№ 26
ЗАПИСКА М. А. ФРУСКО
(ФРУСКО Марино Антонович (р. 1783 г.) Служил в МИД с 1812 г., занимал пост вице- консула в Венеции в 1824-1857 гг., в Триесте — в 1835 г)
не позднее ноября 1837 г.
| М. А. Фруско сматра да peлuацииa yиeдuньуиe православне народе у Aycтpuиu и Typcкoи мечусобно и са Pycuиoм. Meчy ньима иe Црна Гора врло мала али посебно недоступна и независна земла коиa, ако дaдe сигнал, може добиши помоч од наиманье 300.000 иeднoвиepaцa. Православни народи у Босни, Херцеговини и Албании oчeкyиy позив Pycuиe на устанак прошив отоманског иарма. Pycuиa може рачунати и на подршку православног становништва у Aycтpuиu. Како иe Aycтpuиa заинтересована за очуванье мира код cвoиux православних поданика и cyсиедних народа, дужна иe да код ньих подржава виepoвaниe у cpeчuy будучност и не покутава да сруши ньихово пoвиepeньe према Pycuиu и ослаби ньен yтuцaи. |
Notice
sur le Montenegro et les pays limitrophes
L’Autriche et la Turquie possedent dans un groupe de pays, qui sont limitrophes, plusieurs millions de sujets, dont la confession de foi est celle de l’Eglise grecque orthodoxe, et en partie de l’Eglise grecque-unie. C’est cette religion, qui est le lien indissoluble et sacre, qui unit ces peuples entre eux, et tous, du premier individu jusqu’au dernier a la Russie, qu’ils envisagent comme la metropole de leur croyance religieuse, et dont ils reverent le monarque comme l’ange tutelaire de leur destinee. Ce qui les caracterise eminemment, c’est un caractere vif et decide, une bravoure a toute epreuve, et une grande dexterite dans le maniement des armes. Si dans les provinces turques surtout, et a cause de leur religion qu’ils professent avec ferveur, ils soutirent maintes injustices, et meme des cruautes, que les autorites locales se permettent quelques fois envers eux. ils endurent ces souffrances avec patience, esperant toujours leur salut de la Russie, [227] qu’ils reveerent comme leur seconde providence. Plusieurs personnes qui paraissent connaitre specialement ces pays, assurent que dans un tres court espace de temps, au moins 300.000 hommes y sortiraient spontanement, comme de dessous terre et comme des cohortes formidables, au premier signal du Montenegro, le plus petit, mais semblable a une citadelle, formee par la nature, le seul inaccessible et le seul independant d’entre le groupe des pays, dont il est ici question et le regulateur de la conduite de ses nombreux confreres en religion.
Tous les habitants de la Herzegowine, de la Bosnie et de l’Albanie, professant la religion grecque, brulent d’impatience de secouer le joug sous lequel ils gemissent, et que pour cet effet ils n’attendent qu’un geste de la Russie. On pretend aussi que les 400 mille catholiques d’origine slavonne, qui se trouvent en Albanie, mais qui dans les anciens temps, lorsqu’ils etaient sous la domination de la Republique de Venise, ont du renoncera leur foi primitive et de force embrasser la religion catholique, aujourd’hui ont la ferme resolution de renterdans legiron de l’Eglise grecque a la moindre circonstance propice. Plus de 500 moines y mettent tout en oeuvre pour maintenir les 400 mille catholiques dans l’ignorance la plus crasse, dans la plus aveugle superstition, dans une inimitie haineuse contre la religion grecque, et meme de faire des proselytes autant que possible. Nombre de familles des plus marquantes ont le desir secret d’envoyer sous divers pretextes plusieurs centaines d’enfants dans le Montenegro, pour y etre eleves dans le rite grec.
Les troupes militaires de religion grecque, qui se trouvent organisees en regiments dans la Croatie et dans les provinces Srem, Bannat et Batshka, sont toutes, devouees avec ardeur a la cause generale de leurs confreres en religion. Si les sujets autrichiens et turcs, qui professent la religion grecque, sont, vu leur passibilite actuelle, sinon disposes pour le moment, du moins tres susceptibles a se soulever en masse et spontanement, si telle etait un jour la necessite absolue de la Russie. — il n’y a nul doute que dans un cas, rien moins qu’a prevoir aujourd’hui, mais qui ne laisse pas de pouvoir etre mis dans l’immense categorie des possibilites, la Russie pourrait compter dans ces contrees sur une armee auxiliaire d’autant plus formidable et plus iideie, que celle-ci serait animee par un fanatisme religieux longtemps comprime et qui parait sommeiller dans ce moment. Mais pour que sommeil, si salutaire a une epoque oti il s’agit aujourd’hui du maintien de la paix generale, continue, il serait necessaire, dans les interets meme de l’Autriche, d’entretenir dans le coeur ulcere de ces hommes la seule douce illusion qui leur reste et de leur permettre au moins de rever la possibilite d’un avenir plus heureux, en ne pas s’efforcant de toutes les manieres possibles de detruire en eux le sentiment inne de confiance illimitee et touchante, qu’ils professent pour la Russie, et d’affaiblir en meme temps par la l’influence qu’elle exerce encore, quoiaue cette influence soit deja, sans ces instigations continuelles des autorites locales ae l’Autriche, beaucoup diminuee par un abandon presque total de la part de la Russie.
Il importe a l’Autriche que ses sujets, ainsi que tous ses voisins qui sontdela religion grecque, soient tranquilles, et c’est ce qu’ils seront malgre la difference de leur rite et maintes anciens et facheux souvenirs, lorsqu’a cette fin elle voudra se servir de l’influence exclusive de son allie la Russie.
ABПP, ф. ГA V-A2, 1838 r., д. 695, n. 26-27 об. Koпия.