Ãëàâíàÿ   À  Á    à Ä  Å  Æ  Ç  È  É  Ê  Ë  Ì  Í  Π Ï  Р Ñ  Ò  Ó  Ô  Õ  Ö  ×  Ø  Ý  Þ  ß  Äîêóìåíòû
Ðåêëàìà:

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Íå ïîçäíåå 1796 ã. * — Ïðîåêò ôðàíöóçñêîãî ìàðøàëà ãðàôè Äå-ëà-Ñåððà îá ó÷ðåæäåíèè â Ðîññèè êîìïàíèè ïî òîðãîâëå ñ Èíäèåé, îïèðàÿñü íà îñòðîâ Ìàäàãàñêàð, óñòóïàåìûé, ïî ýòîìó ïðîåêòó, Ðîññèè Ôðàíöèåé

(* — Äàòèðîâàíî íà îñíîâàíèè óïîìèíàíèÿ â òåêñòå ðåâîëþöèîííûõ ñîáûòèé âî Ôðàíöèè è òîãî îáñòîÿòåëüñòâà, ÷òî ïðîåêò áèë ïîäàí íà, èìÿ èìïåðàòðèöû Åêàòåðèíû II, ñêîí÷àâøåéñÿ â 1796 ã.)

(ë. 11) En comparant La Russie aux autres Etats de L’Europe, il est certain qu’avec la Puissance qu’a Cet Empire s’il avoit encore pour le Commerce les memes ressources que la France et l’Angleterre, il n’est dans le Monde aucun etat sur lequel il n’eut l’avantage; mais le Commerce n’etant autre chose que l’echange des denrees etrangeres contre celles du Pavs, ou contre de l’argent, La Puissance qui a des possesions dans les differentes parties du Monde est necessairement plus riche que celle qui n’en a pas, quelque Grande qu’elle puisse etre dailleurs, et c’est la Position dans laquelle se trouve la Russie.

Procurer a cet etat les Moiens de partager avec la France et l’Angleterre le Commerce de l’Inde, le rendre proprietaire d’une des plus Grandes Isles Connues, et le soustraire au Besoin des puissances Maritimes, en lui rendant propre le Coton, le Sucre, le Caffe, L’indigo, seroit certainement rendre a cet empire un service — signale et c’est celui que Mr le C[om]te [393] de La Serre, Marechal des camps au service de France a concu et propose de rendre a L’Empire de Russie.

Le Comte de la Serre joint aux Motifs communs a toute l’Europe celui de L’admiration pour les vertus, le talent, et le Genie de Sa Majeste l’Imperatrice, un motif plus cher pour un coeur honnete et plus particulier pour lui, Celui de la Reconnoissance. Il n’a jamais oublie et n’oubliera jamais que lors (ë. 11 îá.) de la Guerre de Pologne ou il servoit en qualite de Colonel et que beaucoup de Francais furent faits et resterent prissonniers, Sa Majeste eut la bonte, et lui fit la Grace de le distinguer, au point d’ordonner que la liberte lui fut rendue, et qu’il lui seroit loisible de se rendre a Varsovie pour y suivre le traitement que demandoient les Blessures Graves qu’il avoit recuis pendant la deffense du chateau de Cracovie.

Le Comte de la Serre revenu dans sa patrie en 1773, fut charge en 1776 par le Gouvernement d’une Mission particuliere qui etoit celle de reconnoitre une tres grande Isle de l’inde sur laquelle la France a toujours eu le droit de possession, et d’y inspecter un etablissement que le Gouvernement avoit eu intention d’y former sous l’autorite du Nomme Beniowski. L’isle dont il s’agit, est Madagascar, sa situation pres des Isles de France et de Bourbon n’etoit qu’un Moien de plus pour faciliter l’etablissement projette; mais les Gouverneurs des Isles de France et de Bourbon avoient un interet marque a ce qu’il ne reussit pas, c’est pourtant moins par cette raison qu’il n’a pas reussi, que par l’inconduite de celui auquel l’administration en avait ete confiee. Il n’est cependant pas moins vrai que cette Isle l’emporte de beaucoup soit par la Grandeur, soit par la bonte du sol, soit encore pour la fertilite, et meme pour le Climat sur Les Isles de France et de Bourbon.

(ë. 12.) Le Comte de la Serre en gemissant sur le sort actuel de sa patrie et sur les ravages affreux qui desolent ces malheureuses Colonies, voit dans l’impossibilite de retablir de longtemps les pertes que les francais font dans leurs Isles, une perte reelle pour le Russie, qui ne pouvant plus profiter du concours entre l’Angleterre, la France, et la Hollande, pour les productions de l’Inde et de l’Amerique, doit necessairement des lors trouver un Grand desavantage dans son commerce avec ces deux dernieres puissances Maritimes.

Le Rencherissement des denrees etant une suite naturelle de la diminution dans leur quantite, et du defaut de concours, et la force de l’Angleterre etant telle que l’aneantissement de la France la rend seule Maitresse du commerce Maritime. Il est hors de doute que les anglais n’imposent des Loix fort dures a toutes les puissances qui commerceront avec eux.

D’apres toutes ces considerations que le C[om]te de la Serre pourroit surement presenter sous un jour plus lumineux encore et d’une maniere plus energique si sa vie active et militaire lui eut permis de se livrer au talent d’ecrire. Il a cru pouvoir se permettre de presenter a Sa Majeste l’Imperatrice le projet d’une Colonie superbe dans l’Inde et qui en ajoutant un fleuron a sa couronne Imperiale, pourroit rendre son Empire Independant de toutes les Puissances qui (ë. 12 îá.) possedent des Colonies, pour les denrees qui viennent de l’Amerique, comme pour celles qui viennent de l’Inde.

Un etablissement a Madagascar ne seroit ni difficile, ni tres dispendieux pour Sa Majeste Imperiale et elle pourrait etre certaine que le tems qu’il faudrait pour le rendre florissant, et profitable, ne seroit pas long.

La France hors d’etat de voir de longtemp prosperer ses propres Colonies ne peut qu’etre flattee de voir cette auguste souveraine s’etablir pres de ses possessigns, et mettre un Frein a l’ambition des Anglais; [394] d’ailleurs d’apres les Bontes etonnantes de Sa Majeste pour les victimes de la revolution Francaise, la Cession des droits de la France sur Madagascar peut etre une base de l’alliance de ces deux puissances, et cette cession ne pourroit etre regarde que comme un foible hommage de la Reconnoissance que lui doivent tous les Francais.

Si Sa Majeste l’Imperatrice daigne jetter les yeux sur ce projet et qu’elle desire avoir des renseignemens sur l’Isle de Madagascar, sur sa position, ses productions, ses ports, sa population, et sur les moiens a emploier pour y former un etablissement, le Comte de la Serre est pret a donner sur ces differens objets les memoires les plus detailles pour Mettre Sa Majeste l’Imperatrice de toutes les Russies a portee de juger des avantages que son Empire pourroit retirer d’un Etablissement dans une Isle de l’Afrique avoisinant toutes les Contrees de l’Inde et de la Chine les plus commercantes.

ÖÃÀÄÀ, ô. Ãîñàðõèâ, ðàçð. XIX, ä. 328, ëë. 11-12 îá. Ïîäëèííèê.