1060. Заметки на некоторые страны к юго-востоку от Оксуса, нынешней Аму-Дарьи.

On compte dans cette contree huit villes et quelques bourgs ou villages au S.-O. de l'Amou- Daria qui arrose le pays par le moyen de trois grands canaux qui s'entrecoupent et forment plusieurs coudes ou se trouvent les principaux centres de population. Ces huit villes sont, en les prenant du Nord au Sud.

1) Manghuit qui confine au territoire des Turcomans, peuple nomade de meme origine que les Usbeks et les Khiviens.

2) Ourguentck ou Ourgenz, a 50 werstes de la precedente sur un canal qui communique a Khiva. On y compte 20 mosquees, 1,500 maisons en terre glaise, comme toutes les habitations de ce pays, cinq mille ames et une population de 50 m. habitants dans sa banlieue.

3) Khiva, a 40 werstes de la nouvelle Ourguentch, sur un canal en forme d'arc qui occupe un espace de 70 werstes, capitale et residence du khan. La ville est entouree d'un rempart et d'un mur de terre glaise surmonte de 12 tourelles. On y compte 30 mosquees, un caravanserail et quelques milliers de maisons Au centre de la ville est un chateau appele Arik, demeure permanente du khan. Des prisonniers, la plupart Russes, composent sa garde de nuit Devant le palais on voit trois canons sans affuts, dont deux de fer fondu de la longueur d'une aune, et un de cuivre d'a peu pres une toise, et qui ne servent jamais. Vis-a-vis est une tour appelee Medresse, batie en briques cuites avec 4 tourelles. Elle sert de refuge aux citoyens en cas de tumulte, ce qui arrive assez souvent. Il y a 10 m. habitants a Khiva. Dans les environs on voit des vignobles, des champs, des vergers et des hameaux ou l'on compte jusqu'a 50 m. ames. De Sartach, rade du territoire de Manghichlak sur le rivage oriental de la Caspienne, jusqu'a Khiva il y a un peu plus de 500 werstes.

4) Chewwat, a 25 werstes au nord sur le meme canal qu'Ourguentch.

5) Ket, a 15 werstes de cette derniere sur le meme canal en descendant.

6) Ambar, entre Ket et Chewwat. Elle confine a des landes sablonneuses et au territoire des Turcomans. Il y a dans ses environs un lac sale qui fournit du sel a toute la contree et meme a quelques peuplades Turcomanes.

7) Khanki, a l'est de Khiva, a 35 werstes.

8) Hazarasp ou S.-O. de Khiva, a 35 werstes de Khanki, sur un canal isole pres des frontieres de la Bou-kharie. Outre ces villes on voit a 170 werstes de Khiva les debris de l'ancienne Ourgnentch qui peut avoir 50 werstes de circuit Parmi les ruines il se trouve encore quelques maisons assez bien conservees, en briques sur fondement de pierres, 2 mosquees et le palais du khan dont cette ville etait la residence. D'apres les traditions ce fut Agouk-khan, chef d'une horde Kalmouque, qui la saccagea; mais les Khi viens acheverent de la ruiner de peur que le brigand Stenka Ra-zine (fameux bandit qui commit beaucoup de desordres aux environs d'Astrakhan dans les annees 1687, 1688, supplicie en 1691), ne penetrat dans leur pays en cotoyant les rives de l'Amou-Daria. Ce fut, dit-on, a cette occasion qu'ils resolurent d'en detourner le cours [708] en obstruant son embouchure pour le diriger dans le lac Aral et que le khan fut oblige de transporter sa residence ainsi que le siege du gouvernement, d'abord dans la nouvelle Ourguentch, puis a Khiva; opinion qu'on ne saurait admettre puisqu'elle ne s'accorde ni avec les rapports du Prince Bekowitch, ni avec ceux d'Enkinson, encore moins avec les suppositions de l'auteur du texte qui place cet evenement au Xll-ieme siecle. On compte cinq grandes peuplades dans cette contree les Khiwins, les Kourates ou Araliens, les Karakalpaks, les Khizylkhoses (?) et les Turcomans. Les Sartes et les Tudjiks sont les anciens habitants ou aborigenes et designent des marchands et gens du peuple. La population est evaluee a 200 m. ames, non compris les Araliens qui sont au nombre de plus de 100 m. habitants. Ce sont des beks qui les gouvernent Les Araliens et les Khiviens sont agriculteurs et pecheurs. L'Amou-Daria et le lac Aral abondent en esturgeons, sterlets et surtout en carpes et en ecrevisses. Les tortues y sont de grandeur mediocre. En fait de volaille on n'y connait que les poules. Le betail de ces peuples se compose de vaches, i de chevaux, de mulets et de chevres. Les Kirghizes et les Karakalpaks leur fournissent des taureaux et i des moutons. Les betes sauvages sont des loups, des renards, dans les deserts des chats sauvages, des chakals, des daims et des saiga (?). Des sangliers peuplent les roseaux dans le voisinage des lacs et des rivieres. En fait de plantes, il n'y a de remarquable que la garance qui sert a la teinture des etoffes et dont l'exportation est tres-considerable.

Forme du Gouvernement.

Le khan elu parmi les Usbeks n'a ni consideration ni grand pouvoir. Toutes les ordonnances, mumes seulement de son sceau, emanent de l'Inak, son premier ministre, dont la puissance est absolue. Le regisseur des finances et le chef de l'armee composent le conseil de l'Inak. Toutes les villes sont gouvernees par des Ataliks institues par lui au nom du khan.

Les revenus proviennent

1) Des redevances des Sartes, percues a raison des fortunes, depuis un ducat Boukhare jusqu'a cent par-mille, les Usbeks exceptes.

2) Des marchandises importees dont on preleve le vingtieme en or ou bien en marchandises.

3) Des Kirghizes qui apportent des marchandises, des chameaux taxes a un ducat chacun et autant pour 24 moutons. Le total peut monter a 30 m. ducats. Les marchands russes supportent les plus grandes impositions L'impot territorial et les douanes pour exportation y sont mconnus.

Quant aux m?urs:

Toutes ces nations, portees au bringandage, ne connaissent ni relations politiques ni transactions basees sur les conventions sociales. De tous les Orientaux ce sont les seuls peuples qui ne soient pas hospitaliers. On les accuse d'etre fourbes, perfides et cauteleux. Les Araliens, les Karakalpaks et les Turcomans sont souvent en guerre les uns avec les autres. Les habitants de Manghuit passent pour leurs meilleurs fantassins. Dans les cas extraordinaires, il y a des levees en masse. Malgre cela, avec 10 m. hommes de troupes reglees on parviendrait facilement non seulement a les vaincre mais a les contraindre de restituer a l'Amou-Daria son ancienne direction.

Le climat y est tempere et salubre. Il n'y pleut qu'en automne. Il y tombe souvent de la neige, mais elle disparait au bout de deux jours. A droite de l'Amou-Daria, on voit une montagne qu'on appelle Mont d'or. Pres de Manghuit ou elle aboutit, il y avait jadis des mines d'or et d'argent.

Depuis l'expedition du Prince Bekowitch il est defendu de les exploiter et meme d'en approcher; on y trouvait aussi des sardoines et des turquoises.

Les serpents qui y sont en abondance, ne sont pas venimeux. Le sol du pays est fertile. Les vergers y sont remplis de pommiers, de poiriers, de pruniers, de cerisiers, d'abricotiers, de pistachiers et de noisetiers d'un fort bon acabit. Il y a aussi des vignobles, mais on n'y fait pas de vin. Des muriers ombragent les canaux et les ruisseaux. La soie rapporte beaucoup Dans les villes on trouve des potagers qui abondent en toutes sortes de legumes Les champs sont couverts de rizieres, de sesame, de lentilles, de millet et on ne se sert que de moulins a bras pour broyer le ble. On pile les grains dans des mortiers. Comme cette manipulation est tres-penible, on n'y emploie que des esclaves et ce sont ordinairement des Russes que l'on charge des travaux les plus penibles, soit aux champs, soit dans les jardins. On fauche deux et trois fois dans l'annee. Il n'y a ni fabriques, ni manufactures, ni autres etablissements de ce genre. La soie et le coton sont faconnes par des femmes qui en font une occupation domestique. Dans les marches on achete les esclaves et les captifs comme des marchandises de boutique que l'on revend ensuite en Boukharie, d'ou les Khi-viens retirent du coton file, de l'mdigo, des tissus de Perse et des Indes, des mousselines, des calicots etc. Une partie des caravanes est destinee pour Astrakhan, mais les plus considerables se rendent a Orenbourg. La Russie fournit aux Khiviens en echange des effets qu'ils [709] y apportent, des ducats, des draps, des cuirs, du fer en barre, des ustensiles de fer fondu, des plaques de cuivre, de la cire, du miel, du sucre, quelque peu de cochenille, des epiceries, de la salsapareille, du minium, des dents de vache marine, des couteaux, des peignes, des coffres, de petits miroirs, des epingles et autres brimborions qui sont d'usage chez les Kirghizes. Tout leur commerce exterieur ne depasse pas la somme de 300 m. roubles.

Les Kirghizes qui s'introduisent furtivement dans les limites russes, tout comme les Turcomans dans celles de la Perse, y enlevent beaucoup de captifs qu'ils vendent aux Khiviens, qui en retirent un grand profit, vu leur position locale entre la Russie, la Perse et la Boukharie. On compte a Khiva et chez les Araliens plus de 15 m. captifs russes. Les Kizylbaches ou captifs persans sont encore en plus grand nombre Un maitre peut oter impunement la vie a son esclave. Les soldats qui desertent l'armee Russe et dont il se trouve un assez grand nombre a Khiva, sont presque tous Tatares.

Le territoire de Khiva et des autres villes peut avoir 350 verstes de circuit. A l'orient il est borne par des montagnes, des sables et des deserts frequentes par des Turcomans; au midi par ce meme peuple, mais d'une tribu differente; a l'ouest par le territoire de Manghi-schlak et des Turcomans d'une troisieme race; au nord par le lac Aral, les Karakalpaks et les Kirghizes.

On compte 40 m. Turcomans, 20 m. Karakalpaks. Les premiers se gouvernent par leurs anciens; ceux - ci sont sous la dependance des Araliens.