с 1856 г.) Уполномоченный с русской стороны в комиссии по разграничению между Австрией и Черногорией в 1839-1842 гг.)

15/27 января 1842 г. С.-Петербург

А. В. Чевкин излаже о раду комисиие за разграниченье измечу Аустриие и Црне Горе, у коиои ие учествовао као руски опуномоченик. Августа 1839. године отпутовао ие из Бечау Задар, гдие се срио са воиним и цивилним гувернером Далмациие грофом Лилииенбергом. Потом ие пошао у Црну Гору, да би позвао владику, сенаторе и главаре да учествуиу у разграниченьу. Чевкин сматра неопходним даруска амбасада у Бечу замоли аустрииску владу да упути чиновника високои ранга са широким овлашченьима да издвоии новац за компензациие власницима иманьа са аустрииске и црногорске стране.

Из више разлога комисиаие радила споро а више пута ие ньен рад прекидан. У иуну 1841. године Чевкин ие иош иедном допутовао у Котор заиедно са два члана аустриискои дииела комисиие. Тамо ие саставлен оишти протокол, усаглашен са бечким двором, коии су потписали Ньегош и сенатори. Затим у Задру протокол потписао аустрииски опуномоченик. Далматински гувернер и Чевкин потписали су протокол као свиедоци.

Комисииа ие завршила са радом тек у августу 1841. године. Тешкоче су настаиале због тога што су се Црногорци боиали да че изгубити своиа иманьа а аустрииска комисииа износила веома велике захтиеве, осланьаиучи се на документе из времена Млетачке републике. Уз то, треба додати и личне проблеме комм се односе на двовласничка иманьа, недостатак пришодних караша и др. Чевкин ие савиешовао владику и сенаторе како да избиену прихватанье неповольних аустрииских захтиева. Нарочите тешкоче поиавиле су се при [244] разграниченьу трииу терена на граници. Аустрииа ие откупила од Црногораца нека иманьа и тако била задоволна утврченом граничном линииом коиа ие одговарала характеру терена. Црна Гора ие такоче имала користи: добила ие новчану компензацииу, сагласност Аустриие на транспорт оружиа, мунициие, соли и других предмета преко ньене териториие Учврстиле су се везе Црногораца са Бокельима, што ие омогучавало развои трговине и користило развоиу Црне Горе.

Venant de recevoir l’ordre de completer d’une maniere plus detaillee le rapport que j’ai eu l’honneur de presenter a l’ambassade imperiale de Vienne sur la cooperation officieuse dont j’ai ete charge a la delimitatition entre l’Autriche et le Montenegro (Копииа инструкциие A. В.Чевкину од 1(13) августа 1839 г. Види: АВПР, ф. Канцелярия, 1839 г. д. 214, л. 368-371), je m’empresse de soumettre au ministere imperial l’expose complementaire qui suit

Au mois d’aout 1839 l’ambassade imperiale a Vienne, m’expedia pour le Montenegro, apres m’avoir muni d’une instruction, accompagnee d’un memorandum de son altesse le prince de Mettemich et d’une lettre de la part de son excellence le comte de Nesselrode pour le vladika du Montenegro. (Копииа ноте (меморандума) Меттерниха од 7. августа 1839 г. Види: АВПР ф ГАV-А, д. 320, л. 15-16)

Dans cette instruction il m’etait nommement indique: que charge de cooperer aux travaux de delimitation entre l’Autriche et le Montenegro, j’etais appele a remplir une mission de paix et de conciliation et que tel etait le point de vue qui devait dominer tous mes efforts, en pesant toujours avec la meme impartialite les droits des uns et les titres des autres; il m’etait enjoint en outre d’adresser mes rapports a l’ambassade imperiale a Vienne, ainsi que d’avoir recours a elle toutes les fois que j’aurais besoin de directions complementaires, de me borner purement et simplement a des conseils eta des avertissements de bienveillance de part et d’autre et finalement de rendre compte du resultat de mes observations a l’ambassade. D’un autre cote le memorandum du prince de Mettemich partait: qu’il etait necessaire de ne point perdre de vue que la delimitation susmentionnee ne devait nullement avoir le caractere d’une negociation diplomatique entre deux Etats, mais que, comme precedemment ce seraient les chefs et anciens des communes limitrophes qui s’entendraient entre eux, assistes dans les cas necessaires par les proprietaires, par des experts et enfin par les autorites locales; que le but de la cour d’Autriche etait l’etablissement d’une frontiere fixe, stable et invariable et qu’a cet effet elle demandait aussi que la frontiere de l’Etat forme dorenavant en meme temps la ligne de separation entre les proprietes particulieres des Montenegrins et celles des habitants du district de Cattaro et c’etait surtout pour atteindre ce but qu’elle reclamait les bons offices de la cour de Russie.

Conformement a la teneur de mes instructions, je me rendis d’abord pres le gouverneur civil et militaire de la Dalmatie, general comte de Lilienberg a Zara, ou, apres avoir pris les informations necessaires, j’allais a Cattaro, lа je trouvai la commission autrichienne composee: du capitaine de cercle M. Ivatchitch, de l’aide de camp du gouverneur de la Dalmatie le capitaine Oreschkovitch, du capitaine du [245] genie Mikitch et de quelques autres employes subalternes. De suite je partis pour Cetinia, afin d’engager le vladika a se rendre a Cattaro avec ses senateurs et anciens de sa peuplade. Ils ne tarderent pas 'a suivre ce conseil, et les conferences commencerent Les premieres discussions n’apporterent cependant que peu de iruit, jusqu’au mois d’octobre on ne parvint a s’entendre que sur quelques points peu signifiants de la frontiere du cote des communes d’Oraovatz, Dobrota, Spigliari, Skagliari, Pobori et Maini.

Un mur examen de la position des affaires me convainquit de la necessite de demander 'a l’ambassade imperiale de vouloir bien insister fortement pres de la cour de Vienne afind’obtenir: d’abord un employe superieur autrichien avec des pleins pouvoirs moins limites, et puis une somme d’argent, mise a la disposition du gouvernement de la Dalmatie, pour subvenir aux indemnisations des deux parties et mettre fin aux proces individuels, en m’appuyant dans cette demande sur le texte du memorandum du prince de Mettemich ou il etait stipule que: »l’Autriche serait prete a faire des sacrifices, et nommement que: la commission assignerait des dedommagements equitables a ceux des proprietaires, soit Autrichiens, soit Montenegrins qui par l’etablissement de la ligne des frontieres seraient obliges a faire la sacrifice de leurs terrains«.

Je crus devoir ajouter que sans ces moyens l’influence dans cette affaire d’un employe du ministere imperial de Russie pouvait etre inutilement compromise.

En attendant, comme ma presence a Cattaro devenait pour le moment inutile, je me rendis par Zara a Trieste. Pour l’annee 1840 il avait ete decide que les travaux de delimitation recommenceraient avec la belle saison et que nous nous rassemblerions au mois de mai; la mort subite du gouverneur comte de Lilienberg et la lenteur habituelle de la marche des affaires en Autriche firent que jusqu'il l’automne il n’y eut aucune decision de resolue. Pendant ce temps rtotre ambassadeur a Vienne M. de Tatichtcheff m’avait donnee l’ordre de me rendre a mon poste de consul a Orsova sur le Danube, trouvant inutile que j’attende a Vienne les decisions du gouvernement autrichien qui par la aurait pu soupconner que la Russie portait quelque interet personel a l’affaire du Montenegro.

Au mois d’octobre 1840 je fus rappele a Vienne d’apres les instances du gouvernement autrichien et ce ne fut qu’au mois de novembre que je pus arriver en Dalmatie. A Zara je trouvais comme remplacant du gouverneur civil et militaire le general Toursky et comme employe superieur delegue par la cour de Vienne pour la delimitation le conseiller aulique baron Schaler; celui-ci se rendit avec moi a Cattaro, ou cependant les instructions definitives de Vienne ne parvinrent qu’en decembre; a cette epoque de l’annee il etait de toute impossibilite de rien entreprendre sur les lieux, a cause de la saison, mais apres nous etre concerte avec le vladika et la commission autrichienne, a laquelle on avait adjoint encore M. Milleisen, chef des ingenieurs civils de la Dalmatie, et on avait accorde une somme de 50 mille florins argent pour les indemnisations; nous fimes fixer de part et d’autre les propositions mutuelles, dont la decision fut remise au printemps de l’annee suivante.

Conformement a ce commun accord, je me rendis derechef a Trieste au mois d’avril 1841, mais le general Toursky m’engageat par ecrit a y attendre jusqu’a ce que tous les travaux preparatoires fussent termines et les reponses de Vienne arrivees. Ce ne fut donc qu’au mois de juin 1841 que je pus de nouveau me rendre a Zara d’ou je poursuivis ma route jusqu’a Cattaro avec le conseiller baron Schaler et le chef des ingenieurs M. Milleisen; apres que j’eus ete chercher le vladika, on se [246] mit definitivement a combiner la maniere de terminer toutes les questions de la delimitation. Jusqu’a la fin de juillet nous fumes obliges d’attendre differentes reponses de la cour de Vienne, necessaires pour baser les conventions mutuelles et ce ne fut qu’apres cela que, le protocole general ayant ete dresse et une somme d’environ 74 mille florins accordee, le vladika avec ses senateurs et plusieurs temoins signerent et apposerent leurs cachets au dit protocole, de facon qu’au mois d’aout nous nous rendimes a Zara avec le baron Schaler et M. Milleisen pour apposer aussi nos signatures, avec le gouverneur de la Dalmatie general Toursky, moi n’ayant signe qu’en qualite de temoin conformement a mes instructions.

L’aide de camp du gouverneur capitaine Oreschkovitch avec quelques autres employes resterent a Cattaro pour y attendre l’execution entiere des differentes conventions et particulierement celle de la restitution des terrains qui devait etre effectuee au mois de novembre apres la recolte. De Zara je poursuivis ma route jusqu’a Vienne ou je presentai au mois de septembre mon dernier rapport sur le resultat de la mission qui m’avait ete confiee.

Cette mission, commencee en 1839 au mois d’aout, n’a pu etre terminee qu’en 1841 aussi au mois d’aout et a donc dure deux ans a cause de plusieurs difficultes. Des le commencement les Montenegrins des pays limitrophes ne pouvaient se familiariser avec l’idee d’une delimitation quelconque, chacun d’eux craignant d’y perdre une parcelle d’un terrain acquit en grande partie par la force et presumant en general que la frontiere de leur pays devait etre la ou se terminaient leurs proprietes particulueres. D’un autre cote la commission autrichienne emettait des pretentions fort elevees, se basant sur des documents qui dataient du temps de la Republique de Venise et etaient aussi inexactes que peu authentiques; a cela venaient se joindre une quantite de proces particuliers concernant les terrains mixtes, un manque total de cartes tant soit peu possables et enfin une haine hereditaire parmi la majeure partie des habitants limitrophes de la contree, a cause des vengeances du sang pour des meurtres souvent commis par les generations passees, mais dont les descendants actuels tiennent un compte exact. Deux interets differents devaient etre menages pour chacun des deux pays dans la delimitation: l’interet particulier, ou celui des proprietaires, qui toujours a ete represente par ces proprietaires memes avec les chefs et anciens de leurs communes respectives assistes dans les cas necessaires par des arbitres et par des experts; l’interet general du pays, qui pour le Montenegro etait scrupuleusement surveille par le vladika et les senateurs ou anciens de sa peuplade. Dans les cas ou on ne parvenait pas a s’entendre, je pretais mon intervention officieuse, mais le plus souvent je me concertais d’avance avec chaque partie en particulier et pendant toute la duree des negociations j’assistais de mes conseils le vladika et ses senateurs, afin de les premunir contre toute proposition desavantageuse de la commission autrichienne et de leurs indiquer des arguments suffisants pour protester autant qu’il etait possible.

L’epuration des terrains contentieux a constamment ete decidee par des arbitres choisis du consentement mutuel des clients, tant autrichiens que montenegrins conformement aux usages et anciennes coutumes du pays.

Dans toutes les conventions separees, de meme que pour les protocoles speciaux, il a ete strictement observe qu’ils soient contresignes et scelles par les principaux representants de chaque commune et par un nombre suffisant de temoins de part et' d’autre,afin de prevenir les discussionsa l’avenir; outre cela, tous [247] le trois ans les signaux le long de la frontiere doivent ”etre examines par une commission, composee de plusieurs personnes de chacune des parties.

Trois points de la frontiere, savoir a Dobrota, Spigliari et Pastrovitch surtout, ont particulierement presente des difficultes. La principale difficulte a Dobrota consistait en ce que les Montenegrins pretendaient etre en possession reelle depuis pres d’un demi-siecle de paturages pour leurs chevres sur la pente escarpee de la montagne, nommee Pestingrad, qui est un rocher a pic dominant la forteresse de Cattaro; mais il fut constate que, pour jouir de ces paturages, les Montenegrins de Negouche avaient eu toujours des contrats avec les habitants de Dobrota qui sont en majeure partie des marins des Bouches-de-Cattaroo presque toujours absents de leurs foyers, et que ces contrats n’etant pas exactement observes, il en resultait des contestations a la suite desquels les Montenegrins descendaient a main armee jusque dans les jardins de Dobrota et y commettaient souvent des desordres; d’un autre cote d’anciens documents, la position naturelle et meme quelques signaux prouvaient que la frontiere fie l’Etat devait longer la crete du Pestingrad et en consequence il fut decide d’un commun accord que la frontiere longerait la cime de cette montagne, mais que les deux tiers superieurs de son escarpement seraient regardes comme paturages appartenants en propriete privee aux Montenegrins et le tiers inferieur aux habitants de Dobrota. J’avais exprime l’opinion que ce n’etait probablement que pour une partie de la montagne que les Montenegrins payaient jadis et non pour toute la pente, ayant remarque qu’elle leurs etait quelquefois necessaire pendant les hivers rigoureux, quand les neiges devenaient trop abondantes sur le sommet. Il fut pourtant stipule que dans le cas oh les Montenegrins consentiraient a vendre ces paturages, il serait reserve a l’Autriche d’en faire l’acquisition. C’etait alors le seul moyen de calmer les esprits vivement irrites deux cotes. Mais des l’annee suivante les habitants de Negouche ayant consenti a vendre ce terrain, par lui-meme entierement inproductif, le gouvernement autrichien resolut d’en faire l’acquisition conjointement avec quelques autres enclaves aussi peu signifiantes, du cote de Spigliari et Skagliari pour la somme de 30 mille florins argent. Au reste les contrats pour ces paturages pourront continuer comme parle passe, a l'exception qu’ils seront plus exactement payes et que les bergers montenegrins, convaincus de se trouver sur un territoire etranger, s’abstiendront de descendre avec leurs troupeaux jusqu’aux jardins de Dobrota et d’y commettre des desordres.

Du cote de Spigliari et Skagliari il y avait plusieurs proces qui duraient plus d’un demi-siecle; les terrains qui en dependaient ne pouvaient etre cultives d’aucune part et surtout un appartenant a l'archeveche catholique de Cattaro, mais toutes les contestations ont ete terminees a l’amiable.

A Pastrovitch, theatre des demieres hostilites entre les Autrichiens et les Montenegrins, les proprietes se trouvaient tellement entremelees et peu reconnues qu’on a du proceder avant tout a la depuration, puis a la levee d’un plan detaille et ensuite a la determination de la frontiere d’Etat, qui cependant a ete tiree de maniere a laisser plus des trois quarts des terrains contestes du cote du Montenegro et a ne faire entrer que moins d’un quart du cote de l’Autriche. Apres les echanges reciproques des terrains, effectues par les proprietaires des deux nations, il se trouvat qu’il restait dans les limites autrichiennes des proprietes appartenantes a des Montenegrins et qui consistaient: en parcelles cultivables, eparses au milieu des rochers arides et montant aenviron 300 journees de travail, en quelques bruyeres et bois de peu de consequence, en une source et enfin en 43 habitations sur toute la [248] ligne de la frontiere qui appartenaient pour la plupart a des bergers montenegrins et qui ne presentaient que des huttes abandonnees ou des ruinees pendant la guerre. Pour l’acquisition de toutes ces proprietes, ainsi que pour la construction de citernes, l’Autriche consentit 'a payer la somme de 40 mille florins que les Montenegrins lui demanderent En sus de cela l’Autriche accorda environ quatre mille florins pour differentes conventions minimes, ce qui porta le total de la somme a environ 74 mille florins, mais il restait encore a s’entendre sur quelques questions independantes des affaires de delimitation et pour lesquelles on demandait pres de 6 mille florins avec lesquels la totalite des payements evalues au compte de l’Autriche devait monter a pres de 80 mille florins de convention.

Entre le Montenegro et l’Autriche les deserteurs ne sont pas restitues mutuellement. Le vladikase plaignant de la lenteur dans les decisions a Cattaro des affaires mixtes et particulierement criminelles, dont on recevait rarement des satisfactions promptes et suffisantes, on a propose de representer au gouvernement autrichiena Vienne la necessite d’etablir un mode special afin determinera l’avenir les differends mixtes de toute espece avec plus de celerite et de commun accord.

Il est reste pourtant dans l’interieur du territoire autrichien plusieurs proprietes particulieres de quelques Montenegrins qu’ils y avaient acquis legalement depuis longtemps ou qui leurs etaient revenus en heritage; elles sont toutes un peu eloignes des frontieres, mais il pourrait a l’avenir y avoir quelques difficultes pour les habituer a payer les dimes et redevances tout nouvellement etablis dans ces contrees par le gouvernement autrichien. En definitive l’Autriche a rachete au prix d’environ 16 mille ducats ses droits sur le tiers seulement d’un territoire que les Montenegrins lui contestaient les armes a la main. Elle a paye les parcelles de terrains et les paturages, qu’elle a ainsi acquis, certainement six fois la valeur qu’ils auraient pu avoir dans ces contrees. En compensation des sacrifices l’Autriche a obtenu une frontiere fixe, satisfaisante sous le rapport sanitaire et plus conforme a la nature des localites; elle a procure a ses sujets limitrophes du Montenegro une securite dont ils etaient prives depuis longtemps, et deja les habitants de ces contrees se rejouissent de ce que la tranquillite une fois etablie et les principales causes de querelles futures etant ecartes, ils pourront dorenavant vaquer librement a leurs travaux et utiliser les terrains qui jusqu’a present etaient par suite des disputes restes en friche et sans culture.

Une faible part de la somme de 16 mille ducats susmentionnes a servi aux travaux de deux citernes, une autre plus considerable a ete distribue aux proprietaires des habatations et des parcelles de terrains qui au reste ont ete en majeure partie dedommages avec des terrains appartenants aux communes, ou bien a des couvents et aussi a la personne meme du vladika; enfin la plus grande part deja somme, c’est a dire environ 13 mille ducats sera par le desir du vladika placee a la Banque imperiale de Russie; sur les interets une portion sera employee liberer entierement de payement d’impots la tribu de Negoche en remplacement de quelques paturages de la pente du Pestingrad, une autre portion sera assignee pour les secours necessaires aux habitants de Pastrovitch et le reste enlin servira a compenser les revenus des terres prises sur les proprietes des communes, sur celles des couvents ou du vladika pour dedommager les Montenegrins des 300 journees cedees a l’Autriche.

Le Montenegro finalement ayant obtenu une somme de 16 mille ducats, en remplacement de quelques parcelles de terrains et paturages, a termine en meme [249] temps beaucoup de proces dont le resultat pour lui etait fort douteux. Il a acquit pour une partie notable de sa frontiere une fixite et une tranquillite d'autant plus grave pour lui, qu’il doit continuellement veiller a la garde de ses limites du cote de la Turquie avec les habitants de laquelle il est en hostilite permanentes; enfin il a obtenu un avantage exxentiel par le libre passage en transite des armes, de la poudre, du sel et des autres objets de premiere necessite auquel l’Autriche a consenti; en outre, la paix une fois consolidee avec les habitants du cercle de Cattaro donnera au Montenegro la facilite d’utiliser plus librement quelques ressources materielles de son pays par le moyen des voies de communication nouvellement etablis dans l’interieur et dela route faite par l’Autriche au prix de 12 mille florins et d’ameliorer son bien-etre.

Sur les lieux memes je me suis persuade qu'aucun des interets prives des Montenegrins n’a ete neglige d’aucune maniere par le vladika et ses senateurs, car il ne m’est parvenu a ce sujet pas la moindre plainte directe ou indirecte et cepandant il est certainement impossible de mieux defendre ses droits, que ne le font journellement ces montagnards souvent sans egard pour aucune autorite et presque toujours au peril de leur vie.

Pendant toute la duree des conferences j’ai eu lieu de voir l’ascendant moral de notre gouvernement sur le vladika et sa peuplade, il a aide beaucoup le vladika lui-meme, dans lequel les Montenegrins ont une confiance justement meritee, a leur faire apprecier l’interet general et sans une mediation, comme celle de la Russie, il eut ete impossible de leur faire comprendre les exigences du Droit des gens, afin de les portera faire quelques concessions sur des acquisitions faites d’une maniere illegitime, souvent les armes a la main, d’autant plus qu’ordinairement les deux moteurs principaux avec les peuplades de ce genre sont la crainte ou l’interet.

Le vladika, quoique doue d’un caractere noble, ferme et superieur, m’a parut un peu ambitieux au-dessus de sa position. Il est fort mal seconde dans ces vues bienveillantes par ses compatriotes denues totalement de lumieres. Mais il est toujours pret et capable de suivre avec enthousiasme l’impulsion que le souverain de Russie jugera a propos de lui donner.

A. Tschevkine

Le 15/27 janvier 1842

Si .Petersbourg

АВПР, ф. ГА V-A2, д. 699, л. 24-34 об. Подлинник.