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Записка Е. Р. Щулепникова со сведениями об экономическом состоянии Боснии, политике турецких властей и положении христианского населения

Не позднее 21 февраля (5 марта) 1861 г.

(Датируется по препроводительному донесению)

Appercu general de l’etat de la Province, qui se trouve dans la circonspection de votre consulat.

1.

La Bosnie est un pays principalement montagneux, et ne contient presque qu’une seule plaine considerable qui longe le cours de la riviere Sava. Les montagnes forment sur leurs sommets des plateaux riches en paturage. De nombreuses sources en formant les cinq principales rivieres: Ouna, Sana, Verbas, Bosna et Drina se jetent dans la Sava. En fait de mineraux, on peut dire, il n’y que le fer qui s’exploite dans beaucoup d’endroits de la province. Quant au regne vegetal, ce pays, la partie septentrionale excepte, est plus fait a l’eleve du betail; au reste l’economie urale se trouve en genel tres arrieree, les produits de bles sont a peine suffisants, et eme l’eleve du betail, qui consiste en bcfeufs et en porcs, que l’on exporte, et en chevaux et en brebis employes plus dans le pays, est en decadence.

Selon notre opinion, les causes de cet etat regrettable de l’economie rurale sont les suivantes:

1. L’ignorence et l’insouciance. Les grands progres que l’agriculture a fait en Europe dans notre temps, l’emploi d’instruments agricoles et de machines, et l’amelioration des terrains par le drainage, par les rigoles et par un plus profond labourage, sont tout a fait inconnus en Bosnie.

2. Le manque de capitaux. La plus grande partie de la terre et cultivee par des kmets, qui par suite d’innombrables impots sont tellement pauvres, que generalement ils sont prives de moyens pour l’exploitation du terralnt et les begs, meme ceux qui jouissent d’une certaine aisance et pourraient disposer de quelques capitaux, vivent eloignes de leurs proprietes et n’ont aucun gout pour l’agriculture.

3. Le manque total de voies de communication, qui est d’autant plus a regretter, qu’avec un peu de bonne volonte de la part du gouvernement, vu la grande quantite de bois, de pierres et de sable, on pourrait tres facilement faire partout des routes carrossables.

4. La defectuosite de lois. Sans parler du cheriat qui est defavorable au progres, nous ne ferons mention que du canon name erasi (code relatif a la possession du terrain). Par exemple d’apres ce code tout terrain est propriete de l’etat, qui preleve dix pour cent a chaque acte de vente ou d’echange, l’heritage ne passe que des parents aux enfants et vice versa, et dans tous les autres cas le terrain est reconnu mahloule c’est-a-dire n’appartenant a personne, donc propriete d’etat. Il est clair que des pareilles lois ne sont faites que pour affaiblir dans l’agriculteur l’amour pour son terrain et pour [310] l’agriculture en general et pour le decourager de toute amelioration de sa propriete. A cela on pourrait encore ajouter les dispositions, d’apres lesquelles les etrangers ne peuvent pas acquerir des biens immeubles, par quoi le pays est prive tant de leurs lumieres que de leurs capitaux.

5. La tretina percue en nature et la dime qui pese sur les produits.

La premiere, si meme elle n’avait pas et autres inconvenients, percue, comme elle l’est, en nature, est deja nuisible a l’agriculture, car ordinairement dans les circonstances les plus pressantes le kmet doit attendre l’arrivee de son aghas (proprietaire) ou de son fonde de pouvoir, et souvent de telle maniere perd par l’influence du mauvais temps une considerablepartie de sa recolte. Quant a la dime, quoiqu’elle ne soit plus prelevee en nature, mais en argent, pourtant, vu qu’elle ne pese pas sur le sol, mais sur les produits, incontestablement elle sert de grand empechement aux progres de l’agriculture, et outre cela est d’autant plus nuisible que chaque annee elle donne lieu a des querelles et a des injustices.

6. Le poroze, en turque vergui, impot preleve sur chaque maison qui est trop grand en proportion des forces du paysan meme apres sa diminution actuelle.

En presence du manque total de routes, avec des lois au plus haut degre defavorables au commerce (vu que le code de commerce n’est introduit qu’a Sarajevo) et avec l’appauv rissement general du pays, le commerce naturellement ne peut etre que d’une importance tres minime, et meme tel qu’il est, l’importation etant plus forte que l’exportation, il ne fait que contribuer a la pauvrete de la province.

Les principaux objets d’exportation sont: le bois de construction, les fruits secs surtout les prunes, les porcs, les boeufs, les peaux de brebis, la laine et le fer; ce dernier est a peu pres le seul objet de l’industrie du pays. Quant, aux objets importes se sont d’abord toutes les denrees coloniales et puis principalement le fil de coton et les tissus de laine.

La Bosnie est administree par un vali (gouverneur general) et est divisee en six sandjaks, dont cinq sont gouvernes par des caimacams, qui se trouvent sous sa dependence, mais en meme temps pour plusieurs affaires, surtout pour celles de finance, correspondent directement avec la Porte. Ces caimacams resident a Trawnik, a Bihatch, a Banialouka, a Touzla et a Novi Bazar. Les sandjaks sont subdivises en tout en 44 nahies (districts) qui sont administres par des moudirs, excepte ceux ou resident le vali et les caimacams.

Le revenu de la Bosnie monte actuellement a environ 32 millions piastres, et les depenses ordinaires a 8 millions. En outre, il y a des depenses extraordinaires pour l’entretien des bachi-bouzuks.

La Bosnie contient deux dioceses et a donc a leurs tetes deux metropolitains, le plus souvent grecs d’origine et toujours grecs d’education, envoyes par le patriarchat de Constantinople, dont i’un reside a Sarajevo, et l’autre a Touzla; en outre tout le sandjak de Novi-Bazar, excepte deux nahies, depend du metropolitain de l’Ancienne Servie, qui reside a Prisrene. Quant a l’eveque catholique il est toujours elu du nombre des freres franciscains indigenes et confirme par le pape.

2.

Population relative des chretiens et des musulmans basee sur les donnees qui se trouvent dans votre consulat.

Il est bien difficile de preciser au juste la population de la Bosnie, car generalement l’on ne tient pas en regle les registres de naissances et de deces, et l’on ne compte que les males. Nous ne pouvons donc donner que des chiffres approximatifs, et evaluer la population de la Bosnie a environ 900.000, [311] dont un peu plus de 350.000 musulmans, plus de 1000 juifs, plus de 4600 bohemiens, et le reste chretiens. Comme le clerge catholique tient le mieux les registres, nous pouvons dire avec plus d’exactitude que le nombre des catholiques monte a 125.000, et de cette maniere on peut evaluer le nombre des orthodoxes jusqu’a 420.000.

3.

Les occupations et la maniere, de vivre des chretiens et des musulmans par exemple sont ce les musulmans qui forment la majorite des argiculteurs, et les chretiens la majorite des commercants dans les villes?

Dans les villages tous les habitants tant chretiens que musulmans sont laboureurs, et dans les villes et les bourgs ils s'occupent de commerce et de metiers. Chaque homme sans aucun empechement de la part du gouvernement peut s’occuper de tel metier qu’il veut.

4.

Les chretiens peuvent-ils posseder des terrains sur les memes droits que les musulmans? Si non, en quoi consiste la difference?

Actuellement le droit ne fait pas de difference entre les sujets musulmans de la Porte et les chretiens, quant a ce qui regarde la possession des immeubles; mais si la difference n’existe pas dans le droit, elle existe bien dans le fait.

Apres la conquete de la Bosnie par les turcs les chretiens etaient encore en possession d’une grande partie du sol, mais les musulmans, ne comprenant pas la possession du pays sans la possession exclusive du terrain, pousses en outre par une avidite insatiable, priverent peu a peu les subjugues de leurs proprietes. Timar et Vakouf, deux considerables villages dans le sandjak de Banialouka, dont les habitants ont perdu leurs droits de propriete peu avant l’arrivee d’Om'er pacha en Bosnie, servent d’exemple de la conduite violente et arbitraire des begs turcs vis-a-vis les proprietaires chretiens. Ce que les puissants begs faisaient avant le Tansimat avec une force ouverte, est continue apres le Tanzimat par les begs affaiblis avec ruse et astuce. Les moyens ont ete changes, mais le but est reste le meme. Omer pacha, qui apporta le Tanzimat en Bosnie, et qui avait compris la necessite d’ameliorer la position de la pauvre population chretienne, ordonna que les terrains incultes appartenant au gouvernement et qu’on appele erasi-hali et erasimevrat fussent distribues entre tous ceux qui les rechercheraient sans distinction. de religions. Parmi les chretiens principalement ceux des sandjacs de Sarajevo et de Trawnik ont profite le plus de cette mesure. Mais bientot apres le depart d’Omer pacha de la Bosnie l’on revint a l’ancien systeme; non seulement les autorites s’opposerent a accorder de pareils terrains aux chretiens, mais Ifon s’efforca et l’on s’efforce jusqu’a present d’employer tous les moyens pour les depouiller des proprietes qu’ils possedent. Tantot c'est un turc, qui se presente comme vrai proprietaire, et alors les temoins turcs ne lui font jamais defaut, tantot c’est l’arbitre qui trouve que le'Chreetien a cultive plus de terrain que le gouvernement ne lui a accorde, et dans ce cas il doit lui payer le quasi surplus au prix de sa valeur actuelle, ou enfin, si tous les moyens manquent, le terrain est reconnu mera, c’est-a-dire paturage de la commune. Nous connaissons meme plusieurs cas, ou les chretiens apres avoir pendant des annees employe toutes leurs forces et tous leurs moyens pour fertiliser de pareils terrains incultes, apres y avoir fait differentes constructions et paye au gouvernement les impots necessaires, ont ete forces de demolir eux-memes leursa, car le truc dans sa cruaute, en brisant la fortune du chretien, tient en meme temps a l’humilier et a briser son coeur. [311]

5.

Les chretiens peuvent-ils s’occuper du commerce dans les villes sur les memes droits qu’en ont les musulmans? Si non, en quoi est la difference?

Les chretiens exercent le commerce dans toute la Bosnie avec les memes droits que les musulmans, et la majeure partie du commerce se trouve entre leurs mains.

6.

Quelle est la position des paysans chretiens, comparativement a celle des paysans musulmans?

Il y a deux especes de paysans, paysans proprietaires de la terre qu’ils cultivent et paysans kmets, c’est-a-dire qui cultivent une terre appartenant a un autre. Les musulmans avec peu d’exceptions sont du nombre des premiers, tandis que les chretiens presque en totalite appartiennent au nombre des seconds, grace a un continuel et systematique empietement des musulmans sur leurs possessions. Cette seule circonstance fait deja une enorme difference dans leur position tant materielle que morale.

En outre vu que les rayas payent comme laboureurs, les impots que les musulmans, vu qu’en qualite de chretiens ils sont charges d’autres impots dont les musulmans sont exempts et enfin comme en qualite de kmets ils doivent donner plus de la troisieme partie de leurs produits, il est facile de comprendre, qu’ils sont beaucoup moins aises que les turcs.

7.

Le temoignage des chretiens est-il admis dans les tribunaux? Si non, nommez les cas, ou il n’a pas ete admis.

Il est vrai que depuis plus de deux ans l’ordre a ete donne ici par un firman de reconnaitre le temoignage des rayas contre lis turcs, mais ici, comme partout ailleurs en Turquie, un ordre donne est bien loin d’etre un ordre execute. Si les turcs en general montrent une mauvaise volonte, quand il s’agit de rompre un seul anneau de la chaine qui tient serres les malheureux rayas, ce serait se faire illusion, que d’attendre d’eux plus de zele pour l’execution de cette mesure, qui, enlevant aux kadis et remettant aux medjlis toutes les affaires litigieuses entre rayas et musulmans, menace de detruire l’institution la plus turque c’est-a-dire celle des mehkemes.

Aussi les turcs ne se sont-ils nullement empresses de porter a la connaissance des chretiens cette importante concession, quoique elle eut pu beaucoup contribuer a faire naitre dans les rayas une certaine confiance dans le gouvernement, et il est positif qu’encore a present les chretiens en grande partie ne savent pas meme que ce droit leur a ete accorde.

Nous croyons avor tout dit sur cette matiere, si nous mentionnons encore qu’au dernier mois octobre des emloyes superieurs de Banialouka ont avoue que dans ce Sandjak, ou pourtant la majorite des chretiens dans toute la Bosnie est la plus forte, il n’y a pas eu jusqu’alors de cas de temoignage des chretiens contre les turcs.

8.

La position actuelle des chretiens est-elle generalement amelioree, les respecte-t-on davantage, se comporte-t-on avec eux maintenant mieux que 5, 10, 15, 20 ans avant?

Il est incontestable qu’en Bosnie comme en Turquie en general le progres ne se fait que tres lentement; il est evident que les impots considerablement augmentes depuis l’introduction du Tanzimatont appauvri cette province. Nous voyons,il est vrai, dans certains endroits et a certaines epoquesmeme des [312] mouvexnents retrogrades, comme par exemple dernierement dans une partie de la Craina et de la Possavina par suite des troubles qui y ont eu lieu, du tepms d’Omer pacha quand le desarmement des chretiens les a affaiblis et en meme temps les a humiliees, enfin tout recemment pendent l’administration du dernier vali, dont la faiblesse a donne libre cours a l’arbitre des begs. Pourtant nous sommes forces d’avouer que depuis les dernieres douze annees l’on remarque generalement en Bosnie un progres tant moral, que materiel. L’observateur attentif doit trouver meme dans le genre de persecutions du dernier temps une preuve que les chretiens se sentent plus surs, et commencent a avoir la conscience de leurs droits d’homme. Tandis que la haine des Turcs etait melee jadis au mepris, maintenant elle est accompagnee de peur, tandis que les violences des Turcs envers les chretiens avaient jadis pour but l’agrandissement de leur pouvoir, maintenant les musulmans ne les commettent que pour conserver, si c’est possible, leurs anciens privileges. Nous ne pouvons pas passer sous silence les allegements faits dernierement aux chretiens par la diminution des impots. Le bedelie-askerie a ete reduit de la moitie, le porese a ete diminue de 12 1/2 pour cent, enfin la dime, prelevee maintenant en argent, est aussi moins considerable, vu que l’on a pris la moyenne de cinq annees sur les sommes qui ont ete payees par les iltizamdjis (apaltateurs). C’est a cause de cela que les revenus dela Bosnie, qui montaient avant a 44 millions de piastres, ne s’elevent actuellement qu’a 32 millions.

9.

Y a-t-il des differences provenant uniquement de la religion et quelles sont-elles?

Le religion musulmane pose dans le fait des distinctions dans la position sociale des chretiens et des turcs. Generalement meme il est accepte, que toutes les souffrances des pauvres rayas, et leur position ignominieuse ne doivent etre attribuees qu’au coran; Nous ne pouvons pourtant etre d’accord avec cette opinion et nous croyons que l’on confond dans ce cas la cause avec ses consequences. Ce n’est pas le coran qui a mis les turcs au-dessus des chretiens, mais ce sont les turcs victorieux qui on pose les coran au-dessus de l’evangile. Le jour ou le sultan declarera avec fermete, que dorenavant il ne considererait dans les turcs et dans les chretiens que ses fideles sujets et avec des devoirs egaux reconnaitrait a tous des droits egaux, ce jour l’on verrait les ulemas eux-memes vouloir se surpasser pour expliquer le coran de maniere a adoucir ses passages les plus haineux, et les affaiblir par des sentences contraires.

Aussi nous voyons que tout ce qui a ete ordonne en faveur des chretiens depuis Mahmoud II n’a trouve que bien peu de resistance de la part des turcs, quoique beaucoup d’ordonnances fussent contraires au sens du coran, et encore cette resistance s’est manifestee seulement, parce que ce n’etaient que des demimesures, incapables de detruire les prejuges de la race conquerante et que le gouvernement lui-meme paraissait ne pas vouloir serieusement leur execution.

10.

Que preferent les chretiens porter le service militaire, ou payer l’impot qui les delivre de cette charge? que serait plus avantageux pour eux?

Nous voyons des peuplades connues par leur esprit heroique, qui pendant des siecles entiers ont exerce avec orgueil le metier des armes, reculer avec horreur devant l’implacable recrutement, devant la severe subordination militaire, devant l’ennuyeuse absence de sa patrie pendant le temps du service. Aussi est-il naturel que les chretiens bosniaques, courbes sous un joug de quatre cents ans ne veulent pas entrer au service militaire turc et preferent payer le bedelie askerie qui les delivre de cette charge. En outre, voyant [313] qu’il jouissent le moins des privileges accordes par l’etat a ses sujets, accables toujours de contributions, ils ont peur de tout nouveau rapprochement et contact avec les turcs.

Telles sont les idees des chretiens, mais autrement doivent penser ceux j qui s’occupent de leur future prosperite. Les turcs, comme tpus les barbares, ne connaissent qu’un pouvoir — la force brutale, et une seule gloire — celle qui peut etre acquise dans les combats. Le droit de porter les armes est un privilege, et le service militaire est un metier qui ennoblit l’homme. Donc le desarmement des chretiens ne doit pas etre attribue seulement a une crainte de leur elevation, mais il a ete fait aussi dans l’intention de les humilier. Voila pourquoi nous pensons que l’admission des chretiens au service militaire, contribuant beaucoup d’un cote a relever leur moral, et d’un autre a amoindrir le mepris que les turcs ont pour eux, ameliorerait considerablement leur position sociale. Il est sous entendu que, avant d'executer celle mesure, il faudrait faire de grands changements legislatifs relativement aux i chretiens, car avec l’etat actuel des choses ils ne porteraient que le fardeau de cette institution, sans jouir de ses privileges, et cette mesure ne donnerait, aux turcs qu’une occasion de plus d’exploiter les pauvres rayas.

11.

Rencontre-t-on des difficultes quelconques pour la construction des eglises ou pour l’exercice des ceremonies religieuses?

Le principal obstacle que les chretiens trouvent de la part des autorites pour la construction de leurs eglises est le choix de l’emplacement car les turcs s’opposent toujours a ce qu’une eglise soit construite pres d’une mosquee ou pres d’un cimetiere musulman. En outre les habitants turcs par haine et fanatisme ne font que trop souvent des chicanes aux chretiens pour leur empecher de trouver les materiaux necessaires pour la construction tels que les pierres, la chaux etc., et nos pauvres coreligionnaires, tout en se plaignant aux autroites, se voient pour la plupart obliges de payer certaines sommes pour echapper a ces chicanes.

Nous ne pouvons pas passer sous silence un tres grave empechement que les rayas rencontrent pour la construction des eglises. C’est celui qui est cause par la difficulte d’avoir le firman necessaire a cet effet. Quoique d’apres le dernier hatti-houmayoun un tel acte dut etre delivre gratuitement, nonobstant les metropolitains pour l’obtenir doivent depenser en cadeaux aux petits employes de la Porte de mille a mille cinq cents piastres et quelque fois plus. Naturellement les metropolitains veulent rentrer dans leur argent, 3 et les chretiens le plus souvent pauvres ne sont pas en etat de payer des pareilles sommes. Nous connaissons plusieurs cas, ou le metropolitain a fait cadeau de firman a des communes tout-a-fai pauvres, mais aussi nous en con naissons d’autres ou les chretiens ne les ont pas recus, vu qu’ils n’ont pas voulu ou n’ont pas pu payer la somme demandee par le metropolitain.

Quant a l’exercice des ceremonies religieuses telles que enterrements et differentes processions, elles se font depuis une douzaine d’annees sans aucune entrave de la part des autorites, et les habitants musulmans eux-memes dans de pareilles occasions ne montrent ni mepris, ni aucun signe de desappro bation.

12.

Dans le cas de l’oppression des chretiens provient-elle des actes du gouver nement ou du fanatisme de la population?

Quoique il ne nous soit connu aucun cas, ou l’on puisse dire que les oppressions des chretiens sont provoquees directement par le'gouvernement, pourtant ce dernier, par sa partialite pour les turcs, par sa negligence de punir [314] les injustices faites aux chretiens, s’en rend responsable et doit, etre considere comme la vraie cause du mal. Cette assertion est d’autant plus juste que le gouvernement local (c’est-a-dire les medjlis) est compose exclusivement des representants de ceux qui commettent les injustices. Cette idee sera developpee plus en details dans les articles suivants.

13.

Les chretiens sont-ils admis dans les medjlis ou conseils locaux? La direction generale de ces institutions est-elle favorable au progres ou non?

Les medjlis, auxquels sont adjoints partout des individus sous le nom de Hodja bachi, par un de chaque confession chretienne, sont composes du caimacam ou du moudir, du cadi, du moufti, du mal-moudir (employe de finances), quelquefois du zirat-moudir (pour l’agriculture) et d’un certain nombre de begs, qui tous naturellement sont des turcs. D’apres l’idee du gouvernement ces membres (les employes excepte) devraient etre elus par la population, sous laquelle l’on ne peut comprendre que la population turque, car les chretiens dans leur etat actuel sont prives des benefices de lois.

Les choses pourtant ne se passent pas ainsi, les elections ne sont qu’apparentes, et souvent un des begs les plus influents fait entrer dans le medjlis ses creatures, de maniere qu’en general tous les membres du medjlis, au lieu de representer une nahie, ne sont que les instruments d’un seul individu. Ainsi donc, si le medjlis dans une ville ne represente pas la nahie, encore moins le medjlis du sandjac peut representer tout le sandjac, et celui de Sarajevo toute la province. C’est pour cela que les deux freres Usunia, qui, comme ennemis du Tanzimat ont ete exiles de la Bosnie par Omer pacha depuis leur retour ici sont les vrais maitres de la Bosnie, car ils ont su faire entier leurs creatures comme membres dans tous les medjlis.

Avec une telle composition de medjlis, avec cette forte puissance de l’ancien parti turc, il est facile a comprendre, que les medjlis servent plutot, d’obstacle au progres, au lieu de l’encourager. Quant aux hodja hachis, je puis dire avec assurance que vis-a-vis la grande superiorite turque tant morale que numerique leur influence dans les medjlis ne peut etre que nulle, d’autant plus que les chretiens les plus aises sont des negociants, qui de peur de prejudicier a leurs interets prives, n’acceptent pas la charge de hodja-bachi, qui le plus souvent est occupee avec retribution par des hommes pauvres sans considerations et estime, traites par les membres turcs presque comme des domestiques.

14.

Si non, croyez-vous qu’il serait possible de limiter leurs droits d’une telle maniere que, dans les endroits ou elles sont utiles de conserver leur pouvoir et par contre dans celles ou elles sont nuisibles de les affaiblir ou de les supprimer?

De ce que nous avons dit plus haut on peut conclure que les desavantages que les chretiens ont de l’institution des medjlis proviennent de leurs deux defauts, d’abord contrairement a leur but ils ne eepresentent qu’une petite fraction de la population turque, et puis la population chretienne, on peut dire, n’y est pas du tout representee. Malgre cela nous croyons qu’il ne faudrait ni les abolir, ni les limiter. Leur mission, la juridiction excepte, n’etant que d’aider les employes du gouvernement par des conseils, nous ne saurions, comment leur pouvoir pourrait etre limite, car si meme ils exercent un pouvoir quelconque cela n’arrive que par abus et a cause de l’incapacite des employes. Encore moins, selon nous, pourraient-ils' etre abolis, non seulement parce que nous voyons en eux le germe d’un futur gouvernement chretien national, mais aussi parce que les employes avec leur peu de capacites et de [315] connaissances ne seraient pas en etat de conduire les affaires sans le secours de medjlis etse verraient obliges de se soumettre aux suggestions des flatteurs et des intriguants, dont l’influence probablement serait plus nuisible, que celle des medjlis.

Il ne nous reste donc que de chercher les moyens de corriger les defauts de cette institution, afin de la faire repondre a sa vraie destination. Nous croyons que pour arriver a ce but, il faudrait que le nombre des membres chretiens soit egal a celui des turcs, et que tous les membres sortent des elections respectives du peuple et soient renouveles periodiquement. En outre ils devraient etre formes de maniere a ce que 1. ceux des nahies representent vraiment les nahies, 2. ceux des sandjaks soient composes de membres pris de toutes les nahies et 3. celui de Sarajevo de tous les sandjaks. Tous les membres devraient etre faits responsables, et recevoir une certaine indemnite, prenant surtout en consideration que les chretiens pour la plupart sont tres pauvres. Afin que le payement des membres des medjlis ne soit pas onereux pour le gouvernement, on pourrait diminuer les appointements du gouverneur general, des caimacams et meme des moudiris.

15.

Quel est votre opinion sur la separation du pouvoir judiciaire des medjlis et sur la formation des tribunaux separes? Quelle serait votre idee sur la formation de ces tribunaux?

Si les medjlis sont composes, comme nous en avons fait la proposition plus haut, la separation du pouvoir judiciaire des medjlis et la formation de tribunaux, serait, d’apres notre avis, au moins pour le moment, tout a fait inutile. Il faudrait seulement insister a ce que le code de commerce qui est pris pour guide au tidjaret-medjlis (conseil de commerce) soit aussi introduit dans tous les autres medjlis tant des sandjaks, que des nahies. En outre, il serait naturellement indispensable qu’a Sarajevo le tidjaret-medjlis, comme aussi l’istintak-medjlis (conseil d’enquete) soient formes comme tous les autres, c’est-a-dire qu’il y aie le meme nombre de membres chretiens que de turcs.

16.

Remarque-t-on dans les musulmans une forte tendance de convertir les chretiens a l’islamisme? Y a-t-il eu des cas de conversion forcee et quels nommement?

Nous n’avons jamais pu remarquer dans les habitants musulmans du pays aucune tendance a convertir les chretiens a la religion musulmane, quoique on devrait supposer, que dans leur fanatisme ils pourraient bien desirer l’augmentation du nombre de leurs coreligionnaires; nous ne connaissons non plus aucun cas de conversion forcee.

17.

Dans les cas de conversion des femmes provient-elle d’un entrainement religieux ou d’autres buts mondains? Montrez ces buts?

Il nous est arrive de voir plusieurs cas ou des femmes chretiennes ont embrasse la religion musulmane, mais ces conversions n’ont jamais ete causees par la conviction ou par le fanatisme religieux.

Les chretiens, etant le plus souvent pauvres, ne sont pas toujours en etat de nourrir leur familles, et sont quelquefois forces de placer leurs filles encore en bas age comme domestiques chez les turcs, dans les maisons desquels elles grandissent et sont elevees comme turques et ne sont chretiennes que de nom. Etant bien traitees et bien nourries, elles veulent rarement retourner chez leurs parents, qu’elles voient pauvres et meprises et finissent [317] souvent par embrasser la religion musulmane, afin d’epouser un turc, avec lequel elles esperent jouir d’une certaine aisance, qu’elles ne peuvent pas trouver dans la maison fraternelle.

Nous connaissons au reste plusieurs cas ou les filles ont ete detournees de pareils projets par le metropolitain, quand ils sont parvenus a sa connaissance, et si ces cas malheureusement arrivent assez souvent, il faut en accuser les chretiens et quelquefois meme les pretres, qui sous ce rapport ne montrent que trop d’insouciance.

18.

Quelles seraient les mesures les plus faciles et moins couteuses a prendre pour etablir la justice et ameliorer l’etat general du pays?

Pour rendre la position de la population chretienne de la Bosnie plus prospere, il serait necessaire avant tout d’ecarter completement les contradictions entre le cheriat et les codes de lois, et ameliorer par la le defectueux systeme judiciaire. Pour atteindre ce but il faudrait rassembler dans un seul' code tous les firmans qui ont ete donnes au profit des chretiens, y ajouter des nouveaux, et les kadis devraient etre obliges de subir leurs examens tant du cheriat que des lois, d’apres lesquelles ils seraient tenus de prononcer leurs sentences. Ils consentiraient a cela d’autant plus facilement qu’avec les circonstances actuelles les taxes judiciaires dans les proces mixtes sont percues par les caimacams, et n’etant pas retribues par le gouvernement, ilssont presque totalement prives de moyens d’existence. Il est sousentendu, que les cadis ne jugeraient pas seuls les proces, mais en plein medjlis ou dans le cas ou ceux-ci seraient trop occupes d’affaires administratives, avec le concours de quelques membres, tant chretiens que turcs. Afin que cette mesure soit encore plus efficace il serait necessaire que les lois soient traduites en langue bosniaque, pour etre comprises par le peuple. En meme temps, il faudrait reconnaitre la validite de tous les documents ecrits dans la langue du pays. Nous avons d’autant plus faire ces propositions, qu’elles n’occasionnent pas au gouvernement de nouvelles charges.

Mais comme toute amelioration judiciaire reste pour les chretiens une illusion tant qu’ils sont humilies par la pauvrete, il serait necessaire avant tout de tacher de les relever et de les rendre egaux aux turcs en augmentant leur aisance. A cet effet nous ne proposerons que des moyens qui peuvent ameliorer la position materielle des chretiens et amener le bien-etre general du pays, sans leser les droits des turcs.

Le bien-etre de la Bosnie repose principalement sur l’economie rurale et donc ne peut etre ameliore que par l’encouragement de l’agriculture. Afin que les revenus de la Bosnie montent jusqu’a leur plus haut degre, il serait necessaire que le paysan cultive son terrain avec science, plaisir et amour, qu’il tache de l’ameliorer par des travaux et des depenses, qui plus tard augmenteraient considerablement ses revenus et son bien-etre.

Tel pourtant n’est pas l’etat ou se trouvent actuellement les kmets bosniaques. Menaces continuellement par le proprietaire ou d’etre totalement expulses du terrain qu’ils cultivent, ou d’en etre prives en partie, ils ne peuvent entreprendre aucun travail, dont le fruit n’est pas immediat, et n’osent faire aucune depense, qui ne rapporte la meme annee; c’est pourquoi le pays au terme moyen rapporte a peine la moitie de ce que l’on pourrait tirer des pareils terrains dans des pays bien cultives.

Pour remedier a ce mal nous proposerions

1. De ne pas considerer la loi sur l’inamovibilite comme une lettre morte, mais comme une vraie loi, et de la mettre a execution, de rendre le kmet quasi-proprietaire du terrain, en lui accordant le droit d’en disposer quant a sa culture a son gre sans toutefois leser les droits du proprietaire; en meme [318] temps il faudrait donner aux kmets la garantie qu’ils ne pourraient etre prives de leurs terrains totalement ou en partie, que quand le gouvernement aurait bien constate la negligence de leurs devoirs.

2. Les agas qui actuellement ne payent pour leurs kmets que le tiers du poreze (impot) devraient etre obliges d’en payer deux tiers, car, si l’on prend en consideration que le kmet fournit la semence, le travail et differentes depenses, l’aga a pour sa part au moins deux tiers du revenu net du terrain.

3. Il serait a desirer que l’impot, percu par le gouvernement sous le nom de dime, soit aboli et remplace par un impot preleve d’apres la grandeur et la valeur des terrains; la perception d’un tel impot serait bien plus facile et moins couteuse, et le proprietaire serait tenu a ne pas laisser ses terrains incultes.

4. Il faudrait partout faciliter aux chretiens l’achat de terrains, surtout de ceux qui sont maintenant destines par le gouvernement a etre vendus, et les autorites devraient recevoir l’ordre de distribuer aux chretiens les terrains incultes pour leur defrichement.

19.

Est-il possible d’etablir des ecoles mixtes pour toutes les classes et tous les cultes? Quel en serait l’effet?

Malheureusement nous sommes obliges d’avouer que ni les ecoles turques en general ni les ecoles mixtes, si on les etablissait ne peuvent produire d’effets bienfaisants pour la civilisation et la tolerance.

Les ecoles turques mektebe-rouchdi, introduites en Bosnie depuis huit ans, prouvent que la methode turque est tres lente, que les connaissances de leurs professeurs sont pour la plupart insuffisantes, et que les objets qui y sont enseignes ne sont d’aucune utilite pour la vie commune, d’autant plus que la langue bosniaque en est entierement exclue. Dans de telles circonstances nous ne croyons pas, qu’il serait profitable pour l’intelligence des chretiens, que leurs enfants frequentent ces ecoles. Avec le fanatisme des professeurs musulmans, avec la position privilegiee des ecoliers turcs, et avec la direction religieuse de l’enseignement l’on ne peut non plus s’attendre a rien de bon pour la tolerance reciproque. Il est aussi difficile d’esperer que le gouvernement turc etablisse des ecoles d’apres le systeme europeen avec quelques professeurs chretiens et avec la langue bosniaque comme base d’enseignement, encore moins peut-on esperer que de pareilles ecoles soient frequentes par les turcs.

20.

Croyez vous possible de nommes des vice-gouverneurs chretiens dans les provinces, particulierement peuplees par les chretiens, et que ces vice-gouverneurs soient independants du pacha turc et en relation directe avec la Porte?

Si l’on introduisait toutes les mesures proposees par nous, et principalement une representation juste et proportionnee des chretiens dans les medjlis et surtout dans celui de Sarajevo, si la langue bosniaque etait acceptee comme langue du gouvernement, si l’on abolissait entre les turcs et les chretiens la difference relative au droit de porter les armes, alors seulement l’on pourrait confier des emplois administratifs aux chretiens, car cette mesure releverait le moral des rayas, et reveillerait en eux la confiance pour le gouvernement. Les endroits ou l’on pourrait faire ces essais sont le sandjak de Banialouka (ou il serait bon peut-etre de joindre une partie de la nahie de Techne au sandjak de Trawnik, afin de rendre la majorite des chretiens encore plus forte) et la partie occidentale du sandjak de Trawnik c’est-a-dire presque toute la nahie de Zaitza et celle de Zezero, Glamotch et Livno, car dans ces endroits [319] la proportion de la population est tres favorable aux chretiens et en outre ils touchent aux frontieres des etats d’Autriche.

Les employes, que l’on mettrait dans ces endroits sous le nom de caimacams ou vice-gouverneurs auraient le droit, accorde aussi maintenant a tous les caimacams, de correspondre directement avec la Porte, et pour l’harmonie de l’administration seraient subordonnees au pacha de Sarajevo, contre' l’arbitre du quel ils trouveraient un appui dans les medjlis renforces par les membres chretiens.

Mais nous croyons, que cette bienfaisante mesure est executable uniquement dans le cas, si les autres concessions ont lieu, car avec les circonstances actuelles les employes chretiens ou devraient se soumettre aux volontes des begs turcs, agir comme leurs instruments et legaliser par la les oppressions des rayas, ou bien par leur conduite impartiale, au lieu de rendre ces contrees heureuses, ne feraient que reveiller les passions, et la calme actuel du pays serait facilement transforme en revolution.

АВПР, ф. ГА V-A2, д. 803, л. 4062. Подлинник.

Перевод

Общий обзор состояния провинции, находящейся в ведении вашего консульства

1.

Босния — страна, главным образом гористая; в ней есть практически лишь одна значительная долина, тянущаяся вдоль реки Савы. Вершины гор являют собою плато г богатые пастбищами. Многочисленные источники, сливаясь, образуют 5 главных рек: Уну, Сану, Врбас, Босну и Дрину, впадающих в Саву. Из полезных ископаемых там, можно сказать, есть лишь железо, месторождения которого разрабатываются во многих местах провинции. По своим растительным ресурсам эта страна, за исключением, северной ее части, более всего пригодна для скотоводства; в остальном, сельская экономика находится на весьма отсталом уровне, сбор зерна едва удовлетворяет нужды, страны, и даже разведение скота — быков и свиней на экспорт, а также лошадей и овец, которых используют внутри страны, находится в упадке.

По нашему мнению, причины столь плачевного состояния сельской экономики заключаются в следующем:

1. Невежество и беспечность. Современные большие достижения в области сельского хозяйства в Европе, использование сельскохозяйственных инструментов и машин и мелиорация земель посредством дренажных работ, создания оросительных систем и увеличения глубины вспашки совершенно неизвестны в Боснии.

2. Нехватка денежных средств. Наибольшая часть земель возделывается кметами, которые вследствие обложения их бесчисленными налогами столь бедны, что чаще всего у них нет средств даже для обработки земельного участка, а беги, даже те, которые имеют определенный достаток и могли бы располагать некоторыми капиталами, живут далеко от своих владений и совершенно безразличны к сельскому хозяйству.

3. Полное отсутствие путей сообщения, которое тем более достойно сожаления, что, ввиду наличия большого количества леса, камней и песка, повсюду легко можно было бы проложить проезжие дороги, будь на то немного желания со стороны правительства.

4. Порочность законов. Не говоря о шариате, который не благоприятствует прогрессу, мы упомянем лишь о каноне (закон о землевладении). По этому закону, например, любой земельный участок является собственностью государства, которое взимает 10 % с каждого акта купли-продажи или обмена; наследование его возможно лишь Детьми от родителей и наоборот, а во всех прочих случаях участок признается «махлуле», то есть никому не принадлежащим или собственностью государства. Ясно, что подобные законы не могут иметь иного следствия, кроме ослабления любви земледельца к своему участку и к сельскохозяйственному труду в целом, и отбивают у него [320] всякую охоту к улучшению его собственности. К этому можно также присовокупить и постановления, согласно которым иностранцы не могут приобретать недвижимость, вследствие чего страна лишается их знаний и капиталов.

5. Третина, взимаемая натурой, и десятина с продуктов производства. Первая, если бы даже она но была сопряжена с другими неудобствами, взимаемая, как она есть, натурой, уже сама по себе носит вред сельскому хозяйству, ибо обычно в самых неотложных обстоятельствах кмет должен ожидать прибытия своего ага (землевладельца) или его доверенного лица и часто таким образом теряет из-за плохих погодных условий значительную часть своего урожая. Что касается десятины, то, хотя она взимается теперь не натурой, а деньгами, тем но менее ввиду того, что ее взимают не с земли, а с продукции, она служит существенным препятствием развитию сельского хозяйства и тем более вредна, что каждый год становится причиной споров и несправедливостей.

6. Порез, по-турецки, «верги», налог, взимаемый с каждого дома, который в сравнении с возможностями крестьянина слишком велик даже теперь, когда его размер уменьшился.

В силу полного отсутствия дорог, существования в высшей степени неблагоприятных для торговли законов (ибо торговый устав введен лишь в Сараеве) и всеобщего обнищания страны торговля, естественно, имеет исключительно малое значение, и поскольку при нынешнем ее состоянии ввоз преобладает над вывозом, она лишь усугубляет бедность провинции.

Основными предметами экспорта являются: строительный лес, сушеные фрукты (в особенности сливы), свиньи, быки, овечьи кожи, шерсть и железо; последнее является едва ли не единственным продуктом промышленного производства страны. Что касается ввозимых товаров, это, прежде всего, все бакалейные товары, затем хлопковая пряжа и шерстяные ткани.

Босния находится под управлением вали (генерал-губернатора) и разделена на 6 санджаков; пятью из них управляют каймаками, которые находятся у него в подчинении, но в то же время по многим делам, в особенности по финансовым, сносятся непосредственно с Портой. Каймакамы эти помещаются в Травнике, Бихаче, Банялуке, Тузле и Нови-Пазаре. Санджаки подразделяются в целом на 44 нахий (округов) и управляются мудирами, за исключением тех, где помещаются вали и каймакамы.

Доход Боснии достигает в настоящее время около 32 миллионов пиастров, а обычные расходы — 8 миллионов. Кроме того, существуют чрезвычайные расходы на содержание башибузуков.

В Боснии есть 2 епархии, возглавляемые, соответственно, двумя митрополитами, чаще всего греками по происхождению и всегда греками по образованию, направляемыми Константинопольской патриархией; один из них помещается в Сараеве, второй в Тузле; кроме того, весь санджак Нови-Пазар, за исключением двух нахий, подчиняется митрополиту Старой Сербии, помещающемуся в Призрене. Католический же епископ всегда избирается из числа местных братьев-францисканцев и утверждается папой.

2.

Сведения о соотношении численности христианского и мусульманского населения основаны на данных, которые имеются во вверенном вам консульство.

Оценить в точности население Боснии очень трудно, поскольку обычно реестры рождений и смертей содержатся в беспорядке и считают только лиц мужского пола. Поэтому мы можем дать лишь приблизительные цифры и считать численность населения Боснии примерно равной 900 000, из которых немногим более 350 000 — мусульмане, более 1000 — евреи, более 4600 — цыгане, остальные — христиане. Поскольку реестры католического духовенства содержатся в большем порядке, мы можем с большей точностью сказать, что число католиков достигает 125 000 и, таким образом, число православных можно оценить примерно в 420 000.

3.

Занятия и образ жизни христиан и мусульман: например, мусульмане ли составляют большинство земледельцев я христиане ли — большинство торговцев в городах? [321]

Все население деревень, как мусульмане, так и христиане, является земледельцами, а в городах и поселках они занимаются торговлей и ремеслами. Любой человек без всяких препятствий со стороны правительства может заниматься любым ремеслом по своему желанию.

4.

Могут ли христиане владеть земельными участками на тех же правах, что и мусульмане? Если нет, в чем состоит различие?

В настоящее время закон не делает различий между подданными Порты мусульманского и христианского вероисповедания в том, что касается владения недвижимой собственностью; но если в законодательстве различий не существует, на деле они есть.

После завоевания Боснии турками христиане еще владели значительной частью земель, но мусульмане, не понимая, как можно обладать страной, не обладая исключительным правом на владение землей, и подталкиваемые чувством неутолимой алчности, постепенно лишили порабощенных их владений. Тимар и Вакуф, две большие деревни в санджаке Банялука, жители которых лишились своих прав собственности незадолго до прибытия в Боснию Омер-паши, служат примером жестоких и произвольных действий турецких бегов по отношению к землевладельцам-христианам. То, что могущественные беги до появления танзимата делали, открыто применяя силу, беги, лишенные прежней силы, после появления танзимата продолжают делать, используя хитрость и коварство. Изменились средства, но цель осталась прежней. Омер-паша, принесший танзимат в Боснию и понявший необходимость улучшения положения бедного христианского населения, приказал, чтобы невозделанные земли, принадлежащие правительству и называемые эрази-хали и эрази-меврат, были распределены между теми, кто желает их получить, без различия вероисповедания. Среди христиан этой мерой в наибольшей степени воспользовались, главным образом, жители санджаков Сараево и Травник. Однако вскоре после того, как Омер-паша покинул Боснию, здесь вернулись к прежней системе; власти не только воспротивились предоставлению христианам подобных земельных участков, но старались и до сих пор стараются использовать все средства, чтобы отнять собственность, которой те владеют. То является турок, объявляющий себя истинным владельцем и никогда не испытывающий недостатка в свидетелях-турках; то судья находит, что христианин возделал больше земли, чем ему предоставлено правительством, и в таком случае тот должен выплатить ему якобы излишек в размере чуть ли не нынешней ее стоимости; то, наконец, когда все средства исчерпаны, участок признается «мера», то есть общинным выгоном. Нам известно много случаев, когда христиане, в течение долгих лет отдававшие все свои силы и средства, чтобы сделать подобные невозделанные участки плодородными, возводившие на них различные постройки и платившие правительству необходимые налоги, принуждены были собственноручно разрушать построенное ими, ибо жестокий турок, лишая христианина состояния, одновременно считает нужным унизить его и разбить его сердце.

5.

Могут ли христиане, проживающие в городах, заниматься торговлей на тех же правах, что и мусульмане? Если нет, в чем состоит различие?

Христиане торгуют по всей Боснии на тех же правах, что и мусульмане, и большая часть торговли находится в их руках.

6.

Каково положение крестьян-христиан в сравнении с положением крестьян-мусульман?

Существует два рода крестьян: крестьяне-владельцы земли, которую они возделывают, и крестьяне-кметы, то есть те, кто обрабатывают землю, принадлежащую кому-то другому. Мусульмане за малым исключением, принадлежат к числу первых, тогда как христиане почти целиком относятся к числу вторых, благодаря длительному и систематическому присвоению их владений мусульманами. Уже одно это [322] обстоятельство являет собою огромное различие в их положении, как материальном, так и моральном.

Кроме того, учитывая, что райя как земледельцы платят те же налоги, что и мусульмане; что, как христиане, они платят и другие налоги, от которых мусульмане свободны; что, наконец, как кметы они должны отдавать более чем третью часть своего урожая, можно понять, что они гораздо менее зажиточны, чем турки.

7.

Допускаются ли христиане в суд в качестве свидетелей? Если нет назовите случаи, когда свидетельство не было допущено.

Действительно, более двух лот назад здесь был получен фирман приказывающий признавать свидетельство райя против турок, однако здесь, как и повсюду в Турции, приказ данный еще не есть приказ выполненный. Поскольку турки в целом весьма неблагожелательно встречают всё, что могло бы разорвать хотя бы одно из звеньев цепи, сковывающей несчастных райя, было бы заблуждением ожидать от них большего усердия в осуществлении этой меры, которая, изымая из ведения кади и передавая в ведение меджлисов все тяжбы между райя и мусульманами, угрожает разрушить самую турецкую из всех основ, а именно мехкеме.

Поэтому турки вовсе не спешат сообщать христианам об этой важной уступке, хотя она могла бы сильно способствовать возникновению у райя чувства некоторой веры в правительство, и достоверным является тот факт, что еще и сейчас значительной части христиан даже не известно о предоставлении им этого права.

Мы будем считать, что по этому поводу сказано все, если упомянем еще, что в октябре месяце прошлого года высшие должностные лица Банялуки признали, что в этом санджаке, где, в сравнении со всей Боснией, христиане составляют подавляющее большинство населения, до сих пор не было ни одного случая свидетельства христиан против: турок.

8.

Улучшилось ли ныне положение христиан в целом, возросло ли уважение к ним, обращаются ли с ними теперь лучше, чем 5, 10, 15, 20 лет назад?

Бесспорно, в Боснии, как и во всей Турции, прогресс совершается очень медленно; очевидно, что значительно повысившиеся со времени введения танзимата налоги усугубили бедность этой провинции. Правда, мы являемся свидетелями происходящих иногда сдвигов назад, как, например, недавно в Крайне и Посавине вследствие беспорядков, имевших там место; во времена Омер-паши, когда разоружение христиан ослабило и одновременно смирило их; наконец, совсем недавно, в период правления последнего вали, слабость которого дала свободу произволу бегов. Однако мы вынуждены признать, что за последние 12 лет в целом по Боснии отмечается как моральный, так и материальный прогресс. Внимательный наблюдатель даже в характере гонений, осуществляемых в последнее время, должен усмотреть доказательство того, что христиане чувствуют себя более уверенно и начинают верить в свои человеческие права. Некогда ненависть турок носила презрительный оттенок; теперь она сопровождается страхом; некогда целью насилий турок над христианами было увеличение размера их власти; теперь мусульмане совершают их для того лишь, чтобы сохранить, если удастся, прежние свои привилегии. Мы не можем обойти здесь молчанием послабления христианам в виде уменьшения налогов, сделанные в последнее время. Бедельаскери был уменьшен наполовину, порез — на 12 1/2 %; наконец, размер десятины, взимаемой теперь деньгами, тоже уменьшился, если учесть, что была взята средняя за 5 лет величина сумм, выплачиваемых ильтизамджиями. Именно поэтому доходы Боснии, достигавшие до того 44 миллионов пиастров, ныне не превышают 32 миллионов.

9.

Существуют ли различия, единственной причиной которых является религиозная принадлежность, и каковы они?

Мусульманская религия утверждает различия в социальном положении христиан и турок. Обычно принято винить во всех страданиях бедных райя и в позорном их [323] положении исключительно коран. Мы не может, однако, согласиться с этим мнением я полагаем, что в данном случае путают причину со следствием. Не коран возвысил турок над христианами, а сами победившие турки вознесли коран над евангелием. День, когда султан решительно заявит, что отныне и впредь он будет ценить лишь верных своих подданных, будь они турки или христиане, а наряду с равными обязанностями признает за всеми равные права, — тот день станет днем, когда самим улемам захочется превзойти себя в старании истолковать коран так, чтобы смягчить его наиболее исполненные ненависти места и ослабить их сентенциями противоположного толка.

Поэтому мы видим, что все предусматривающие благо христиан постановления, принятые со времен Махмуда II, встречали лишь незначительное сопротивление со стороны турок, хотя многие из них противоречили духу корана, да и само это сопротивление проявлялось потому лишь, что все это были лишь полумеры, не способные разрушить предрассудки нации завоевателей, и потому, что казалось, будто само правительство не испытывает серьезного желания, чтобы они были осуществлены.

10.

Что предпочитают христиане: нести военную повинность или платить налог, избавляющий их от этой обязанности? Что им выгоднее?

Мы являемся свидетелями того, как славные своим героическим духом племена, на протяжении веков доблестно исполнявшие обязанности воинов, со страхом отступили перед неумолимым рекрутским набором, перед суровой военной субординацией, перед удручающей разлукой с родиной на время военной службы. Поэтому неудивительно, что боснийские христиане, униженные четырехсотлетним игом, не хотят поступать на турецкую военную службы и предпочитают платить бедель-аскери, избавляющий их от этой повинности. Кроме того, сознавая, что они пользуются минимумом привилегий, предоставленных государством его подданным, постоянно обремененные налогами, они испытывают страх перед любым новым сближением и контактом с турками.

Таковы воззрения христиан; однако те, кто заботится об их будущем благосостоянии, должны думать иначе. Турки, как и любые варвары, признают лишь одну власть — власть грубой силы, лишь одну славу — славу, добытую в сражениях. Право носить оружие — это привилегия, а военная служба — занятие, возвышающее человека. Таким образом, разоружение христиан не должно объясняться только страхом, что они восстанут; это было сделано еще и из желания унизить их. Вот почему мы: думаем, что допуск христиан к военной службе, способствуя, с одной стороны, поднятию их духа, с другой — уменьшению презрения, питаемого с ним турками, мог бы значительно улучшить их социальное положение. Разумеется, прежде чем осуществить эту меру, следовало бы внести в законодательство большие изменения, касающиеся христиан, ибо при ныне существующем положении вещей они ощутят лишь тяготы этого нововведения, но не смогут воспользоваться его привилегиями, и мера эта приведет лишь к тому, что даст туркам еще одну возможность эксплуатации бедных райя.

11.

Наталкивается ли на какие-либо трудности строительство церквей или отправление религиозных церемоний?

Основным препятствием со стороны властей, на которое наталкиваются христиане при строительстве своих церквей, является выбор места, ибо турки всегда противятся постройке церкви вблизи мечети или мусульманского кладбища. Кроме того, жители-турки из чувства ненависти и фанатизма очень часто крючкотворствуют, дабы помешать христианам раздобывать необходимые для строительства материалы — камень, известь и т. п., и наши бедные единоверцы, обращаясь с жалобами к властям, чаще всего оказываются вынуждены одновременно платить и определенные суммы, чтобы избавиться от таких придирок. [324]

Мы не можем обойти молчанием одно очень серьезное препятствие, которое встречают райя при постройке церквей. Оно заключается в том, что трудно получить необходимый для этого ферман. Хотя, согласно недавнему хатт-и хумаюну, такой документ может быть выдан бесплатно, тем не менее для того, чтобы получить его, митрополиты вынуждены выплачивать низшим чиновникам Порты в виде подарков от одной до полутора тысяч, а порой и более, пиастров. Митрополиты, естественно, хотят вернуть затраченные ими деньги, а христиане чаще всего бедны и не в состоянии платить, такие суммы. Нам известно несколько случаев, когда митрополит дарил ферман совсем бедным общинам, но известны нам и другие случаи, когда христиане не получили фермам, так как не захотели или не смогли выплатить требуемую митрополитом сумму.

Что касается отправления религиозных обрядов, например, похорон и различных шествий, вот уже лет двенадцать как они не встречают никаких препятствий со стороны властей, да и сами жители-мусульмане в подобных случаях не выказывают ни презрения, ни неодобрения.

12.

Каковы истоки притеснения христиан: акты правительства или фанатизм населения?

Хотя нам не известно ни одного случая, когда можно было бы сказать, что притеснения христиан вызваны непосредственно правительством, однако последнее в силу своего пристрастия к туркам, своей небрежности в наказании случаев несправедливости, допущенной по отношению к христианам, оказывается тем самым виновно в них, и его следует считать истинной причиной зла. Это суждение тем более справедливо, что местные органы управления (т. е. меджлисы) состоят исключительно из представителей тех, кто допускает несправедливости. Эта мысль найдет более подробное развитие в последующих статьях.

13.

Допускаются ли христиане к участию в меджлисах или местных советах? Способствует ли прогрессу общее направление деятельности этих учреждений?

В состав меджлисов, при которых повсеместно состоят лица, именуемые ходжа-баши, по одному от каждого христианского вероисповедания, входят: каймакам или мудир, кади, муфтий, мал-мудир (финансовый чиновник), иногда эират-мудир (по сельскому хозяйству) и какое-то количество бегов — все, естественно, турки. По замыслу правительства, эти члены (за исключением чиновников) должны были бы избираться населением, — подразумевается только турецкое население, ибо христиане в нынешнем их положении лишены законных прав.

Однако все происходит по-иному, выборы являются не более чем видимостью, и часто один из наиболее влиятельных бегов вводит в меджлис своих ставленников таким образом, что в основном все члены меджлиса вместо того, чтобы представлять нахию, являются не более чем орудиями одного единственного человека. Таким образом, если меджлис города не представляет нахии, еще в меньшей степени меджлис санджака может представить весь санджак, а сараевский меджлис — всю провинцию. Именно в силу этого двое братьев Узунья, высланные из Боснии Омер-пашой как враги танзимата, по возвращении своем сюда являются истинными хозяевами Боснии, поскольку им удалось ввести своих ставленников во все меджлисы в качестве их членов.

Нетрудно понять, что при таком составе меджлисов, при таком могуществе старой турецкой партии меджлисы скорее служат препятствием на пути прогресса, чем способствуют ему. Что касается ходжа-баши, я с уверенность могу сказать, что ввиду значительного превосходства турок, как численного, так и морального они не пользуются никаким влиянием в меджлисах, тем более что самые зажиточные христиане — это торговцы, которые из боязни нанести ущерб своим личным интересам отказываются, от должности ходжа-баши, которая чаще всего оказывается занятой за вознаграждение людьми бедными, не пользующимися ни почетом, ни уважением, к которым члены меджлиса — турки относятся почти как к своим слугам. [325]

14.

Бели нет, не думаете ли вы, что можно было бы ограничить их права таким образом, чтобы там, где они полезны, сохранить их власть, а там, где они вредны, ослабить их влияние или упразднить их?

Из сказанного выше можно заключить, что неприятности, которые испытывают христиане от учреждения меджлисов, происходят от двух недостатков последних: во-первых, они, вопреки своему предназначению, представляют лишь небольшую часть турецкого населения; затем, в них, можно сказать, совершенно не представлено христианское население. Несмотря на это, мы думаем, что их не следует ни упразднять, ни ограничивать в правах. Поскольку помимо юрисдикции их задача заключалась, лишь в том, чтобы помогать советами государственным служащим, мы не видим, каким образом можно было бы ограничить их власть, ибо если даже они и пользуются какой-то властью, это происходит лишь в силу злоупотребления и из-за бездарности служащих. Тем более, по нашему мнению, их не следовало бы упразднять и не только потому, что мы видим в них зародыш будущего христианского национального правления, на еще и потому, что малоодаренные и полу невежественные чиновники едва ли были бы в состоянии вести дела без помощи меджлисов и поневоле оказались бы во власти льстецов и интриганов, влияние которых, вероятно, принесло бы больше вреда, чем влияние меджлисов.

Нам остается лишь изыскивать способы исправить недостатки этого учреждения таким образом, чтобы оно отвечало истинному своему предназначению. Мы думаем, что для достижения этой цели надо было бы, чтобы число христиан и турок в меджлисе было бы равным и чтобы все его члены соответственно избирались и периодически переизбирались народом. Кроме того, состав меджлисов должен быть таков, чтобы; 1) меджлисы нахий действительно представляли нахии; 2) в меджлисы санджаков в качестве их членов входили представители от всех нахий; 3) в сараевском меджлисе были представлены все санджаки. Все члены должны иметь полномочия и получать некое вознаграждение, особенно если учесть, что христиане в большинстве своем очень бедны. Для того, чтобы оплата членов меджлисов не была обременительна для правительства, можно было бы уменьшить размеры жалования генерал-губернатора, каймакамов и даже мудиров.

15.

Каково ваше мнение об изъятии юридической власти из ведения меджлисов и о создании отдельных от них судов? Каковы ваши соображения относительно организации этих судов?

Если меджлисы будут составлены так, как мы предлагаем выше, изъятие юридической власти из ведения меджлисов и создание судов было бы, по нашему мнению, совершенно бесполезным, по крайней мере, пока. Следовало бы только настоять на том, чтобы торговый кодекс, которым руководствуется тиджарет-меджлис (совет по делам торговли), был введен и во всех остальных меджлисах — как санджаков, так и нахий. Кроме того, естественно, было бы необходимо, чтобы в Сараеве тиджарет-меджлис, а также истинтак-меджлис (следственный совет) имели тот же состав, что и остальные меджлисы, чтобы в них входило в качестве их членов равное число христиан и турок.

16.

Замечается ли среди турок сильное стремление к обращению христиан в ислам? Были ли случаи насильственного обращения и какие именно?

Нам никогда не доводилось замечать среди мусульманского населения страны никакого стремления к обращению христиан в мусульманскую религию, хотя следовало бы предположить, что в своем фанатизме мусульмане вполне могут желать увеличения численности своих единоверцев; нам не известно также ни о каких случаях Насильственного обращения.

17.

Что лежит в основе случаев обращения женщин: религиозное воодушевление или иные, мирские цели? Можете ли вы указать эти цели? [326]

Нам случалось наблюдать немало случаев, когда-женщины-христианки переходили в мусульманскую веру, но эти обращения никогда не были вызваны убеждением или религиозным фанатизмом.

Христиане, будучи чаще всего бедны, не всегда в состоянии прокормить свои семьи и порою вынуждены отдавать своих малолетних еще дочерей в услужение к туркам, где те растут, воспитываются, как турчанки, и лишь номинально являются христианками. Поскольку с ними хорошо обращаются и сытно кормят их, они редко изъявляют желание вернуться к своим родным, очевидно бедным и презираемым, и часто в конце концов выбирают мусульманскую религию, чтобы выйти замуж за турка, в союзе с которым надеются обрести некоторое благосостояние, чего не могут найти в родном доме.

Впрочем, нам известно много случаев, когда митрополиту становилось известно о подобных намерениях девушек и удавалось отговорить их от таких планов, и если случаи обращения все же, увы, достаточно часто имеют место, винить в этом следует христиан, а порою даже и священников, которые в этой связи проявляют исключительную беззаботность.

18.

Какие наиболее легко осуществимые и наименее дорогостоящие меры следовало бы принять, чтобы восстановить справедливость и улучшить общее состояние страны?

Для улучшения положения и повышения уровня благосостояния христианского населения Боснии, прежде всего, необходимо было бы полностью устранить противоречия между шариатом и сводами законов и таким образом улучшить полную недостатков судебную систему. Для достижения этой цели следовало бы свести воедино все уже существующие ферманы, преследующие пользу христиан, дополнить их новыми, и кадии оказались бы вынуждены держать экзамен как по шариату, так и по законам, в соответствии с которыми им надлежало бы выносить свои приговоры. Они согласились бы на это тем более легко, что ныне судебные подати взимают каймакамы, и кадии, не получающие вознаграждения от правительства, почти совсем лишены средств к существованию. Само собою разумеется, процесс должен слушаться не одними только кадиями, а всем меджлисом; в случае же сильной занятости его членов административными делами — при участии нескольких его членов, как христиан, так и турок. Для того, чтобы эта мера оказалась еще более действенной, необходимо было бы перевести текст всех законов на боснийский язык, дабы они стали понятны народу. Одновременно следовало бы признать имеющими законную силу все документы, написанные на языке страны. Мы имеем тем больше оснований выдвинуть эти предложения, что они не введут правительство в новые расходы.

Однако поскольку любое усовершенствование судебно-правовой системы остается для христиан иллюзией, пока они унижены бедностью, необходимо было бы прежде всего поднять их жизненный уровень и уравнять их с турками, увеличив их зажиточность. С этой целью мы предложим лишь такие средства, которые способны улучшить материальное положение христиан и привести к повышению благосостояния страны в целом, не ущемляя прав турок.

Благосостояние Боснии основывается, главным образом, на сельской экономике и поэтому может быть улучшено только посредством содействия развитию сельскохозяйственного производства. Для того, чтобы доходы Боснии достигли самого высокого уровня, необходимо, чтобы крестьянин возделывал свою землю со знанием, удовольствием и любовью, чтобы он старался улучшить ее, вкладывая в нее труд и средства, затраты которых со временем обернутся значительным увеличением его доходов и ростом его благосостояния.

Однако в настоящее время боснийские кметы находятся в совершенно ином состоянии. Будучи постоянно под угрозой либо полного изгнания землевладельцами с земли, которую они возделывают, либо лишения части ее, они не могут совершать никакой работы, плоды которой видны не сразу, и не осмеливаются делать затрат, которые не окупятся в тот же год; вот почему страна дает в среднем едва ли половину того, что можно было бы получить с таких земель в развитых странах. [327]

Для устранения этого зла мы могли бы предложить следующее:

1. Рассматривать закон о несменяемости судей не как «мертвую букву», но как истинный закон, и выполнять его; сделать кмета как бы совладельцем земельного участка, предоставив ему право возделывать его по своему усмотрению, но не ущемляя прав землевладельца; одновременно следовало бы дать кметам гарантию, что они могут быть полностью или частично лишены своих участков лишь в том случае, если правительство достоверно установит факт их пренебрежительного отношения к своим обязанностям.

2. Следовало бы вменить в обязанность агам, которые в настоящее время платят за своих кметов лишь третью часть пореза (налога), платить две трети, ибо, если принять во внимание, что кмет поставляет семенное зерно, затрачивает труд и несет различные расходы, выходит, что ага получает, по крайней мере, две трети чистого дохода с земельного участка.

3. Желательна отмена взимаемого правительством налога, именуемого десятиной, и замена его налогом, взимаемым пропорционально размеру и стоимости земельных участков; взимание такого налога было бы менее затруднительным и дорогостоящим, а землевладелец был бы заинтересован в том, чтобы его земли не пустовали.

4. Следовало бы повсеместно облегчить христианам покупку земельных участков, особенно тех, которые ныне предназначены правительством к продаже, и власти должны были бы получить приказание о раздаче христианам невозделанных земельных участков для их раскорчевки.

19.

Возможно ли создать смешанные школы без различия классов и вероисповедания? Каков был бы результат такой меры?

К несчастью, мы вынуждены признать, что ни турецкие школы вообще, ни смешанные школы, если бы они были созданы, не могут дать благотворных результатов, способствующих просвещению и терпимости.

Турецкие школы мектебе-ружди, восемь лет назад открытые в Боснии, доказывают, что турецкая система весьма медлительна, что их преподаватели в большинстве своем не обладают достаточными знаниями, а преподаваемые там предметы совершенно бесполезны для общественной жизни, тем более, что боснийский язык там вообще не употребляется. Мы не думаем, что при таких обстоятельствах посещение этих школ детьми христиан пошло бы на пользу умственному развитию последних. Кроме того, учитывая фанатизм мусульманских преподавателей, привилегированное положение школьников-турок и религиозную направленность образования, нельзя рассчитывать ни на что хорошее и в плане взаимной терпимости. Трудно надеяться и на то, что турецкое правительство создаст школы в соответствии с европейской системой — с несколькими преподавателями-христианами и боснийским языком в основе обучения; еще менее следует надеяться, что турки станут посещать подобные школы.

20.

Считаете ли вы возможным назначение христиан вице-губернаторами провинций, населенных, главным образом, христианами, и чтобы эти вице-губернаторы не зависели от турецкого паши, а состояли в непосредственной связи с Портой?

Если бы были введены все предложенные нами меры и, главным образом, справедливое и пропорциональное представительство христиан в меджлисах, особенно в Сараевском, если бы боснийский язык был признан государственным языком, если бы были ликвидированы различия между турками и христианами в праве на ношение оружия, — только тогда можно было бы доверить христианам выполнение административных обязанностей, ибо такая мера подняла бы дух райя и пробудила бы в них доверие к правительству. Местами, где можно было бы попробовать это сделать, являются санджак Банялука (к которому, возможно, стоило бы присоединить часть нахии Течне, относящейся к санджаку Травник, дабы усилить большинство христиан) и западная часть санджака Травник, то есть почти вся нахия Зайца и нахии Зезеро, Гламоч и Ливно, поскольку в этих местах преобладает христианское население и, кроме того, они граничат с Австрией. [328]

Чиновники, назначенные в эти места каймакамами и вице-губернаторами, должны иметь и сейчас предоставленное всем каймакамам право сноситься непосредственно с Портой, а для достижения гармонии административного управления должны подчиняться сараевскому паше; при произволе с его стороны они нашли бы поддержку в меджлисах, усиленных депутатами-христианами.

Однако, по нашему мнению, эта благодетельная мера может быть осуществлена лишь в том случае, если будут сделаны все прочие уступки, ибо при нынешних обстоятельствах служащие христианского, вероисповедания либо должны будут подчиниться воле турецких бегов, действуя в качестве их орудий и узаконивая таким образом угнетение райя, либо, действия беспристрастно, вместо того чтобы сделать эти области счастливыми, лишь пробудят страсти, и нынешнее спокойствие страны легко обернется революцией.