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Донесение А. Ф. Гильфердинга А. П. Бутеневу с характеристикой аграрных отношений и налоговой системы в Боснии

№ 22

3 (15) июля 1857 г. Сараево

La principale affaire qui preoccupe aujourd’hui les esprits en Bosnie a ete suscitee par le systeme du fermage des impots. Je prends la liberte de la recommander a l’attention particuliere de votre excellence. Car si cette affaire n’est pas promptement reglee de maniere a mettre un terme aux souffrances insupportables des rayas, on peut prevoir des troubles serieux, qui ne manqueraient certainement pas d’amener l’intervention de l’Autriche dans cette province qui la touche de si pres.

La population chretienne de la Bosnie, agricole pour la plupart, ne possede point de terrains a elle. Les rayas cultivent les champs des aghas ou proprietaires musulmants qu’ils peuvent cependant quitter pour se transporter ailleurs, mais qui ont en revanche le droit de les chasser. Anciennement, les cultivateurs etablis sur une propriete musulmane, remettaient au maitre du sol la neuvieme partie de leur recolte de ble; ils gardaient pour eux toute la quantite de foin qu’ils obtenaient des prairies qui leur etaient concedees, et ne livraient a l’agha en retour qu’une certaine mesure de beurre fourni par leurs troupeaux. Ils etaient obliges en outre de labourer par corvees quelques champs que le maitre se reservait ou de travailler dans sa maison.

Ces coryees tout indeterminees, mais generalement peu onereuses, parce qu’elles etaient ordinairement restreintes aux jours de fete, donnaient lieu neanmoins a beaucoup d’inconvenients, tant pour les maitres que pour les Paysans. En 1848, le gouverneur de la Bosnie, Tahir pacha, les abolit sur la demande de la noblesse musulmane du pays, et il tripla en revanche le payement percu sur le produit agricole des paysans: du neuvieme on le porta [56] a un tiers de la recolte 1. Cet arrangement fut accepte sans opposition par les chretiens dans les environs de Saraievo: car ceux-ci, etant peu nombreux, souffraient par consequent beaucoup des corvees; ils recevaient de leurs proprietaires sans remuneration les cabanes dans lesquelles ils logeaient, et c’etait la pour eux un grand avantage. Mais les rayas du nord et de l’ouest de la Bosnie (c’est la partie la plus importante et la plus peuplee de la province) se trouvaient gravement leses dans leurs interets par le nouvel ordre de choses. Comme ils sont tres nombreux, les corvees ne les atteignaient que rarement, tandis qu’ils retiraient de riches profits des champs sur lesquels ils etaient etablis de temps immemorial et qu’ils etendaient en defrichant les forets. Loges dans des maisons qu’ils avaient construites a leurs propres frais et qui leur appartenaient, ils n’avaient donc presque rien a recevoir en retour de la redevance qui allait etre triplee. Les anciens (knezes) de leurs villages, convoques par Tahir pacha pour signer le nouvel arrangement, protesterent. Tahir pacha fit condamner a mort quatre d’entre eux; a peine se laissa-t-il flechir et consentit-il a remplacer l’execution capitale par 500 coups de baton. Deux des knezes en moururent aussitot; les deux autres survecurent et signerent l’acte: ils vivent encore pour temoigner de la maniere dont on obtint leur consentement. Leurs compagnons suivirent leur exemple et signerent.

Cependant ce nouvel arrangement ne paraissait pas encore si onereux pour les paysans du nord de la Bosnie, puisqu’on avait promis de leur laisser, comme par le passe, tout le produit de leur fenaison: point tres important pour une contree ou le betail forme une grande partie de la richesse des habitants. Mais les aghas pretendirent a la moitie de tout le foin qu’on recueillait. Les paysans eurent beau se plaindre aux autorites, elles etaient du cote des proprietaires musulmans, et bientot la pretention arbitraire devint une regle generale; il ne resta plus un seul domaine ou l’on respectat a cet egard l’ancienne coutume. Les paysans durent se defaire d’une grande partie de leurs troupeaux, qui mouraient de faim.

Outre la redevance aux aghas ou proprietaires fonciers, les paysans de la Bosnie en acquittaient une autre, d’un caractere toute. Je parle de la dime que recevaient les spahis. Les spahis etaient les successeurs de l’ancienne noblesse feodale du pays. Ils avaient le droit de prelever a leur profit, mais au nom du souverain, la dixieme partie de la recolte des rayas, et ils etaient tenus en revanche de se presenter au premier appel pour entrer en campagne avec un nombre de gens armes et equipes proportionne a l’importance de leurs fiefs. Ce droit s’etendait sur toutes les terres de la Bosnie, et il n’avait rien de commun avec les droits de propriete qui appartenaient aux maitres du sol.

Lorsqu’Omer pacha abattit la vieille organisation feodale de la Bosnie 2, il s’empressa d’abolir la classe des spahis, devenus inutiles dans une armee reguliere telle que la Turquie la voulait. Le sultan dispensa les seigneurs bosniaques de l’obligation de paraitre dans ses camps avec leur suite, mais il prit aussi pour lui la dime qui les recompensait de ce service.

Cette dime, on eut la fatale idee d’en affermer la perception.

Il serait impossible d’enumerer toutes les consequences pernicieuses de cette mesure. Elle a ruine toute la population agricole d’une grande et riche province.

Au commencement, les fermiers eux-memes ne surent pas encore profiter entierement des avantages que cette carriere pouvait leur donner. Les prix qu’ils offraient au gouvernement etaient moderes et leurs exigences envers les paysans n’etaient pas exorbitantes. Bientot cependant la concurrence s’accrut, les prix des fermes s’eleverent prodigieusement et l’oppression [57] exercee par les entrepreneurs pour se procurer des benefices ne trouva plus de bornes. Je connais des districts (nahies) ou la ferme des dimes s’est vendue en 1852 pour 3 a 4 mille ducats et en 1857 pour 15 a 20 mille.

Les rayas de la Bosnie se rappellent avec regret du bon vieux temps des corvees et des spahis. Il y avait alors sans doute des cas de meurtre et de violence bien frequents; les corvees etaient souvent bien arbitraires. Mais au moins la fenaison leur appartenait-elle tout entiere, et ils pouvaient nourrir de riches troupeaux; mais au moins le spahi qui leur prenait le dixieme etait-il leur seigneur feodal hereditaire, il connaissait leurs besoins, il les protegeait de son influence et il tenait a ce que leur richesse augmentat: car la sienne et celle de ses enfants augmentait en proportion. Aujourd’hui, un speculateur paye une somme enorme pour sa ferme qui ne dure qu’une annee; l’annee prochaine il sera probablement oblige de la ceder a quelqu’un qui encherira sur lui. Quel interet a-t-il de menager le cultivateur? Son interet unique est de lui enlever tout l’argent qu’il peut.

Il ne regarde pas aux moyens de le faire. Il arrive en automne dans un village avec une suite de zapties armes jusqu’aux dents; il demande a un paysan combien il a moissonne. Le pauvre homme lui repond qu’il a recolte, par exemple, 800 oques de froment. Le fermier se met a l’accuser de cacher une partie de la moisson; il ne consent pas a mesurer son ble, mais il lui dit qu'il doit en avoir pour le moins 1200 oques et qu’il lui en donnera par consequent 120 oques; le paysan se croit en etre quitte a bon marche. Le fermier se garde bien cependant de prendre sa portion de suite, lorsque le ble n’a pas encore eu le temps d’encherir; il donne au paysan un certificat (defter), et il en garde un autre exemplaire pour lui. Dans ce certificat, ecrit en langue turque que le paysan ne comprend pas, il a marque que celui-ci doit lui payer la dime non pas de 1200 oques, mais de 2000; le certificat delivre par le fermier et que le cultivateur est incapable de verifier, a une valeur legale. Le printemps suivant, lorsque le ble est devenue rare et cher, le fermier arrive pour exiger sa part; et il prend la valeur des 200 oques (le quart de la recolte) en argent comptant d’apres le prix de la saison, ou bien il force le paysan de transporter ces 200 oques a ses frais a quelque marche eloigne. Apres le fermier arrive l’agha, et il enleve au malheureux laboureur non pas le tiers de sa recolte reelle, mais celui des 1800 oques qu’il est cense avoir d’apres le certificat du fermier; s’il n’a pas assez de ble, il est oblige de donner le reste en argent. C’est ainsi que toute la recolte du cultivateur s’en va pour payer la dime et le tiers; il est force de vendre son betail ou de s’endetter pour se nourrir, lui et sa famille, et pour acquitter les autres impots.

Ce ne sont pas des cas isoles que je rapporte. Que votre excellence veuille considerer l’exemple que je viens de citer comme l’expression de la regle generale, et qu’elle ne croie pas que j’exagere. Les donnees que j’ai l’honneur de lui soumettre sont basees sur le temoignage unanime des anciens de village venus ici des diverses contrees de la Bosnie pour porter plainte an gouverneur-general; elles sont confirmees par tous les pretres de campagne avec lesquels j’ai eu l’occasion de m’entretenir sur ce sujet, ainsi que par les marchands chretiens qui avaient d’aboi’d entrepris le fermage des dimes dans quelques districts, mais que les prix exorbitants offerts par les speculaterus musulmans et les abus de ce systeme ont fait bientot reculer. Des exemples analogues a celui que je viens de rapporter m’ont ete cites meme Par un proprietaire musulman du pays, juge qu’on ne peut guere accuser de partialite pour les rayas, mais qui a toute la peine du monde a defendre ses colons contre la cupidite des fermiers. Malheureusement ces cas sont rares; l’immense majorite des aghas est d’accord avec ceux-ci pour tirer des Paysans leur derniere piastre. Si les champs ne sont pas encore laissees en [58] friche par leurs cultivateurs, la seule raison en est que les rayas ne trouvent pas de lieu ou ils pourraient se transporter. Il y a eu des tentatives de se refugier en Autriche; mais les autorites de cet empire refusent presque toujours le passage de la frontiere aux gens qui ne sont pas munis de passeports.

La redevance sur le ble n’est pas tout encore. On en a impose une, il y a quelques annees, sur l’entretien des porcs, branche d’industrie tres importante pour le nord de la Bosnie. Les paysans doivent payer une piastre et 7 paras pour chaque porc lorsque la recolte des glands est bonne, et seulement 7 paras lorsqu’elle est mauvaise. Mais les fermiers ont extorque la premiere somme lors meme qu’il y avait disette complete de nourriture pour ces animaux, et en comptant les troupeaux, ils donnent aux rayas des certificats analogues a ceux dont j’ai parle plus haut: lorsqu’un paysan eleve 20 porcs, ils lui en attribuent 50, et ainsi de suite.

C’est surtout dans le nord de la Bosnie, dans les deux kaimakamies de Touzla (Autrement dite celle de Zwornik (примеч. док.)) et de Banyalouka, voisines de la frontiere autrichienne, que l’oppression est la plus violente. Comme c’est la partie la plus riche de la Bosnie, les fermiers les plus cupides s’y sont portes de preference, surs d’y trouver le plus de facilites pour faire fortune. Trois associes, Mouiagha de Novi Pazar, Ali Talierevitch et l’Albanais Houssein y acquirent les fermes. Houssein amena avec lui 120 albanais musulmans qui devaient servir d’executeurs a leurs ordres. Les associes firent partager leurs benefices aux chefs des districts qu’ils affermerent et aux medjlis (conseils) de ces localites. Le kaimakam-pacha de Touzla fut de meme achete par eux, comme le pretend 1 opinion generale du peuple et comme le prouve la protection qu’il n’a pas cesse d’accorder a cas gens.

Suivis de leurs albanais et des gardes armes que les autorites mettaient a leur disposition, ces fermiers ne connurent pas de bornes a la spoliation. Ils taxaient les rayas sur le triple de leur revenu reel, et ils ont fini, dans les deux dernieres annees, par les reduire a une misere complete. Je connais des exemples ou une famille de cultivateurs a ete forcee de leur payer 100 ducats dans une annee, tandis que le maximum de toutes ses redevances legales n’atteignait pas la somme de 30 ducats.

Pour extorquer ces payements arbitraires a des gens qui n’avaient plus de quoi les satisfaire, les fermiers que je viens de nommer avaient recours a toutes sortes de violences. Je prends au hazard quelques cas arrives pendant les derniers mois.

Dans le village de Tchenghitchi (nahie de Zvornik), le cultivateur Thaddee Bogossavlievitch n’avait plus de betail ni rien a vendre pour payer la somme que le fermier Ali Talierevitch lui avait imposee. Celui-ci entra chez lui et fit creuser sous le foyer de sa cabane pour voir s’il y avait enfoui de l’argent. Comme le paysan s’y opposait, il le fit lier, et un des gens de sa suite, le nomme Yakoun begh le frappa de coups de buche dont il mourut le lendemain. La femme du paysan, qui etait enceinte, se precipita a son secours, Yakoun begh lui donna un coup de pied dont elle mourut sur le champ, elle et l’enfant qui allait naitre. Yakoun begh en fut quitte pour 15 jours d’emprisonnement.

Le fermier Mouiagha de Novi Pazar fit suspendre par les jambes aux solives d’une cabane les trois paysans Theodore Hero, Miyata Desposovitch et Etienne Gaitch du village de Modrane (nahie de Bieligne); on alluma sous leurs tetes un feu de paille pour les faire etouffer. On croyait les forcer par la de payer la taxe pour un nombre de porcs quadruple de celui qu’ils possedaient autrefois et qu’ils avaient ete obliges de vendre pour subvenir [59] a leurs besoins. Comme ces gens n’avaient decidement rien, le village entier se cotisa pour les faire relacher.

Un des gens du fermier Houssein, nomme Moustafa, enchaina le paysan Simo Vassilievitch de Lioubnitcha (nahie de Bertchko) en lui attachant au cou le collier de son chien, et il le fit courir ainsi dans la neige a cote de son cheval pour le mener en prison, ou il resta jusqu’a ce qu’il paya ce que le fermier exigeait de lui.

Je ne veux point fatiguer votre excellence par une longue liste de ces violences de toute espece par lesquelles on force les malheureux chretiens de vendre leur derniere tete de betail ou leur dernier habit afin de satisfaire l’insatiable cupidite des fermiers. On pourrait citer des milliers de cas ou ceux-ci ont fait rouer leurs victimes de coups ou les ont affamees dans des cachots afin d’extorquer d’elles ce qu’ils voulaient. — Les choses sont allees si loin qu’un cultivateur du village de Zamaylia dans la nahie de Bieligne (son nom m’echappe) amena un jour son fils sur le marche de la ville et offrit de le vendre pour s’acquitter envers le fermier d’une somme de 500 piastres. Heureusement, c’est un chretien charitable, le nomme Sekoula Vezilitch, membre du medjlis de Bieligne, qui l’acheta pour le rendre bientot au pere. Les bosniaques de cette contree sont arrives a un tel degre de desespoir, qu’ils considerent la vente de leurs enfants comme une derniere ressource dont je les ai entendu parler serieusement et a laquelle ils semblent s’etre habitues de penser.

C’est la le nouveau regime octroye a la Bosnie depuis l’intervention d’Omer pacha en 1851. Il repond singulierement au hatti-houmayoun du sultan, et surtout aux articles 10 et 15 de cet acte, qui ordonnent l’abolition de la torture et promettent une amelioration dans le systeme de la perception des impots.

Ce regime n’a pas manquede produire une grande fermentation dans tout le nord de la Bosnie 3. Les plaintes isolees ne servaient a rien, puisque toutes les autorites locales sont aux gages des fermiers. Au mois d’avril de cette annee plus de 8000 hommes, — les anciens de tous les villages, tant orthodoxes que catholiques-romains (La population orthodoxe forme la grande majorite dans ce pays. On ne trouve des catholiques-romams que dans les trois nahies de Touzla, Bertchko et Gradatchatz (ensemble 23 500 ames). Il n’y en a pas du tout dans celles de Bieligne, Srebrnik, Zwornik, Maglai et Gratchanitza (примеч. док.)), des districts soumis au kaimakam de Touzla se porterent vers cette ville pour demander justice. Le kaimakam envoya des troupes a leur rencontre. Mais comme ils etaient desarmes, il entra en pourparlers. Il permit (a ce qu’il parait, sur les instances de l’agent autrichen) que quelques uns d’entre eux vinssent lui presenter leur requete, dont j’ai l’honneur de placer ci-pres un extrait. Votre excellence y verra que les chretiens de la Bosnie n’exigent aucun droit nouveau; ils ne songent meme pas a la realisation des promesses du hatti houmayoun; ils ne demandant que la cessation des abus criants dont ils sont les victimes.

A la nouvelle de cette demarche populaire, dont le kaimakam de Touzla s empressa de rapporter au vali de Saraievo comme d’une revolte dirigee contre l’autorite souveraine, ce dernier envoya a Touzla une commission composee de membres musulmans et chretiens pour prendre connaissance de l’affaire. Cette commission constata la situation insupportable des rayas, et elle revint a Saraievo accompagnee de quelques deputes de la partie plaignante.

Cependant le bruit de cette affaire s’etait repandu dans les districts voisins. Les chretiens de Maglai et de Dervend allerent rejoindre leurs confreres assembles pres de Touzla. Ceux des environs de Banyalouka voulurent s’y [60] porter aussi. Mais le kaimakam qui reside dans cette ville se mit a leur poursuite avec une troupe de cavaliers. Il les atteignit pres de la Save, sur la frontiere autrichienne et, se jetant sur eux, il les contraignit a fuir dans un marais ou a se precipiter dans la riviere. Plusieurs s’y noyerent ou perirent sous les pieds des chevaux. Le nombre des victimes eut ete bien plus grand encore; mais heureusement un officier autrichien traversa la Save et se precipita au devant du Kaimakam; celui-ci vit un corps de troupes sous les armes deploye de l’autre cote de la riviere, et il fit cesser la poursuite;, les rayas durent cependant retourner vers leurs demeures.

Les deputes venus de Touzla pour presenter leur requete au vali de Saraievo n’obtinrent de lui que des reponses evasives. Il leur promit d’ecrire a Constantinople pour y faire connaitre leur voeu que la redevance aux aghas fut reduite a ce qu’elle avait ete avant 1848. Il promit que les trois fermiers qui les avaient ruines seraient punis et que les employes du gouvernement et les membres des medjlis ne pourraient plus participer aux fermes. Il envoya aux moudirs (chefs d’arrondissement) de la province une instruction sur leur devoir de veiller a ce que les impots fussent preleves d’une maniere equitable.

Cette instruction resta naturellement une lettre morte; les abus continuerent; le cruel Talierevitch et ses compagnons garderent leurs fermes.

Les deputes des rayas de la province de Touzla revinrent a Saraievo pour la seconde fois au mois de mai, et ils y sont retournes encore il y a quelques jours. Ils n’ont rien obtenu, si ce n’est que les autorites paraissent avoir juge prudent d’eloigner Talierevitch et ses compagnons du theatre de leurs mefaits. Les rayas les accusaient de pillage et temoignaient de leurs actes de violence et d’extorsion. Cependant ils n’ont pas cesse de jouir de la protection du medjlis et du gouverneur general de Saraievo. Le bruit court que ce dernier a recu 40 000 ducats des fermes du nord de la Bosnie.

Quoiqu’il en soit, toutes les demarches des rayas n’ont abouti a rien. Par d’habiles man?uvres, le medjlis de Saraievo les contraignit a declarer enfin qu’ils ne reclamaient plus pour eux l’argent que les fermiers leur ont illegalement enleve et qu’ils en abandonnaient le recouvrement aux autorites au profit du tresor public. Les rayas croyaient que cela allait mettre les autorites de la partie pour punir les coupables; pas du tout. On fabriqua un acte et on les forca a le signer: cet acte porte que les rayas, en consequence de la renonciation dont je viens de parler, se desistent de leur plainte contre Talierevitch et ses complices.

C’est ainsi qu’on a cru pouvoir etouffer cette serieuse affaire.

Se voyant dans l’impossibilite d’obtenir justice des autorites de la province, les malheureux chretiens de Touzla n’ont pas de desir plus vif que d’envoyer une deputation a Constantinople, afin qu’elle y fasse connaitre au gouvernement l’etait reel des choses. Mais le gouverneur general de la Bosnie leur en refuse obstinement la permission, et je doute qu’ils l’obtiennent jamais de lui, a moins que la Porte, comprenant la gravite du mal, n’exprime elle-meme la volonte de voir cette deputation dans la capitale de l’empire.

En rapportant a votre excellence la marche de cette affaire, j’ose lui exprimer ma conviction intime que le mal exige un prompt remede. Les chretiens du nord de la Bosnie (et c’est la precisement ou la population chretienne est la plus forte relativement a l’element musulman) est poussee au desespoir. A quoi ne pourraient-ils pas se decider, ces gens qui se sont vu ravir tous leurs moyens d’existence et qui ont ete capables de vendre leurs enfants et de se jeter a la riviere? C’est qu’en effet plus de 160 rayas de la province de Tozla sont disparus dans les derniers mois, et on est certain qu’ils sont alles se noyer dans la Save. [61]

Quoique desarmes par ordre d’Omer pacha, il est hors de doute que les chretiens de la Bosnie possedent en cachette une bonne quantite d’armes. Si le systeme que je viens de caracteriser dure encore quelque temps, on peut s’attendre a de graves calamites dans cette malheureuse province. Comme la souffrance est la plus vive dans les districts qui bordent la frontiere autrichienne, c’est la surtout que pourront eclater de fatales complications, qui finiraient certainement par amener une intervention plus ou moins directe de l’Autriche.

J’ai cru de mon devoir de porter toutes ces circonstances a la connaissance de votre excellence, afin qu’elle put, si sa sagesse le juge a propos, eclairer les ministres de la Porte sur les perils qui menacent la tranquillite de la Bosnie, dont la situation reelle leur est sans doute cachee par l’interet egoiste des autorites provinciales, et les engager a examiner directement l’etat des choses sans la participation de ces autorites.

Sans me meler de la marche ni du reglement de cette affaire, je me croirai cependant oblige d’exprimer an gouverneur general de Saraievo mon opinion sur la necessite qu’elle soit promptement terminee a la satisfaction des rayas, avant qu’elle ne prenne des proportions plus menacantes et n’amene l’intervention de la puissance voisine.

J’ai l’honneur d’etre avec une haute consideration, Monsieur l’envoye, de votre excellence le tres humble et tres obeissant serviteur

A. Hilferding

Резолюция A. П. Бутенева: Dans d’autre circonstance le rapport devait etre communique a la Porte avec de salutaires representations, pour faire redresser ces odieux abus. Maintenant, il laut l’ajouter aux autres materiaux que nous rassemblons sur l’execution du Hat-Humayun 4.

Помета: Recu le 26 juillet.

АВПР, ф. Посольство в Константинополе, д. 2321, л. 7-19 об. Автограф.

Перевод

Главное событие, занимающее сегодня умы в Боснии, явилось результатом системы откупа налогов. Я осмеливаюсь рекомендовать его особому вниманию вашего превосходительства. Ибо если это дело не будет быстро улажено таким образом, чтобы положить конец невыносимым страданиям райя, можно ожидать серьезных волнений, которые, бесспорно, вызовут вмешательство Австрии в этой столь близкой к ней провинции.

Христианское население Боснии, занимающееся, в большинстве своем, сельским хозяйством, не имеет собственных земельных участков. Райя обрабатывают поля аги, или мусульманского землевладельца, которого могут, однако, покинуть, чтобы перейти к другому. Но и хозяева имеют право выгнать их. Прежде земледельцы, работавшие на мусульманских землях, отдавали владельцу участка девятую часть урожая зерна. Они оставляли себе все сено с переданных в их пользование лугов и взамен поставляли аге некоторую часть масла, получаемого от своих стад. Кроме того, они были обязаны нести барщину, обрабатывая несколько хозяйских полей или работая в доме хозяина.

Эта барщина, регламентированная, но, в основном, мало обременительная, будучи обычно ограниченной праздничными днями, создавала тем не менее много неудобств как для хозяев, так л для крестьян. В 1848 г. губернатор Боснии Тахир-паша отменил ее по просьбе мусульманской знати. Но, с другой стороны, он увеличил в 3 раза плату, взимаемую с сельскохозяйственного продукта крестьян: с девятой части он увеличил ее до трети урожая 1. Это решение не вызвало сопротивления христиан в окрестностях Сараева, ибо они, в силу своей малочисленности, весьма страдали от барщины; они бесплатно получали от своих хозяев хижины, в которых жили, и это было для них большим преимуществом. Но интересы райя на севере и на западе Боснии (это наиболее важная и наиболее населенная часть провинции) оказались сильно ущемленными новым [62] порядком. Поскольку численность их была велика, барщина задевала их редко, в то время как они извлекали большие доходы из полей, на которых обосновались с незапамятных времен и которые расширяли, выкорчевывая леса. Живя в домах, построенных за собственный счет и принадлежавших им, они почти ничего не получали взамен выплаты, которая утроилась. Старейшины (кнезы) их деревень, созванные Тахиром-пашой для подписания нового соглашения, протестовали. Тахир-паша заставил приговорить к смертной казни четверых из них. С трудом он дал себя уговорить и согласился заменить смертную казнь на 500 ударов палками. Двое кнезов тотчас умерли, двое других выжили и подписали акт. Они еще живы и могут засвидетельствовать, каким образом было получено их согласие. Их товарищи последовали их примеру и подписали.

Однако это новое соглашение еще не казалось столь обременительным для крестьян севера Боснии, поскольку им обещали оставить, как и в прошлом, все, что давал сенокос: важный пункт для местности, где скот составляет большую часть богатства жителей. Но ага претендовали на половину всего собираемого сена. Напрасно крестьяне жаловались властям — те были на стороне собственников-мусульман. И вскоре произвольное вымогательство стало общим правилом. Не оставалось более ни одного поместья, где сохранилось бы прежнее положение. Крестьяне вынуждены были избавляться от большей части скота, умиравшего от голода.

Кроме арендной платы, агам или землевладельцу крестьяне Боснии платили еще и другую повинность, но совершенно иначе. Я говорю о десятине, которую получали спахии. Спахии были наследниками старой феодальной знати. Они имели право взимать в свою пользу, но от имени государя, десятую часть урожая райя. С другой стороны, они были обязаны являться по первому зову для ведения военных действий с вооруженными и экипированными людьми, число которых было пропорционально значимости их вотчины. Это право простиралось на все земли Боснии, оно но имело ничего общего с правами собственности, принадлежавшими землевладельцам.

Когда Омер-паша разрушил старую феодальную организацию Боснии 2, он поспешил упразднить класс спахии, ставший бесполезным в такой регулярной армии, какую хотела иметь Турция. Султан освободил помещиков Боснии от обязанностей появляться в своих лагерях со свитой, по он взял себе десятину, которой вознаграждались эти услуги.

И родилась роковая идея отдавать на откуп право взимать эту десятину.

Невозможно перечислить все гибельные последствия этого решения. Оно разорило все сельскохозяйственное население большой и богатой провинции.

Вначале откупщики не могли еще сами воспользоваться полностью преимуществами, которые могло им дать это дело. Цены, которые они предлагали государству, были умеренными, да и их требования к крестьянам не были чрезмерными. Но вскоре конкуренция возросла, стоимость откупа значительно увеличилась, а угнетение со стороны предпринимателей, стремившихся к прибылям, не имело пределов. Я знаю округа (нахии), где откуп десятины продавался в 1852 г. за 3 — 4 тысячи дукатов, а в 1857 г. — за 15 — 20 тысяч.

Райя Боснии с сожалением вспоминают о добрых старых временах барщины и спахии. Конечно, и тогда часто случались убийства и насилия; барщина была зачастую весьма беззаконной. Но, по крайней мере, им принадлежал весь сенокос, они могли кормить богатые стада. Спахия, бравший у них десятую часть, был, по крайней мере, их феодальным господином по наследству, он знал их потребности, защищал их своим влиянием и хотел, чтобы их богатство возрастало, поскольку соответственно росло его богатство и богатство его детей. Сегодня спекулянт платит громадную сумму за откуп, который длится один год; на следующий год, вероятно, он должен будет уступить его кому-нибудь, кто заплатит дороже. Какой ему смысл щадить земледельца? Его интересует лишь одно: отнять у последнего все деньги, какие возможно отнять.

Для выполнения этого он не выбирает средств. Он приходит осенью в деревню в сопровождении заптиев, вооруженных до зубов. Он спрашивает крестьянина, сколько тот собрал хлеба. Бедняга отвечает, что он собрал, к примеру, 800 ок пшеницы. От [63] купщик начинает обвинять его в сокрытии части-урожая. Он отказывается мерить зерно, во говорит, что должно быть по меньшей мере 1200 ок и что тот даст ему, следовательно, 120 ок. Крестьянин полагает, что легко отделался. Однако откупщик не берет тут же своей доли, так как зерно еще не подорожало. Он выдает крестьянину сертификат (дефтер), оставляя у себя второй экземпляр. В этом сертификате, написанном на турецком языке, которого крестьянин не понимает, отмечено, что крестьянин должен уплатить десятину не с 1200 ок, а с 2000. Выданный откупщиком сертификат, правильности которого крестьянин проверить не может, является законным документом. Следующей весной, когда зерно стало редким и дорогим, откупщик приезжает за своей долей. И он берет стоимость 200 ок (четверть урожая) наличными деньгами по курсу сезона или заставляет крестьянина доставить эти 200 ок за свой счет на какой-либо отдаленный рынок. После откупщика приходит ага и отбирает у несчастного землевладельца не треть реального урожая, а треть из 1800 ок, которые он должен был бы иметь согласно сертификату откупщика. Если зерна не хватает, крестьянин обязан отдать разницу деньгами. Таким образом, весь урожай земледельца уходит на уплату десятины и третины. Он вынужден продавать скот и залезать в долги, чтобы прокормить себя и семью и чтобы уплатить другие налоги.

То, о чем я сообщаю, не отдельные случаи. Пусть ваше превосходительство соблаговолит рассмотреть приведенный мною пример как выражение общего правила не думая, что я преувеличиваю. Данные, которые я имею честь изложить, основаны на единодушном свидетельстве старейшин деревень, пришедших сюда из различных мест Боснии, чтобы подать жалобу генерал-губернатору. Эти данные подтверждены всеми сельскими священниками, с которыми я имел возможность поговорить по этому поводу, а также торговцами-христианами, которые вначале попытались откупать сбор десятины в некоторых дистриктах; однако чрезмерные цены, предлагаемые спекулянтами-мусульманами, и злоупотребления в этой системе заставили их вскоре отступить. Примеры, аналогичные тому, что я привел, сообщал мне даже помещик-мусульманин, судья, которого нельзя обвинить в пристрастии к райя, но которому труднее трудного защищать своих арендаторов от алчности откупщиков. К несчастью, подобные случаи редки; громадное большинство аг действуют заодно с откупщиками в вытягивании из крестьян их последнего пиастра. Если поля еще не заброшены земледельцами, то по той лишь причине, что райя не находят места, куда уйти. Были попытки найти пристанище в Австрии, но власти этой империи почти всегда отказывают в переходе через границу людям, не имеющим паспорта.

Налог с зерна — это еще не все. Несколько лет назад обложили налогом содержание свиней, очень важную отрасль производства на севере Боснии. Крестьяне должны платить один пиастр и 7 пар за каждую свинью, когда урожай желудей хороший и только 7 пар, когда он плохой. Но откупщики выкачивали первую сумму даже тогда, когда полностью отсутствовала пища для этих животных, и, считая стада, они выдают райя сертификаты, аналогичные тем, о которых я говорил выше: если крестьянин выращивает 20 свиней, ему приписывается 50 и так далее.

Притеснения наиболее сильны на севере Боснии в обеих каймакамлыках Тузлы (Иначе говоря, Зворник (примеч. док.)) и Банялуки. находящихся рядом с австрийской границей. Так как это наиболее богатая часть Боснии, самые жадные откупщики устремились в основном туда, уверенные, что найдут там больше возможностей разбогатеть. Три компаньона, Муйага из Нови- Пазара, Али Талиеревич и Арнаут Хусейн, приобрели там право на откуп. Хусейн привел с собою 120 албанских мусульман, которые должны были служить исполнителями их приказов. Компаньоны поделили доходы с начальниками дистриктов, в которых они получили право на откуп, и с меджлисами (советами) этих населенных пунктов. По утверждению общего мнения, сложившегося в народе, ими был куплен и каймакам-паша Тузлы; подтверждением тому служит покровительство, которое он беспрестанно оказывал этим людям. [64]

Сопровождаемые своими албанцами и вооруженной охраной, предоставленной в их распоряжение властями, эти откупщики не знали пределов в грабеже. Они взимали с райя треть с их реального дохода и за последние два года довели их до полной нищеты. Я знаю примеры, когда семья земледельцев была вынуждена платить 100 дукатов в год, тогда как максимум всех законных налогов не достигал и 30 дукатов.

Для вымогательства произвольных выплат у людей, не имевших средств, названные мною откупщики прибегала к всевозможным насилиям. Бору наугад несколько случаев, происшедших в течение последних месяцев.

В деревне Ченгичи (Зворникская нахия) у земледельца Таде Богосавлиевича больше не было ни скота, ни чего-либо другого, чтобы продать и собрать сумму, к уплате которой его обязал откупщик Али Талиеревич. Откупщик вошел к нему в дом и заставил рыть под очагом его хижины, чтобы проверить, нет ли там денег. Поскольку крестьянин противился этому, откупщик приказал связать его, а некто из свиты, по имени Якун-бег, избил его поленом, от чего крестьянин умер на следующий день. Беременная жена крестьянина бросилась ему на помощь. Якун-бег ударил ее ногой так, что она тут же умерла — и она, и ребенок, который должен был родиться. Якун-бег отделался пятнадцатью днями тюремного заключения.

Откупщик Муйага из Нови-Пазара приказал подвесить за ноги к балке лачуги троих крестьян: Теодора Херо, Мийата Деспотовича и Степана Гаича из деревни Модран (Биелинской нахии). Чтобы они задохнулись, под их головами подожгли солому. Думали, что так заставят их уплатить налог за количество свиней, превышавшее в 4 раза то, которое у них было прежде и которое они были вынуждены продать. Так как эти люди действительно ничего не имели, вся деревня собирала деньги, чтобы их освободили.

Некто Мустафа, один из людей откупщика Хусейна, посадил на цепь крестьянина Симо Васильевича из Любнича (нахия Брчко), надев ему на шею ошейник его собаки. Он заставил крестьянина бежать на привязи по снегу рядом со своей лошадью до тюрьмы, где тот оставался до тех пор, пока не уплатил сумму, требуемую откупщиком.

Я не хочу утомлять ваше превосходительство длинным списком всевозможных насилий, которыми вынуждают несчастных христиан продавать последнюю скотину или последнюю одежду, чтобы удовлетворить неутолимую алчность откупщиков. Можно было бы назвать тысячи случаев, когда откупщики нещадно избивали несчастных или морили их голодом в тюрьме, чтобы выкачать из них то, что они хотели. Это зашло так далеко, что один земледелец из деревни Замаилия в Биелинской нахии (фамилии его не помню) отвел своего сына на городской базар и предложил продать его, чтобы уплатить откупщику 500 пиастров. К счастью, милосердный христианин по имени Секула Везилич, член биелинского меджлиса, купил его чтобы вскоре вернуть отцу. Боснийцы этой местности дошли до такого отчаяния, что считают продажу своих детей последней надеждой. Я слышал, как серьезно они об этом говорили, и, кажется, они привыкли к этой мысли.

Вот он, новый режим, дарованный Боснии после интервенции Омер-паши в 1851 году. Вот как своеобразно отвечает он хатт-и хумаюну султана, особенно статьям 10 и 15 этого акта, предписывающим отмену пыток и обещающим улучшение в системе сбора налогов.

Само собою разумеется, этот режим вызвал большое брожение на всем севере Боснии 3. Отдельные жалобы не давали результата, так как все местные власти подкуплены откупщиками. В апреле этого года более 8000 человек, старейшин всех деревень, как православных, так и католиков римского толка (В этой стране православное население составляет большинство. Католики римского толка встречаются только в 3-х нахиях: Тузле, Брчко и Градачаце (всего 23500 душ). Их совсем нет в Биелинской, Сребрникской, Зворникской, Маглайской и Грачаницкой нахиях (примеч. док.)), из районов, подчиненных каймакаму Тузлы, пришли в этот город, чтобы попросить справедливости. Каймакам выслал войска им навстречу. Но так как они были безоружны, он вступил в переговоры. Он разрешил (кажется, по настоятельной просьбе австрийского агента) [65] некоторым из них представить ему их жалобу, отрывок из которой я имею честь приложить к сему. Ваше превосходительство увидит из него, что христиане Боснии не требуют никакого нового права, они даже и не мечтают о выполнении обещаний хатт-и хумаюна; они просят только положить конец вопиющим злоупотреблениям, жертвами которых они являются.

Сараевский вали, получив сообщение об этом народном выступлении, о котором каймакам Тузлы поспешил уведомить его, как о восстании против суверенной власти, направил в Тузлу комиссию, составленную из мусульман и христиан, для ознакомления с делом. Эта комиссия констатировала невыносимое положение райя и вернулась в Сараево в сопровождении нескольких представителей жаловавшейся стороны.

Тем временем слух об этом деле распространился по соседним округам. Христиане Маглая и Дервенда присоединились к своим собратьям, собравшимся возле Тузлы. Хотели направиться туда и христиане из окрестностей Банялуки. Но каймакам, находящийся в этом городе, погнался за ними с отрядом кавалерии. Он настиг их около Савы на австрийской границе и, бросившись на них, заставил бежать в болото или спасаться в реке. Многие утонули или погибли под копытами лошадей. Число жертв могло бы быть еще большим, но, к счастью, австрийский офицер пересек Саву и устремился навстречу каймакаму. Последний, увидев вооруженные войска на другом берегу реки, приказал прекратить преследование. Райя, однако, вынуждены были вернуться домой.

Депутаты, пришедшие из Тузлы, чтобы представить свою жалобу сараевскому вали, не добились от него ничего, кроме уклончивых ответов. Он пообещал им написать в Константинополь и сообщить об их желании, чтобы налог в пользу аг был доведен до уровня, предшествовавшего 1848 году. Он обещал, что три откупщика, разорившие их, будут наказаны и что государственные служащие и члены меджлиса не смогут более участвовать в откупе. Он направил мудирам (начальникам округов) провинции инструкцию об их обязанности следить за справедливым взиманием налогов.

Конечно, эта инструкция осталась невыполненной: злоупотребления продолжались, жестокий Талперевич и его компаньоны сохранили свое право на откуп.

Депутаты райя Тузланской области во второй раз пришли в Сараево в мае месяце и побывали там спустя еще несколько дней. Они ничего не добились, если не считать того, что власти, кажется, посчитали благоразумным удалить Талиеревича и его компаньонов из района их злодеяний. Райя обвиняли их в грабежах и свидетельствовали об актах насилия и вымогательства. Но они не утратили покровительства меджлиса и сараевского генерал-губернатора. По слухам, последний получил 40 000 дукатов от откупщиков северной Боснии.

Как бы там ни было, все хлопоты райя ни к чему не привели. Сараевский меджлис ловкими маневрами вынудил их заявить, что они не требуют возврата денег, полученных откупщиками незаконно, и передают властям право на их взыскание в пользу государственной казны. Райя полагали, что этим они привлекут власти на свою сторону, чтобы наказать виновных. Не тут-то было. Был сфабрикован акт, и их заставили его подписать. Этот акт свидетельствует, что райя вслед за отказом, о котором я говорил, отказываются и от жалобы на Талиеревича и его сообщников.

Таким образом думали замять это серьезное дело.

Поняв невозможность добиться справедливости от властей провинции, несчастные христиане Тузлы очень хотят послать депутацию в Константинополь, чтобы она сообщила правительству об истинном положении вещей. Но генерал-губернатор Боснии Упорно отказывает им в разрешении на это, и я сомневаюсь, что они когда-нибудь получат от него такое разрешение, если только Порта, понимая серьезность дела, сама не выразит желания принять депутацию в столице империи.

Сообщая вашему превосходительству о развитии этого дела, я осмеливаюсь выразить мое личное убеждение в том, что зло требует незамедлительных мер пресечения. Христиане севера Боснии (именно там христианское население преобладает над мусульманским) доведены до отчаяния. На что только не могут решиться эти люди, У которых отняли все средства к существованию и которые были способны продавать [66] своих детей и бросаться в реку? Действительно, за последние месяцы исчезло более 160 райя из провинции Тузла, и существует уверенность, что они утопились в Саве.

Вне всяких сомнений, христиане Боснии, хотя и обезоруженные по приказу Омер-паши, имеют в тайниках значительное число оружия. Если система, которую я описал, будет действовать еще некоторое время, можно ожидать больших бедствий в этой несчастной провинции. Поскольку страдания наиболее сильны в округах, прилегающих к австрийской границе, именно там могут возникнуть роковые осложнения, которые наверняка приведут к более или менее прямому вмешательству Австрии.

Я посчитал своим долгом довести эти обстоятельства до сведения вашего превосходительства с тем, чтобы вы могли, если посчитаете уместным, осведомить министров. Порты об опасностях, угрожающих спокойствию Боснии, положение в которой скрывается от них из-за эгоистических интересов провинциальных властей, и побудить, их рассмотреть вопрос непосредственно, без участия этих властей.

Не вмешиваясь ни в развитие этого дела, ни в его урегулирование, я, тем не менее, посчитаю себя обязанным высказать сараевскому генерал-губернатору мое мнение о необходимости быстрого завершения дела к удовлетворению райя, пика оно не приняло более угрожающих размеров и не вызвало вмешательства соседней державы.

Честь имею быть с высочайшим почтением, господин посланник, вашего превосходительства нижайшим и покорнейшим слугою

А. Гильфердинг

Резолюция: При других обстоятельствах донесение следовало довести до сведения Порты вместе со спасительными представлениями, дабы заставить искоренить эти гнусные злоупотребления. Теперь же следует присовокупить его к остальным материалами, касающимся выполнения хатт-п хумаюна, которые мы собираем 4.

Помета: Получено 26 июля.


Комментарии

1. См. примеч. 1 к док. 10.

2. См. примеч. 2 к док. 2.

3. А. Ф. Гильфердинг описывает начальную стадию антифеодального крестьянского движения в Боснии, которое можно назвать петиционной борьбой. Это были мирные формы борьбы против усиления феодальной эксплуатации подробнее см.: Попович В. Аграрно питанье..., с. 154-195; а также док. 10).

4. Имеется в виду изменение положения России на международной арене после Крымской войны. Парижский конгресс был использован западноевропейскими державами для ослабления ее влияния на Балканах: христианские народы Османской империи подпадали под коллективный протекторат всех великих держав. В резолюции документа нашли отражение новые задачи внешней политики России на Балканах — следить и настаивать на выполнении хатт-и хумаюна 1856 г., собирать материалы для аргументированного выступления по этому вопросу перед европейскими кабинетами.. См. также примеч. 2 и 3 к док. 8.